Alain Soral, la pleureuse

Alain Soral, la pleureuse

On comprend facilement pourquoi Alain Soral a perdu ses cheveux si jeune. C’est sans nul doute pour avoir la coupe aérodynamique adéquate pour brasser du vent avec légèreté et venir torpiller le PAF avec sa mauvaise humeur bilieuse.

Comme Isabel Alonso ou Dieudonné, qu’il critique abondamment, le bon Soral, frère de sa soeur Agnès qui a tourné un film avec le fils Dutronc et qui fait " C’est mon choix " dès qu’il peut, continue à faire son sous-Marc-Edouard Nabe diabolisé, son artiste maudit. C’est comme cela qu’on devient un chef de bande, un meneur, surtout quand on joue les grands séducteurs, les misogynes, cela plaît toujours aux faibles, aux branleurs, aux frustrés sexuels et autres aigris. Celui qui combat le sectarisme en fait encore plus à aboyer pour sa meute de fidèles " underground " des bas-fonds de la littérature réactionnaire. Soral n’a de leçons à donner à personne.

Bien entendu, qu’il dit des vérités qui font parfois mouche et qui bousculent un peu le monde " Universal " de Jean-Marie Messier et de ses amis, mais il devient fatigant, le dragueur impénitent, avec sa verve mécanique et cadencée qui rappelle les meilleurs orateurs des partis d’extrême droite. Le communiste qu’il est devrait savoir qu’il n’a plus de rouge que le grotesque habit de clown agressif qu’il arbore à longueur d’émission. Un clown triste, presque pathétique, qui n’étonne plus ni ses amis ni ses adversaires. Soral est devenu terriblement attendu et prévisible, un bouffon dont on aurait presque pitié s’il ne crachait pas à la dernière minutes sur la main qu’on veut bien encore lui tendre, par compassion.

Soral est un animateur de télé, il vient faire son show rodé, tirer sur ses cibles émouvantes qu’il n’attaque plus par idéologie mais par esprit revanchard, par aigreur presque assumée. Il avait tout pour lui, l’Alain, une belle gueule, une carrure et un art de la dialectique hors norme, mais il a tout gâché à cause d’un foutu caractère et de deux ou trois choses traumatisantes de son enfance. Mais cela ne nous regarde pas, Alain, tu dis que tu n’as pas pour ambition de construire une oeuvre, et en cela on te donne entièrement raison. C’est terrible les acteurs ratés tout de même !

Allez, Alain, tu devrais écrire ton " Apologie de l’aigreur " dans une collection qui publie les vieux comiques plus du tout drôles. Je suis ton plus grand fan et je suivrais avec plaisir ton prochain one-man-show, où que tu ailles ! Alain, tu gâches ton talent, ta fantastique énergie, ton pouvoir de dire " non " mieux que de Gaulle et que l’enfant qui n’est pas loin du stade anal ; ne reste pas du côté obscur de la force, nous t’en supplions une dernière fois.

Ton destin n’est pas celui d’un gourou pour houellebecquiens, sois constructif, ravale ton fiel et viens manger le pain béni du libéralisme avec Alin Madelin et les autres, il y a même du Jean-Pierre Chevènement en toi, ce qui n’est pas le moindre des compliments. Cesse tes combats puériles contres les Chiennes de garde, tu as un destin national si tu le veux bien, ne t’enferme pas dans une caricature de toi-même, Achille Zavatta de la littérature !

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