Pour commencer, il est toujours là pour boire un
coup, ce qui m’est sympathique. J’étais encore avec
lui hier soir, en tournée estivale au Brusc(83)pour
les Nocturnes Littéraires 2006, et dès qu’il m’a
aperçu, il m’a hélé : "Eh poto, tu bois un coup ?". En
attendant l’heure prochaine d’aller signer nos livres,
il distillait longuement un verre de vin blanc en
compagnie de Bohringer, quant à lui à l’eau
définitivement. Moi, j’aurais dit que c’était l’heure
du pastis, mais j’ai finalement commandé un café...
Parce que le pastis, c’est meilleur quand on le
partage.

- Je picole peu en ce moment, a répondu Thierry à ma
question,juste je me permets quelques blancs... Il ne
se cache guère de ses problèmes récurrents avec
l’alcool, il en parle même dans ses livres, c’est
pourquoi je me permets d’aborder le sujet avec vous.
Et si je vous raconte tout ça, c’est pour vous dire
que Thierry est avant tout un être profondément
humain, comme je les aime, à savoir aussi fragile
qu’impudique. Et d’aucuns le trouvent frondeur, car
Thierry ne cherche pas à plaire.

Presque
chercherait-il à déplaire, pour trier les âmes sur le
volet, que ça ne m’étonnerait pas..., comme si
déplaire en notre société était un défi, doublé d’une
mort lente, à l’égal de l’alcool ou de la clope, un
suicide agréable au bûcher des vanités. La révolte
apporte un peu de baume au coeur à notre conscience
d’être mortel, je crois...

C’est en tout cas dans ce pot-là que l’on touille
l’encre noire des bons livres, il en existe encore,
riches de risques et de liberté. Car écrire un bon
livre, voilà une autre manière élégante de se
petit-suicider ! Une sérieuse présomption de ne pas
caresser son prochain dans le sens du poil, et qui
vous met déjà sur la défensive... La défensive est
très mal vue, il faudrait sourire et serrer des mains
toute la journée tel un député en campagne.

Thierry
peine à s’y compromettre, c’est là son moindre défaut.
Alors ce qui plaide en la faveur de mon pote Thierry,
ce sont bien ses livres, où il met ses tripes à nu, en
un hara-kiri littéraire qui l’a faché avec beaucoup de
monde à Paris. Car il n’hésite pas à balancer, comme
on dit ! Sur les people et tout, comme vous aimez !

Pour découvrir l’homme, moi je vous conseille
"Paris-Montréal Express", où l’on voyage dans sa tête,
découvrant ainsi les coulisses mondaines où il souffre
à tenir son rang (mais qu’il décrit avec un humour
sans pitié, pour lui ni pour personne, et beaucoup
d’estime pour quelques uns), ses horizons réels ou
artificiels, ses amours, la vie, quoi... Mais la vie
vue de l’intérieur d’une tête qui pense, parfois à
mal, mais toujours bien !

Si vous aimez les auteurs, lisez son superbe essai
"A la recherche de Richard Brautigan", un des rares
écrivains américains qui soient supportables et sur
les traces duquel Thierry est parti aux Etats-Unis. A
la recherche de Richard Brautigan et certainement
d’une part de lui même...

Si vous préférez les romans, apportez avec vous à la
plage "La levantine", idéal à commencer sur le sable
et à finir la nuit à la chandelle.

Si vous êtes curieux d’entendre sa voix pour vous
faire une opinion de quelqu’un, donnez-vous la peine
de trouver l’album de Thierry "Tu seras comme le
ciel", qui a malheureusement connu un succès surtout
québécois. Ne vous fiez pas au titre qui peut paraître
gnangnan, vous écouterez quelques unes des plus belles
chansons que vous ayez entendues depuis longtemps.

Voilà ce que je pouvais vous dire de Thierry, vite
fait. Et puis si vous passez par-là, venez nous faire
coucou aux Nocturnes Littéraires, y a pas que nous, y
a plein d’auteurs sympas, de ville en ville telle une
cravane. Nous serons encore le soir du 10 aout aux
Sablettes(La-Seyne-Sur-Mer), le 11 à
Bormes-Les-Mimosas, le 12 au Castellet et le 13 à
Cassis.

http://www.thierrysechan.com