Utopie ouvrière du progrès boursier

Utopie ouvrière du progrès boursier

La bourse représente la valeur actuelle (par opposition à valeur nominale) d’une partie de l’outil de production, constituée par ses éléments les plus gros, et ses plus grands agglomérats.

Parmi les contraintes opposées au travail (et à ses avatars que sont talent, génie, savoir-faire), le besoin d’un outil de travail en est un primordial. La possession de l’outil de travail par une minorité est un frein, de par la loi du marché, à la répartition de la valeur ajoutée au plus grand nombre. Le travailleur est dépendant du bon vouloir du décisionnaire (parce que propriétaire c’est dépassé, et impropre à la bourse) de l’outil.

Lorsque la valeur actuelle de l’outil augmente, la quantité de travail rémunéré nécessaire à l’acquisition de droits sur l’outil augmente, sans que la productivité de l’outil en soit affectée. On suppose que dans la plupart des cas, un lien subsiste entre valeur actuelle et espérance de rémunération des titres à court ou long terme (plus-value et/ou dividendes).

Par contre, ce lien est absent entre la valeur actuelle de l’outil et la rémunération du facteur travail, laquelle est presque toujours dépendante du marché du travail, selon le critère de l’offre et de la demande de facteur travail pour le plus grand nombre (régulé par le SMIC) et selon l’offre et la demande de savoir-faire pour le plus petit nombre (emplois mieux rémunérés). Donc l’augmentation de la bourse est synonyme de distanciation entre la rémunération du travail et l’accès aux décisions liées à la production.

Or, comme le prouve les CE, l’accès aux décisions de l’entreprise (même lorsqu’il se limite à un droit d’information) est déjà un puissant contre-pouvoir. Je suis donc en faveur d’une politique qui favorise, voir qui impose, la diffusion de ce contre-pouvoir.

Mais cela pose le problème de l’aléa financier : jamais un patrimoine vulgaire (financé par un SMIC) n’aura l’ampleur suffisante pour s’assurer contre les mouvements de bourses. Mais cet accès à l’outil ne doit pas revêtir le caractère d’épargne, car ce n’en est pas un. En fait, cela va s’inscrire dans l’histoire sociale...

Les ouvriers ont commencé par habiter chez le patron. On ne parlait pas d’esclavage, mais le conflit avec le chef signifiait mourir de faim avec toute sa famille dans la rue. Il a fallu des lois pour dissocier bail et contrat de travail, puis des conditions économiques, sociales et légales pour que petit à petit, un nombre plus grand d’ouvriers accède à la propriété et en fasse profiter sa descendance.

Un jour, lorsque l’ouvrier a résolu ses besoins physiologiques (pyramide de Maslow) il pourra s’attaquer à sa sécurité, et acheter, pierre par pierre, son outil. Et là aussi, il faudra des lois et un cadre social et économique.