Conversations sur la guerre : de l’histoire et de son enseignement (3/3)

Conversations sur la guerre : de l'histoire et de son enseignement (3/3)

(..)Il y a nombre de pays dans les restes du monde où une intervention occidentale aurait pu être applaudie par la population, ainsi que le prédisaient de piteux spécialistes soi-disant intellectuels qui reviendraient de l’Irak, des crasses qui vous replongent dans la désespérance parce que vous vous dites alors : si ces nations délèguent leur intelligence à des cerveaux aussi creux, par quel mécanisme les vôtres arrivent-elles à en faire des mandarins ?

Ceux qui prétendent connaître le monde et se targuent de pouvoir l’expliquer, bien souvent, ignorent les langues du monde, n’ont jamais vécu la proximité avec des gens du monde qui pratiquent une autre manière de s’éduquer, de voir, de concevoir, que la leur. Ainsi, on a pu simplifier l’Irak en Sunnites, Chiites et Kurdes dont les uns seraient favorables au dictateur et les autres aux libérateurs. On ne peut d’ailleurs pas s’avancer plus. La pratique d’une seule langue, l’éducation nationale et l’enseignement de l’histoire ont déjà nivelé, par le bas et pour longtemps, les possibilités cérébrales, tendance dont on se félicite d’ailleurs de l’expansion et à laquelle se prêtent de nombreux singes des restes du monde.

Manquant d’imagination, de légitimité et de stratagème, des cadres des restes du monde ont compris depuis longtemps qu’il suffit de se déclarer de l’opposition au pouvoir de leur pays, même si celui-ci est installé par l’Occident dont il est au service, pour se voir accorder un crédit dans les masses occidentales. Dans tous les cas, ces individus ne représentent que leur propre ombre et on comprend qu’ils ne puissent accéder au pouvoir que par un coup d’État dont ils demeurent incapables. Ce sont des candidats à la singerie qui sont au moins plus malins que les masses occidentales et que les pouvoirs occidentaux encouragent comme des pièces de rechange dans leur réserve. Ce sont ces pouvoirs qui les installeront, forts de leur incapacité, donc de leur dévouement acquis à l’avance.

Même les artistes connaissent le procédé, qui se placent quand ils n’ont plus rien à exprimer. Il suffit de déclarer que sa vie est en danger après un pamphlet fort approximatif contre certaines religions ou certains hommes d’État pour être accueilli en héros dans ces milieux, là où le peuple que vous prétendez défendre vous ignore totalement et, quand il vous connaît, n’a jamais été confronté qu’à votre indignité, votre soif de reconnaissance, votre paresse. Mais vous êtes accueilli en Occident grâce à la naïveté de la masse et au calcul du pouvoir qui vous tient comme une pièce de rechange pouvant servir un jour à justifier une intervention armée par des textes qu’on vous fera signer et qui constitueront les références de l’histoire qu’on enseigne. On connaît la méthode. On y a été déjà confronté. On a subi, pour la plupart, l’examen initial du texte à signer et qui est la marque de votre dévouement. Ceux qui ont refusé savent ce que je sais. Mais tous ceux qui ont accepté n’ont pas été élus.

Dans la vérité, les vrais opposants, encore que cette qualité ne signifie pas une raison absolue, demeurent sur place, ont une légitimité reconnue, travaillent avec leur peuple pour changer ce qu’ils estiment médiocre.