Attention, le trop de pacifisme est dangereux pour la santé mondiale !

Attention, le trop de pacifisme est dangereux pour la santé mondiale !

Autant les grandes manifestations contre l’éventualité d’un second conflit dans le Golfe avant que ce dernier n’ait commencé, avaient toute leur utilité, autant ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui. Pire, ce pacifisme de circonstance peine chez une petite partie des manifestants, à cacher un anti-américanisme forcené doublé d’un antisémitisme profondément nauséabond.

Avant que le président George Walker Bush ne décide de l’entrée en armes de ses troupes, il était tout à l’honneur des opinions publiques de montrer bruyamment leur désapprobation face à une telle perspective. Tout d’abord parce que la Maison Blanche et le Pentagone avaient été strictement incapables de justifier la nécessité d’une attaque contre l’Irak, démontrant, qui plus est, une maladresse et une arrogance des plus détestables vis à vis de leurs partenaires sur la scène internationale. Ensuite, parce qu’au contraire de ce que prévoyaient les théoriciens néo-conservateurs, les militaires étaient largement plus prudents quant au profil d’une victoire rapide où les soldats US auraient été accueillis comme des libérateurs.

Enfin, on ne pouvait que craindre les conséquences sur une région connue aussi bien pour sa fragilité que pour son instabilité (effet amplifié au fur et à mesure des jours selon les priorités que l’administration républicaine avançait pour combler ses élans bellicistes. Ainsi, du désarmement de l’Irak, nous étions passés à la destitution de Saddam Hussein pour aboutir au remodelage du Proche et Moyen-Orient).
Malheureusement, ce mouvement de masse n’a pas fait infléchir l’autisme idéologique de nos droitistes américains, déjà peu enclins à écouter les arguments de pays tels que la France, la Russie ou l’Allemagne.
De ce fait, la diplomatie est arrivée à son terme pour que retentisse le bruit des bombes sur Bagdad.
Une fois la guerre entérinée, il faut prendre en compte toutes les données qu’elle implique. S’il est loin d’être interdit de continuer à critiquer virulemment les options dangereuses de l’actuelle administration US (notamment l’idée de vouloir imposer la démocratie par la force) et de remettre en cause leur néfaste politique dans la région (de l’embargo criminel qu’ont subi les irakiens pendant 12 ans aux alliances fluctuantes conclues selon différents paramètres, se servant de la faiblesse du monde arabe pour en faire un champ d’expérimentation aux résultats rarement positifs), il convient pourtant, entre deux maux, de choisir le moins pire.

Or, les pacifistes se trompent en de multiples domaines. Leur rancoeur contre les Etats-Unis les pousse à saluer la résistance irakienne contre "l’envahisseur". Tragique erreur. Si le nationalisme irakien n’est pas une chimère, cette "résistance" trouve surtout son explication par le fait que la population civile n’a pas le choix, étant encadrée par les hommes de Saddam Hussein (ce qui ferait mieux d’être clairement explicité par certains médias). De plus, les chiites du sud n’ont certainement pas oublié qu’ils avaient été lâchés en 91 par l’administration de Bush père quand ils s’étaient soulevés contre le régime baasiste.

Dans le même état d’esprit, il n’est pas convenable de mettre sur un plan égal un dictateur qui n’a eu de cesse d’opprimer son peuple et le président d’une force démocratique (malgré l’antipathie que l’on peut légitimement nourrir à son encontre). Le boucher de Bagdad ne s’est d’ailleurs pas gêné pour manipuler cette équation à son profit.
Cette représentation est d’autant plus grave qu’elle influe sur la rue arabe. Si le conflit s’éternise, Saddam Hussein aura gagné son statut de martyr et risque de devenir un bien mauvais modèle pour les puissances régionales qui l’entourent. Or, à choisir entre l’incompétence crasse et la terrible corruption des dirigeants saoudiens, égyptiens, etc. et une figure laique psalmodiant pour son propre intérêt l’épouvantail d’un islamisme pur et dur, autant se reporter, faute de mieux (dans la situation actuelle) sur la première solution. Si d’une quelconque manière que ce soit, cette guerre était vue comme une victoire du pouvoir irakien, ce serait un formidable retour en arrière pour cette partie du monde qui n’en a franchement pas besoin.
Quant à arrêter les opérations militaires comme le réclament nos amis de la paix, c’est non seulement irréaliste mais amènerait de facto à la victoire que j’exposais auparavant.
De même, plus ce conflit durera, plus s’avancera le spectre de la récession économique mondiale, plus le nombre de victimes s’aggravera et plus s’imposera le choc des civilisations.

Il est primordial de rester vigilant quant aux plans très douteux que l’administration Bush tient à perforer au Proche et Moyen-Orient et on ne répétera jamais assez combien il serait temps que l’Union Européenne se prémunisse d’une politique étrangère commune, forte et indépendante, pour faire contre-poids au risible jeu d’apprentis sorciers US mais une victoire rapide de la coalition anglo-américaine est vitale, ne serait-ce que pour limiter la casse.
Les premiers comptables de cette affaire, ce sont les thuriféraires qui ont déclenché cette guerre.

L’après-conflit promet suffisament de lendemains difficiles pour éviter de rentrer dès aujourd’hui dans une douloureuse radicalité.