Le Panthéon décousu de Yann Moix

Le Panthéon décousu de Yann Moix

Yann Moix, puisqu’il ne sort malheureusement pas de film comique cette année, commet une fois de plus, un livre sur son nombril.

Pour cette rentrée littéraire de septembre 2006, Yann Moix, après avoir disserté sur son caca, sa cloclomania, sa cristallisation amoureuse autour d’une beurette, nous sort de ses tiroirs prolixes - qui préfèreront toujours la quantité à la plus pure qualité littéraire ouverte sur le monde - un cadeau étourdissant, une offrande belle et historique en nous bassinant avec la description lourdingue de son panthéon personnel qu’il va essayer de nous faire partager avec le laborieux qu’on lui connaît.

Souriez, ce coup-ci, Yann Moix nous fait une mitterandite aigüe, et met en parallèle son extraordinaire vie de fils de ses parents dans l’Orléanais avec le fabuleux destin de l’ancien Président de la République. Il se prend à rêver le petit gars en se disant qu’un jour, lui aussi, il aura du succès dans la vie même s’il a un physique moyen et peu de cartes dans ses mains grasses.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le petit Yann frisé et bouboule, rejeté par les filles jolies de son école, soutient la comparaison. En 1981 par exemple, Mitterrand est le premier des Français et Yann, 13 ans, se prend des râteaux avec des petites paysannes car il est sale et qu’il a un air inquiétant dans l’œil. Voilà des événements qui créent la légende, qui font l’armature des grands (Giscard ?) destins...

L’adoration d’un ver de terre pour une étoile, le vilain petit canard devient le réalisateur, écrivain pigiste à VSD et Voici, le plus drôle de la place de Paris, c’est un peu le parcours haletant d’un Moix qui attise la jalousie et l’aigreur. Comment ne pas vouloir à la fin de ce livre être Moix plutôt que Mitterrand, Yann plutôt que François, metteur en scène de fausses Claudettes plutôt que grand chef d’état qui abolit les injustices sociales ?

Moix a des idées, un sacré toupet, une fausse assurance qui cache mal un complexe d’infériorité rare, mais il lui manque une chose absolument indispensable à tous ceux qui rêvent d’embrasser la carrière de la plume : LA SINCERITE.
Pas l’ombre de l’esquisse de cette chose-là dans ce panthéon si décousu qu’on lui voit le trou du cul.

Autocélébration narcissique faible et ringarde diablement prétentieuse, le Panthéon est un cimetière fantomatique bercé par le vent des vacuités. Moix court après ses idoles pour se sentir moins seul et finit sur le carreau.

Son "name dropping" ne sert à rien sinon à affaiblir son discours ; Yann Moix, en cherchant la figure de Mitterrand pour ne pas se sentir seul sur la photo, commet l’erreur de trop.

L’ensemble est pathétique, Moix souffre dramatiquement de la comparaison... la prochaine fois on lui conseillera de se faire prendre (en pleine focale) avec Casimir, un héros beaucoup plus à sa portée référentielle.

Panthéon, Yann Moix, Editions Grasset, sortie le 1er Septembre 2006

Panthéon, Yann Moix, Editions Grasset, sortie le 1er Septembre 2006