Interview : Gilles Ascaride

Interview : Gilles Ascaride

L’homme et l’écrivain en son entier sont dans cet
homme et cet écrivain là, avec son bon fond et son
sale caractère, son talent rare et sa dérision, la
mégalo et la modestie qui vont de paire, un rien de
parano, beaucoup d’indulgence, une plume acerbe autant
que généreuse et toujours coupable d’un mot gentil
pour ses amis comme pour ses ennemis, avant de se
cacher derrière une méchanceté innocente !

Cette e-terview lui ressemble assez pour que vous le
découvriez si ce n’est fait, avant de vous plonger
dans la littérature véritable de Gilles Ascaride.

Tu es le plus célèbre des Ascaride, ce n’est pas trop
dur à supporter pour les autres ?

Tu me connais : tout en doigté. Je fais de mon mieux pour qu’ils ne se sentent ni humiliés, ni amoindris. Bien sûr ce n’est pas facile. Néanmoins je pense qu’un jour ils auront leur chance.

Je te tiens pour un écrivain des plus inconvenus,
génial, drôle et accessible ! T’as une érection, là ?

Pourquoi une seule ? Henri IV disait "Jusqu’à trente ans, j’ai cru que c’était un os !". Suivons jusqu’à la mort l’exemple du roi exemplaire.

Mais tu vends rien ou si peu, hélas... Quand t’entends le mot culture, tu sors ta bite ou ton révolver ?

D’où tu sors que je ne vends rien ? Avec quoi j’aurais renouvelé récemment ma collection complète des aventures de Placid et Muzo ? Ah !? Et j’aimerais tant entendre le mot culture...au moins de temps en temps. Mais ça se fait rare ! Y compris dans les salons du livre.

Quant à sortir ma bite, bien des dames te diront qu’il suffit de demander gentiment. Le revolver...c’est une autre histoire.


Dis-nous ce que devrait être la littérature ?

Qui, moi ?? Tu es fou ?

A qui la faute, aux lecteurs, aux éditeurs, aux auteurs
 ?(gifler la mention inutile)

Quelle faute ? Ce n’est pas une faute, c’est quelque chose qui ressemblerait plutôt à un désastre. Bien des auteurs sont en effet à gifler (mais comme tu n’as pas joint le chèque je dis pas les noms), encore plus d’éditeurs.

Quant aux lecteurs, peux-tu leur expliquer que quand ils n’achètent pas mes livres ils font pleurer le petit Jésus ?

Quand tu n’écris pas tes livres comme des pavés dans la gueule, tu es un universitaire reconnu qui persiste à croire que l’on peut former la jeunesse à un monde plus beau ! Est-ce bien sérieux ?

Que l’on peut former la jeunesse ? C’est très sérieux. Pour le monde plus beau tu comprendras que je garde un total silence. Comme disent les Italiens "In bocca chiusa non intra maï mosca" (en bouche close jamais n’entra mouche)

Tes deux moitiés s’entendent bien ? (Je pose d’abord la question à l’auteur)

Le sociologue besogneux me fait un peu de la peine.
Tant de travail pour rien !

Tes deux moitiés s’entendent bien ? ( je pose la question au sociologue, à présent)

Le romancier fiévreux a toute ma compassion. Tant de travail pour rien !

Nous avons en commun le goût des murs de chiottes... Quelle est ta poésie de merde préférée ?

La plus classique, car j’aime ce qui est connu de tous.
"Chiez dur, chiez mou. Mais chiez dans le trou"

Tu viens de sortir un brûlot sur ta bonne ville d’Aix
( L’excessive enquête aixoise, NDLR), "Attention centre-ville" s’adressait à Marseille... , tu crois pas qu’ils auraient besoin que tu viennes faire un petit tour à Paris ?

D’abord c’est pas du tout un brûlot ! Je m’insurge ! (Tié con ou quoi ? Tu vois pas que la mairesse elle lise ça et qu’elle m’envoie le commando sauvage pour me ratatiner ? Oh ! Jobard !)
Sur Paris on a tout dit : ce sera toujours Paris, c’est une blonde, je t’aime... Et puis j’ai pas encore fini de raser les Bouches du Rhône. Il faut du temps !


A part moi qui suis ton idole, ce dont je me flatte, quels sont tes frères, voire tes amis, en littérature ?

Ceux qui me lisent, m’achètent, me louent et m’invitent dans les manifestations littéraires. Autant dire que j’ai peu d’amis.


Connaissais-tu Frédéric Vignale avant que je te propose de t’eterviewer pour son Mague ?

Tu plaisantes ? On allait au patronage ensemble !

BIBLIOGRAPHIE, mon z’ami ?

Je n’indique que les plus récents :

"Dernière histoire du monde". Folies d’encre 2006 (à paraître en septembre)

"Rencontre avec mon beau-frère". Editions de l’Amandier (2006)

"L’excessive enquête aixoise". L’écailler. 2006

"Amours modernes" Folies d’encre . 2005

"Attention centre-ville" L’écailler 2005

"Un roi à Marseille" Léo Scheer 2003

"Je n’écrirai pas de roman" Le Reflet 2003