Interview de Fred Romano, la dernière compagne de Coluche

Interview de Fred Romano, la dernière compagne de Coluche

Il y a déjà vingt ans disparaissait le plus irremplaçable de nos humoristes, les télés nous ressort ses sketchs les plus cultes, mais vus et revus. Les journaux interrogent toujours les mêmes amis qui nous racontent toujours les mêmes histoires... Pourtant il existe une personne à qui aucun média ne demande son avis, et pourtant elle fut l’un des derniers grands amours de Coluche. Elle a vécu une folle et douloureuse liaison avec lui faite de déchirements et de retrouvailles dans un univers où la drogue était omniprésente.

Fred Romano, dite la grande Fred, raconte cette période tumultueuse de sa vie dans un roman intitulé "Le film pornographique le moins cher du monde" (Edition Pauvert), sorti il depuis déjà quelques temps. Comme nos confrères de la télévision sont trop frileux pour la recevoir sur leur plateau de peur de certaines révélations, c’est dans nos pages qu’elle se confie :

La première constatation à la lecture de ton livre, c’est que Coluche et toi étiez constamment défoncés à la cocaïne et aux pétards, c’était pour détrôner Philippe Léotard ?

Non, ce n’était pas constamment, on ne passait pas nos journées à ça, c’était une constante dans notre vie plus précisément, il faut dire qu’il y en avait à tous les coins de rue et quand il n’y en avait plus il y en avait encore ! C’est des gens qui se chargeaient d’en apporter, mais on n’en prenait pas à chaque seconde de notre vie. La drogue est très présente dans ce livre mais je ne parle pas que de ça....

Exact, tu parles aussi de cinéma et on apprend que tu as refusé de tenir le rôle de la punkette de "Tchao Pantin", n’importe quelle actrice aurait accepté, tu ne le regrettes pas aujourd’hui ?

Absolument pas, j’en suis même très fière, c’est Coluche qui m’avait proposé ce rôle, c’était pas une proposition officielle, mon refus avait été motivé par la très mauvaise adaptation qui avait été faite de cet excellent livre, ils avaient introduit un côté œdipien dans ce personnage qui m’avait énervé.

C’était d’ailleurs la raison invoquée à Coluche : "...Tu n’as qu’a proposer ce rôle à une greluche au regard de veau pour jouer cette victime œdipienne." C’est pas flatteur pour Agnès Soral ?

Je ne pensais pas du tout à Agnès Soral en disant cela, ça décrit surtout un moment de crise où j’étais énervée, j’ai d’ailleurs fait un portrait assez flatteur d’Agnès Soral dans mon bouquin qui prouve tout le respect que j’aie pour elle, j’estime même qu’elle s’en est bien tirée de ce rôle qui n’était pas un cadeau. Mais je pense que ce rôle n’a pas été très bon pour le reste de sa carrière, ça l’a trop catalogué.

Tu as gardé des amis parmi toutes les stars qui défilaient chez Coluche à cette époque ?

Je n’ai gardé aucun contact de cette période, tout le monde était mon ami quand j’étais avec Michel et dès notre séparation il n’y avait plus personne !!

Tu as quand même fait des rencontres intéressantes telles que celle de l’excellent Reiser ?

Reiser était quelqu’un d’extraordinaire, humainement parlant sans tenir compte de son talent qui était immense, il était extrêmement émouvant et d’un courage incroyable, à cette époque il se battait contre sa maladie et sa m’arrachait le cœur de le voir partir de cette façon en petits morceaux, il avait un regard d’enfant émerveillé que je n’oublierai jamais.

J’imagine qu’il y avait de nombreux pique-assiettes et de faux culs rue Gazan ?

Il y a eu énormément de gens infréquentables du show-biz qui sont passé chez Coluche, mais je ne suis pas là pour donner des noms, ensuite il est mort et de nombreuses stars se sont déclarés êtres ses grands amis alors qu’ils ne l’ont fréquenté qu’une heure ou un mois.

Sa maison a même été incrustée par les renseignements généraux, qui s’intéressaient de près à la cocaïne qui circulait dans ces fameuses soirées, ça devait être stressant ?

C’est une pratique très courante de l’état français de surveiller les artistes, ce sont des gens dangereux ! Tu imagines bien que par la suite il était sur ses gardes...

Coluche a été invité à bouffer avec Mitterrand, devant lequel tu as allumé un joint, il a tiré dessus ?

(rire) Non ! Il a eu moins de courage que Clinton qui fumait des joins sans avaler la fumée ! (alors que ça secrétaire oui ! ndlr) Si j’ai roulé ce joint c’est parce que j’avais la nette impression que Mitterrand se foutait royalement de la gueule de Michel, et je l’ai provoqué car je ne supporte pas qu’on se foute de la gueule de mon mec. Michel m’en a voulu par la suite, il pensait que j’avais foutu en l’air ce rendez-vous important pour lui qui devait consister à mettre en place ce qui est devenu aujourd’hui Les Restos Du Coeur...

Pour en revenir au cinéma, le tournage de "Deux heures moins le quart avant J.C" t’a laissé un mauvais souvenir à en croire ton bouquin ?

C’est un souvenir à mourir de rire tellement c’était pathétique ! C’était un film comique sur le cinéma français, c’était une parabole fantastique ! Cette ambition pharaonique en Tunisie avec des Français, ça avait un côté franchement comique... J’avais énormément d’admiration pour Jean Yann, c’était un provocateur formidable, mais cette période de sa vie n’est vraiment pas la meilleure, heureusement il s’est ensuite remis à niveau.

Le tournage de "Tchao Pantin" était également difficile, il se déroulait Porte De La Chapelle, un quartier très chaud de Paris ?

Ce quartier c’était une véritable poudrière, dans tous les sens du terme ! (rire) C’était très dangereux, des bagarres de rues continuelles, c’était explosif !

Tu cites de nombreuses personnes en donnant leur prénom et l’initial de leur nom de famille, mais on devine immédiatement de qui il s’agit, comme pour cette Carole B, belle et célèbre actrice française ayant vécu avec un Obélix et chez qui tu as pris de l’opium, pourquoi ne pas citer directement la personne ? C’est le bouquet !!

C’est mon avocat qui m’a conseillé de faire ça. Pour l’instant personne ne m’a contacté, aucun homme en robe n’ai venu à ma rencontre lors de mon séjour à Paris, à part quelques travestis !

Il n’y a aucun doute sur l’identité de ce Claude B réalisateur de "Tchao Pantin" qui offre de la coke à tous le monde pour fêter la fin du tournage de son film, c’est bien Claude Berry ? Tu n’as pas peur qu’il te fasse un procès ?

Et alors ? Comme si tu ne savais pas, sincèrement il n’est pas en mesure de se retourner contre moi, je l’attends... Il avait acheté cinquante grammes de coke pour moins d’une brique, une bonne affaire, qu’il réservait pour le banquet de fin de tournage, et c’était la queue dans l’escalier le soir de la distribution...

Malgré toutes ces sulfureuses révélations aucune émission de télé ne t’a contacté pour en parler, même les grandes gueules genre Ardisson ou Fogiel ?

Aucune, à part PPDA bizarrement, je suis pour ainsi dire interdite d’antenne, censurée par des personnalités internes aux médias. Ils ont peur de remuer le passé de Coluche et d’avoir à mettre à jour des sujets délicats qui en dérangent plus d’un...

Il y a une seule personne dans ton livre dont je n’ai pas réussi à trouver l’identité "Pierre, un intellectuel enfant chéri des salles de rédaction" qui venait uniquement chez Coluche pour prendre de la coke, et à qui un jour Coluche a réussi à lui faire sniffer de la farine ! Qui est cet homme ?

Ca je ne vais pas te le dire ! (éclat de rire) Cette réponse intrigue tous le monde ! Seulement deux personnes ont su de qui il s’agissait, mais je ne peux vraiment pas te dire son nom.....

Dommage... Ta relation avec Coluche était quand même malsaine, il te trompait ouvertement avec Choupette, ta meilleure amie, et toi tu acceptais ça ?

C’était ma meilleure amie et mon mec, elle avait aussi été mon amante, ce que je trouvais dégueulasse c’est qu’elle ne veuille pas qu’on fasse un truc à trois, ça aurait été sympa, convivial...(rire) Je suis jalouse mais contre la propriété des corps, j’acceptais donc. Après notre séparation j’ai continué à revoir Coluche mais c’était fini...

Tu t’es fait avorter d’un enfant que tu attendais de Coluche, tu le regrette aujourd’hui ?

Bien sûr... Mais aujourd’hui je n’ai toujours pas d’enfant, ça m’est pratiquement impossible, j’étais incapable à cette époque d’expliquer mon geste à Michel, c’était trop compliqué, je n’ai jamais parlé à personne de ce traumatisme que j’ai subi dans mon adolescence avant ce livre. (NDRL : elle fut violée à l’âge de quinze ans et s’avorta elle-même.)

Penses-tu que le jour de son accident de moto Coluche était défoncé, ce qui aurait provoqué ce drame ?

Je n’ai jamais su trop quoi penser de cet accident, ce qui est certain c’est qu’il était en pleine préparation d’un spectacle explosif, les bandes étaient enregistrées et elles ont disparu comme par miracle après l’accident, j’aurais aimé savoir ce que contenaient ces bandes....

Le Blog de Fred Romano

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