Biolay, une très jolie couleur musicale !

Biolay, une très jolie couleur musicale !

Il y a du Serge Gainsbourg chez Biolay, « Chaise à Tokyo » en est la plus belle preuve mais il n’y a pas que ça qui me permet de l’affirmer. C’est tout un style. Un travail acharné dans l’élaboration. Cela transpire le made in France sixties du Gainsbarre. « Négatif » est l’ensemble de petites choses qui font d’un espoir une confirmation. Dans un chœur qui s’affirme femme, dans un cœur qui susurre quelques mots d’amour-haine sur « Je ne t’ai pas aimé », Chiara Mastroianni vient rappeler deux initiales B.B si cher au vieux soûlaud.

Tout dans l’album sonne comme un concept album mis à l’envers. La voix s’est affirmée, le style est ancien mais l’électronique peut venir prendre place dans la ronde musicale car Benjamin Biolay est bien quelqu’un de notre temps… mais rien ne lui sert de le montrer trop vite.

C’est par petites touches, en impressionniste, qu’il désire dénuder son tableau final. Un album sonnant country avec de vieilles guitares blues, cordes de vieilles bandes originales de films du ciné-club, il traque le moindre détail pour arrondir les angles et en faire des chemins pavés vers le futur. Toujours sur un fil, il tisse, en grand auteur, une toile géante où viennent s’emprisonner tous les mots pour en faire des chansons comme cette « Chère inconnue » si belle et si fragile à la fois. Aidé d’un sample sur « little darlin’ » datant de 1928, Biolay aime se transformer en magicien du son.

Plus sombre et angoissé que « Rose Kennedy », « Négatif » joue avec nos nerfs et nos croyances, avec l’histoire de la musique française et s’en va mourir dans un coin, prolongé par quelques soubresauts d’instrumentaux avant l’échappatoire final. Chanteur adulé, compositeur inégalé, producteur demandé et mari comblé, voilà la recette magique pour faire un album parfait.

BENJAMIN BIOLAY : Négatif, Virgin.

BENJAMIN BIOLAY : Négatif, Virgin.