Daniel parce qu’il le Prévost bien !

Daniel parce qu'il le Prévost bien !

En ces temps de guerre Daniel Prévost sort un livre important, essentiel, un rendez-vous obligé pour chaque « lecteur-citoyen », un hommage appuyé au peuple, inventant en ce sens de manière exemplaire et déontologique le « Real Bouquin ».

Un concept courageux, audacieux, un rien poujadiste, mais ô combien généreux et ouvert sur les autres ; ces inconnus du quotidien qu’il est le seul à fêter, à nommer, à valoriser.
Alors que « La vie lui a tout donné, tout ce qu’il avait désiré » pour reprendre une chanson de Roch Voisine, alors qu’il est riche et puissant, alors qu’il est un des plus grands acteurs du siècle, un homme bien fait de sa personne éminemment drôle et un des personnages célèbre les plus adulés de France, Daniel Prévost a décidé de nous parler de son plombier, de son infirmière (madame Demerge), de son masseur (…)

A travers deux cent vingt et une pensées numérotées scrupuleusement il se veut inutile et nécessaire à la fois, comme le disait Ionesco à propos des poètes.
Pendant que d’autres stars françaises parlent de leur bistoukette ou de leur ego, Prévost nous dissèque l’existence de héros anonymes de la vie de tous les jours, mettant en branle le système, nous indiquant le chemin de la vérité. Oui Daniel le charismatique de Panama aurait pu être un gourou mais il n’a pas le temps, il doit faire les courses pour nourrir son foyer. (faut pas déconner, merde !)

Ainsi le plus grand peintre de tous les temps n’est pas Picasso ou Chagall, mais Raymond Tombelli, le patron d’une entreprise de peinture et de ravalement à Clichy. C’est Daniel qui le révèle et il a l’œil.

Alors que les vieilles idéologies meurent (Madame Debarge, 91 ans hier) Daniel Prévost dit tout haut ce que tout un quartier pense tout bas, il est prêt à refaire le monde après un bon barbecue de Merguez sans oublier d’acheter du pain.
On aurait tort de trouver tout cela facile ou démagogue. Daniel Prévost prend des risques pour aller au bout de ses convictions, il ose être à contre courant en prenant des propres risques pour sa précieuse vie « J’accuse la mort de faux et d’usage de faux ». Il fallait un grand homme pour aller au front des idées reçues et la France a décidé d’envoyer Daniel, le téméraire jongleur des maux.
Daniel Prévost nous conte un microcosme où Flaubert est un gardien de parking, où il revisite l’histoire littéraire avec un aplomb et une verve remarquables, cassant entre autres certaines impossibles et prétentieuses certitudes d’Arthur Rimbaud. (na !)

Daniel Prévost salue la France d’en bas, celle des supermarchés, des vigiles en bleu et des chiens policiers avec un style mordant, lunaire, surréaliste et décalé. On en redemande tant cet homme-là panse nos plaies quotidiennes avec trois fois rien et fait mouche, alouette, pingouin et sauterelle.

Oui, je vous le dis mes amis, le bouquin de Prévost devrait être disponible dans toutes les bonnes pharmacies de garde (pas son sérieux)

Daniel Prévost est incontournable et dans « incontournable », il y a « incontournable (lire le livre pour la comprendre celle-là)

Non ! la page 15 ("cette page est destinée à être déchirée") n’est pas la pensée la plus radicale du livre, mais bien la plus légère et aérienne. En tout cas, elle n’est pas vide de sens, mais surréaliste comme son auteur.

« Si quelqu’un pense être plus drôle que moi, je lui laisse place » dit-il avec la modestie qu’on lui connaît à la pensée quatre vingt douze. Silence de mort dans la salle. Aucun bras levé.

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"Les pensées de Daniel Prévost", Cherche Midi, 2003, 174 pages, 13 euros.

"Les pensées de Daniel Prévost", Cherche Midi, 2003, 174 pages, 13 euros.