1. Bonjour Emmanuel Galante, j’ai découvert votre travail, il y a peu, par l’entremise de votre ravissante soeur Muriel et je dois dire que j’aime beaucoup votre regard sur les êtres et les lieux. Vous vous présentez comme faiseur d’images... pourquoi cette appellation poétique plutôt que celle plus commune de "photographe" ?

Par honnêteté, répondrais-je spontanément.......
Le faiseur d’images, malgré la résonance poétique du terme, serait plutôt associé dans mon esprit, à une dimension plus "roots " que celle du photographe.
De celui-ci, on attend qu’il soit inspiré, porté par une imagination créative, par une vision forte, bref qu’il soit un artiste, et que son œuvre intemporelle suscite à jamais l’émotion.

Le faiseur d’images, quant à lui, est beaucoup plus "peinard", son objectif premier étant de contrôler une image (Composition, lumière, etc....) et de la réaliser.
Il est en une relation directe avec ce qu’il photographie.
Par ailleurs, il peut être simplement celui qui sert le Système ou bien, dans une version plus dynamique, celui qui utilise son savoir-faire pour se servir du Système.
(Le plus souvent, il navigue entre les deux....)

Ceci constitue donc une première réponse.

Mais je pourrais aussi vous dire que je suis trop épris du sens de ma propre liberté pour me perdre dans la " foule des photographes ".
Alors, autant se démarquer...Et laisser les coureurs courir...

2. Comment est arrivée la photographie dans votre vie ?

Je vivais à New York, j’étais jeune, amoureux, plein d’envie de vivre et me contentant du tout venant......
Au cours d’une de ces journées paisibles et ensoleillées dont New York a le secret, je reçus un courrier de ma mère et de ma sœur, me proposant avec habileté et gentillesse, d’en finir avec cette vie de "vagabond mondial", que j’avais, dans mes fantasmes enfantins, imaginée pour mes vieux jours.
Je venais de voir le film "Blow up " de Michelangelo Antonioni, cela m’avait bien plu.
Je fus un bon fils, je décidais donc de rentrer au bercail et de faire le photographe.

Je dois dire qu’à ce jour, je remercie la providence de ne pas avoir visionné « le boucher » de Claude Chabrol, à la veille de cette grande décision......
Avec tout le respect que je dois à cette profession, elle n’en est pas moins, trop sanguinolente pour moi.

3. Vous avez tout de même un beau métier, il doit y avoir des choses plus pénibles dans ce bas monde que de faire une séance de shooting avec la très belle comédienne Ingrid Chauvin non ?

C’est exact, de mon point de vue, c’est infiniment moins pénible, que la petite vérole quand elle s’est abattue sur le bas clergé Breton et je prends plus de plaisir à photographier de "somptueuses" Ingrid Chauvin.

4. Votre photo sur Maigret qui illustrait une couverture de Télérama est très troublante et cinématographique, est-ce qu’un bon photographe n’est pas souvent un fin cinéphile ?

Fin cinéphile "toi-même " .....................!

Ce que je sais, en qualité de faiseur d’images, c’est que j’ai correctement rempli mon contrat en la réalisant et de ce fait, elle a une chance de s’inscrire dans le temps.

5. Dans le grand débat formel entre le N& B et la couleur, il semble que vous avez fait le choix de travailler les deux, pourtant je trouve vos photos en noir & blanc encore plus fortes... ai-je tort de penser ce que je pense (rires) ?

Oui, vous avez tort de penser ce que vous pensez, mais par ailleurs, vous avez raison de rire.........

Évidemment, c’est un débat à la con !
L’émotion n’est ni en noir et blanc, ni en couleur, elle est, ou elle n’est pas...........

6. Est-ce que lorsqu’on a comme patronyme "Galante" on est pas un peu condamné par le destin à l’élégance non... ?

Joker.........Néanmoins concernant l’élégance morale, j’essaye d’être à jour au niveau de mes exigences.

7. Dans vos reportages de voyages, vous aimez capter les lumières sur les lieux, là aussi on pourrait y voir une fascination référentielle pour certains grands peintres ?

Une fois encore, " toi-même " ...................!
Je n’ai de fascination référentielle que pour les yeux verts de la mer (« vert » parce que ça rime avec « mer »).

« À cheval -
mon ombre gelée
rampe au dessous »
Bashô (Poème haïku)

8. Comment peut-on définir votre style ? Vous considérez-vous faisant partie d’une école de photographes... quels sont vos maîtres en la matière ?

Un style libre prenant sa source dans l’école de la démerde, de l’énergie et de valeurs fondées sur la probité.
Je n’ai pas de maître, si ce n’est ceux capables de susciter en moi l’émotion.

9. Quels grands projets artistiques vous tiennent à coeur pour les années à venir ?

J’ai le fabuleux projet de retourner en enfance, de reprendre la vision de "mon film", et de continuer ma vie telle que je l’ai toujours pressentie, « Et m’en aller les poings dans mes poches crevées.... » (Rimbaud), acteur de mon temps et "écouteur d’images".

10. Je vous laisse le mot de la fin cher Emmanuel...

En vous remerciant pour cette tribune, je profite de celle-ci, pour m’adresser de manière triviale en ces termes, à tous ceux qui auront eu le courage d’aller jusqu’au bout de cette interview :

Mes biens bons chers internautes, s’il y en a parmi vous qui possédez de l’argent leur appartenant en propre, et dont le but serait de le faire fructifier, je déclare solennellement par la présente, es qualité faiseur d’images, que je suis un placement tout fait honorable.

« Moi je m’ balade...... », je fais des belles images, je vous les rapporte, vous en faites ce que vous voulez et vous me donnez la contrepartie émotionnelle qui me permettra de rebondir plus haut vers mes chimères......
Oh peuchère !!

Emmanuel Galante sur le net