Mythomanie & Internet

 Mythomanie & Internet

Qu’est ce que la mythomanie ?

La mythomanie est une forme de déséquilibre psychique caractérisée par des propos mensongers auxquels l’auteur croit lui-même.

La mythomanie n’est qu’un moyen comme un autre de se faire reconnaître.

Qui est le mythomane ?

Le mythomane n’est pas un menteur !

Un menteur sait qu’il ment, il a la ferme intention de tromper l’autre et agit en pleine conscience sans confondre rêve et réalité.

Le mythomane, lui croit ce qu’il raconte, il ne ment pas pour tromper mais pour y croire lui-même Aucun spécialiste n’est vraiment en mesure d’évaluer le degré de lucidité du mythomane.

Le pire pour un mythomane est d’être placé face à son mensonge et de perdre ainsi sa raison d’être. C’est pourquoi lorsqu’il est découvert, le mythomane embraye immédiatement sur une nouvelle affabulation.

Le mythomane ne se supporte pas lui-même tel qu’il est. Nous sommes face à une pathologie du narcissisme, c’est-à-dire de l’amour de soi.

Selon le psychanalyste Juan David Nasio, " tout mensonge emporte avec lui un désir ". Celui du mythomane est d’être reconnu pour ce qu’il n’est pas. Comme s’il fallait se dépeindre sous les traits d’un autre pour s’accorder le droit d’exister ?

Le mythomane dépressif trouve ainsi un public pour le plaindre. Le mythomane classique trouve un public auprès duquel il croit (à tort) se valoriser. Souvent la mégalomanie n’est pas loin.

La mythomanie est-elle innée ?

Non. C’est vers 3, 4 ans que les enfants commencent à s’essayer au mensonge, pour éviter une punition, obtenir une chose refusée. C’est ainsi que naît le mensonge, celui, banal dont nous ferons tous plus ou moins usage durant notre vie.

En fait c’est un phénomène caractéristique d’une certaine phase du développement de la pensée du jeune enfant, qui raconte comme étant vraies des histoires imaginaires. Ces mensonges ne sont pas intentionnels : l’enfant croit vraiment à ce qu’il raconte. C’est une étape normale de l’enfance.

Mais quand cette tendance persiste au-delà de la petite enfance, et jusqu’à l’âge adulte, elle révèle un trouble du comportement

Selon les psychiatres :

La mythomanie traduit une organisation névrotique de la personnalité, qualifiée d’hystérique. Mais elle peut également être présente lors des troubles psychotiques.

L’hystérie est un type de névrose entraînant des symptômes divers et causée le plus souvent par le refoulement consécutif au conflit oedipien.

Qu’est-ce qu’une névrose ?

La névrose est une affection psychiatrique se caractérisant par des troubles du comportement dont le malade est conscient. Mais qu’il ne peut dominer. Elle se traduit par des troubles de l’affectivité et de l’émotivité mais le malade garde ses fonctions mentales intactes. Contrairement à la psychose, la névrose n’altère pas gravement la personnalité ; D’une manière générale la névrose est due à un conflit psychique non résolu (impossibilité de choisir entre 2 pulsions contradictoires, d’intégrer un interdit, de surpasser un traumatisme )En fait c’est une étape de la maturité psychique qui n’a pas été franchie.

La participation du mythomane non pas en tant que témoin ou en tant que conteur de mythes, mais en tant qu’acteur direct constitue le stade ultime de sa névrose (fausses communications téléphoniques, faux rendez-vous). Toute dévaluation à ce stade ne peut que porter qu’un coup définitif au mythomane qui ne pourra survivre que dans une éventuelle errance.


Qu’est-ce qu’une psychose ?

La psychose est une affection psychiatrique grave dont le malade n’a pas conscience, caractérisée par la perte du contact avec la réalité et une altération souvent grave de la personnalité. Ce terme recouvre différentes pathologies (la paranoïa et la schizophrénie, entre autres, sont des psychoses.

En résumé

La mythomanie devient pathologique si elle persiste au-delà de l’enfance. Elle est le signe d’un désordre psychiatrique plus ou moins grave (névrose ou psychose)

Les causes

Le recours fréquent, voire permanent, aux mensonges est pour le mythomane le seul moyen de fuir une réalité qu’il ne peut accepter ou affronter sans souffrir. Il se donne ainsi l’illusion de changer cette réalité douloureuse Cette fuite de la vérité traduit généralement un manque de maturité affective et de confiance en soi.

Le mythomane est-il conscient de ses fabulations ?

Freud a parlé d’une "manie sans délire", dans la mesure ou il n’y a pas de confusion entre ses fantasmes et la réalité. Le mythomane peut aller très loin dans la provocation entre ses fantasmes et la réalité, son désir étant d’advenir en tant qu’objet du désir de l’autre. Le mythomane ment délibérément et y prend un plaisir d’autant plus grand qu’il a conscient de "rouler l’autre".

Il ne sert à rien de dire à un mythomane qu’il ment. C’est une position qu’il ne comprend pas. Il estime que faute de preuves contradictoires, le bénéfice du doute doit lui revenir.

Et si l’autre ne se laisse pas rouler ? Que se passe-t-il ?

Démasqué, le mythomane va vivre ce moment - à la fois tant attendues et redoutées - comme un point d’acmé de la jouissance. Les réactions différentes : si certains vont s’enfoncer davantage dans leurs mensonges, d’autres peuvent éprouver une sorte de dépression qui peut les amener à s’isoler ou fuir le plus loin possible dans un ailleurs où tout est à recommencer.

Un mythomane pris en flagrant délit de mensonge va d’abord nier, puis si l’évidence est trop lourde à gérer va tenter de corriger son récit (c’est le retour sur explications). Cet événement est toujours extrêmement mal vécu par le mythomane qui entre alors dans une période de doute au cours de laquelle les déclarations et les intentions contradictoires peuvent se multiplier.

La lutte contre l’incrédulité ambiante est l’obsession fondamentale du mythomane. La peur de se contredire et de se voir contredire peut entraîner des réactions de défenses parfois violentes (insultes, invectives, voir mise en cause directe d’autres personnes.

Est-il sociable ?

Même si la personnalité du mythomane est altérée, cela ne l’empêche nullement de vivre en société. Il en a même besoin. Metteur en scène d’une aventure personnelle à hauts risques, il va aller de plus en plus loin dans ses défis. Son symptôme paradoxal, qui est la recherche permanente d’un défi à l’Autorité, pourra l’amener facilement à des provocations de plus en plus poussées. C’est ainsi qu’il va commettre des délits (faux et usage de faux, par exemple), qui seront autant d’occasions pour lui de se retrouver devant un Tribunal.

Le mythomane n’écoute jamais les autres, sauf quand cela lui permet de rebondir. Il est capable de reconnaître un autre mythomane et dans ce cas le méprisera profondément.


A-t-il des chances de guérison ?

Pour vouloir "guérir" il faut se sentir "malade". Or ce n’est pas le cas du mythomane, tout au plus se sent-il un peu "différent" En outre, ce sentiment loin de le faire souffrir, lui procure une grande fierté. Ce sont donc des symptômes totalement étrangers a sa mythomanie qui pourront éventuellement le conduire au divan Ce n’est que secondairement que le problème de la mythomanie sera abordé au cours de la cure, lorsque va commencer le véritable travail d’élaboration. Nous allons assister à une alternative ou le sujet se met au travail pour se reconstruire ou bien, se sentant piégé, il résiste et fuit l’analyse !

II-LA MYTHOMANIE ON THE WEB

Qui est le mythomane sur le net ?

Sur le net, le mythomane va devoir adopter une stratégie particulière. Il peut grâce aux pseudos être plusieurs personnes qui se connaissent et se parlent.

L’anonymat et la distance constituent un atout indéniable pour le mythomane. La plupart ne se font pas prendre . Il est toutefois déconseillé de se faire passer pour Napoléon Bonaparte ou Jules César. Peu d’internautes tomberaient dans le panneau.

La micro-informatique fournit par ailleurs au mythomane d’excellents outils de fabrications de fausses preuves - là encore elles ne feront illusions que de façon éphémère.

La fabrication de fausse preuves constitue une aggravation dans l’attitude du mythomane. Les premières livraisons sont souvent couronnées de succès inattendus, ce qui l’encourage à continuer. Elles n’en constituent pas moins de véritables bombes à retardement. Au fil du temps, les preuves seront de moins en moins élaborées, leur dévaluation entraînant celles des premières.

Pourquoi le mythomane et le net ?

Les mythomanes ont trouvé grâce au net un nouveau public. Car pour lui, c’est parfois l’occasion unique de vivre une vie dont il rêve et de pouvoir dire ce qu’il pense sans avoir peur de la réaction des autres, et surtout de pouvoir parler de ses fantasmes qu’il arrivera jamais a vivre.

Le mythomane n’est pas entièrement conscient de son état. Pour lui, il s’amuse et ne fait aucun mal. Il est en partie déresponsabilisé. Il croit sincèrement pouvoir s’arrêter "quand il veut". Souvent il ne s’arrête jamais !

Faut-il l’affronter ?

Non ! Si la plupart des internautes ignorent ses propos, d’autres choisiront l’affrontement. C’est une grave erreur : le cybermytho prendra l’intérêt qu’on lui porte comme un signe de reconnaissance. Il préférera 100 fois un affrontement difficile plutôt que le silence dans lequel il n’est plus rien. Ce qui peut amener parfois a des réactions très agressives car nous les freinons dans leurs délires fantasmatiques et évidemment ils ne supportent pas d’être limités.

Le mythomane a deux angoisses permanentes : la première est de s’être coupé dans ses constructions, la seconde est d’être en panne d’auditeurs.


Est-il difficile de reconnaître un mythomane sur le net ?

Oui, c’est beaucoup plus difficile que dans le réel car c’est compliqué de faire la part entre la mythomanie et l’imagination. Il n’y a aucun contrôle possible.

Le mythomane n’a pas d’amis véritables, il en recherche au cours de ses quêtes, il en trouve, il trouve aussi des ennemis, parfois l’ami devient l’ennemi, ou le contraire.

Je conclurais ce débat par cette réflexion d’un t’chatteur nommé Edwood :

"Internet est le domaine du mensonge, le domaine de l’illusion. Certes le monde "réel" l’est aussi, on sait combien l’hypocrisie et les faux-semblants prolifèrent dans notre environnement. Mais internet exalte, cultive, glorifie même les pires aspects de la réalité. Ici, c’est le règne de la mythomanie, de l’égoïsme, de la lâcheté."