La peur de l’infériorité d’Alexis Rosenbaum

La peur de l'infériorité d'Alexis Rosenbaum

Si on réfléchit bien, si on prend le temps de penser au sujet dans sa globalité, il est vrai que l’ancestrale, la séculaire, l’essentialiste et existentialiste peur de la infériorité est à la base des agissements au sein d’une Société qui s’y connaît bien en terreurs de tout ordre.

Celle-ci régit même la plupart des comportements humains, que ce soit de façon violente et visible ou alors plus intrinsèquement, de manière plus perverse, en s’insinuant dans les particules les plus élémentaires de nos actions d’Hommes.

Alexis ROSENBAUM, agrégé de Philosophie et Docteur en Psychologie, a eu l’heureuse et pertinente idée de traiter cet angoissant questionnement de l’Homme vis à vis du sentiment d’infériorité dans "La peur de l’infériorité, aperçus sur le régime moderne de la comparaison sociale", publié à l’Harmattan.

On peut regretter que l’éditeur n’ait pas composé une couverture plus attractive pour mettre en valeur cet ouvrage, car Alexis ROSENBAUM a le mérite de discourir en des termes très clairs et très parlants de ce fameux sentiment d’infériorité qui est à l’origine d’ô combien de drames, et que l’on ne peut pas évoquer sans son double fraternel récurrent "Le sentiment de supériorité".

Comme le dit l’auteur, l’espace social est devenu l’enjeu quotidien d’une comparaison intense, mécanique, étouffante et perverse entre les individus, que ce soit à l’école, dans l’entreprise ou dans sa ville ou son village, on n’a de cesse d’être jaugé, envisagé et jugé par les autres.

Comme disait Sartre, "l’enfer c’est les autres" et ses personnages de la pièce Huis Clos, rappelez-vous, souffraient pour des temps éternels d’une confrontation pénible avec des tiers qui ne cessaient de se comparer ou de s’évaluer.

L’ouvrage de Rosenbaum travaille au corps la peur de l’infériorité d’une manière socio-historique habile et bien argumentée, mettant en avant son rôle majeur dans notre relationnel, de manière si subtile qu’on ne l’évoque plus, se contentant de subir les conséquences, les foudres, parfois terribles, que ce comportement peut engendrer.

Comme le rappelle très bien une citation de Dupuy présente dans le livre et mis en exergue dans un des chapitres, "la société ressemble au fond à un immense stade où les records à battre servent de repères : chacun peut apprécier ses propres performances (...), notre monde médiatique, politique, sportif est un immense panneau d’affichage translucide sur lequel s’écrit les conséquences de nos peurs immémoriales. "

Je m’en voudrais de paraphraser l’analyse passionnante et très enrichissante d’Alexis ROSENBAUM, et vous encourage donc à vous procurer ce livre qui changera radicalement votre vision de notre univers visible et invisible, à la fois à la recherche et en fuite de ces peurs anciennes et modernes qui font notre identité sociale, et que l’on ne comprend pas toujours.

La peur de l’infériorité, Alexis Rosenbaum, l’Harmattan, Logiques sociales, 2005

La peur de l’infériorité, Alexis Rosenbaum, l’Harmattan, Logiques sociales, 2005