SAUCISSE SOUTIENT CESARE BATTISTI

 SAUCISSE SOUTIENT CESARE BATTISTI

Ce n’est pas nouveau, mais justement Saucisse est un chien fidèle... à ses engagements ! Le texte qui suit, originellement destiné à la PQR au printemps 2004, reste cruellement d’actualité. L’occasion d’une saine relecture, en espérant que ces lignes soient demain obsolètes.

J’AVAIS UN AMI

Mais il est parti. Ca commence comme un vieux vinyl
de Téléphone, que mon maître fait encore parfois jouer
sur la platine. Et ça finit aussi mal. De quoi écrire
une chanson engagée, s’il reste un chanteur engagé par
quelqu’un d’autre qu’Universal dans ce pays... Ha !
Bertrand Cantat nous manque !

Non, je plaisante, c’est de l’humour chien. Revenons
à notre histoire.

C’est l’histoire d’un type à qui la France avait
donné sa parole. Autant dire qu’on ne lui avait pas
donné grand chose... Si l’on en croit vos textes
sacrés, la parole a été donnée à l’homme. Je me
demande plutôt, et Pluto avec moi, la valeur que
l’homme donne à sa parole !

J’en connais un qui y a cru...

L’homme croit parce qu’il veut croire. il est même
parfois prêt à tuer pour cela - voire à mourir, mais
c’est plus rare. Celui dont je vous parle, je ne crois
pas qu’il ait jamais tué, mais il croyait très fort.
en la liberté, l’égalité, la fraternité... Naîveté et
pécher de jeunesse qui l’avait poussé à vouloir faire
la révolution. Pas de chance pour lui, ce n’était plus
la mode. Tenez, si ça lui avait pris en 1789 en
France, je ne doute pas qu’aujourd’hui une place de
Paris porterait son nom. Mais cet idiot-là, ça lui a
pris en Italie, dans les années 70. Au lieu d’être
baba-cool, comme tout le monde...

Alors à Paris où il s’est réfugié, il n’a trouvé
qu’une place de concierge. Ayant obtenu les faveurs de
la chose jugée, il s’est installé dans ses meubles, a
pris femme, a eu un enfant, écrit des livres...
C’est comme cela que mon maître et moi avons
rencontré Cesare Battisti, une belle plume plantée
dans le ventre mou de notre littérature. Comme nous,
il faisait volontiers les salons du livre, parce que
c’est sympa. Nous mangions souvent à la même table,
celle des auteurs qui ne se prennent pas la tête, et
Cesare n’oubliait jamais de me donner un bout de ce
qui me plaisait dans son assiette.

La dernière fois que nous nous sommes vus, je
gambadais joyeusement sur la plage à marée basse de
Granville. C’était par un bel après-midi frois et
lumineux de janvier. Je m’enivrais d’iode en aboyant
après les mouettes, laissant mon petit troupeau
d’humains vaquer dans le varech. Ils étaient quelques
amis qui conversaient. Cesare s’inquiétait,
entendis-je en passant, une oreille dans le vent...

- Je le sens venir, répétait-il. Mon maître et ses
deux potes le rassuraient : il n’avait rien à
craindre, la France terre d’asile, la France terre
d’acceuil avait donné sa parole ! Par la bouche même
du chef de l’Etat. Et nous étions là, nous les
Français, droits de l’homme incarnés, qui y
veillerions ! Toujours prêts à voter Chirac à 82% pour
sauver la démocratie !

Ignorants que nous étions des marchandages qui se
tramaient en coulisses avec l’extrème droite
italienne.

Quelques jours plus tard, Cesare était
arrété sous le prétexte d’être un dangereux concierge.
Et pour le défendre, une poignée de conspués !

Au secours Pasteur, l’iniquité me met en rage !
C’est parce que l’homme _ et surtout l’homo politicus
n’a pas de parole, qu’un jour un chien gagnera aux
élections !

Heureusement, quelques êtres d’exception font aussi
exception à la règle, qui nous réconcilient avec nos
politiciens. Tenez, prenez Lionel Jospin, par exemple,
qui a promis de se retirer de la vie politique : en
voilà un qui tient ses promesses !

Non, je plaisante, c’est de l’humour chien.

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