Interview téléphonique : les Cowboys fringants

Interview téléphonique : les Cowboys fringants

Notre fringante Cali Rise exporte son talent d’intervieweuse en se rendant téléphoniquement cette fois-ci chez nos cousins québécois afin de titiller du micro virtuel des Cowboys musicaux sympathiques et talentueux qui apportent leur bonne humeur et leurs coups de gueule avec une belle énergie communicative... malgré la friture sur la ligne !

Karl ? Bonjour, c’est Cali Rise du Journal Le Mague. J’aimerais...

Oui, bonjour. J’ai beaucoup de misère à vous entendre.

Oh. Alors comment allons-nous faire ? Vous m’entendez mieux là ? Si vous nous présentiez les autres membres des Cowboys fringants ?

Rires. Je n’entends plus rien. Ou alors par petits bouts. Vous apparaissez et vous disparaissez.


C’est parce que je joue à cache-cache.

Rires.

Donc, je disais : si vous nous présentiez les autres membres du groupe ?

Oui, bien sûr. Alors il y a Jérôme Dupras à la basse, Marie-Annick Lépine au violon, accordéon, mandoline et d’autres instruments encore, Dominique Lebeau à la batterie et Jean-François Pauzé à la guitare.

Pourquoi un nom de groupe masculin alors que Marie Lépine en fait aussi partie ?

En fait, c’est parce que, quand le groupe a commencé, nous étions un duo : moi et Jean-François. On s’était inscrit à un concours amateur pour faire de ces espèces de p’tits concours country amateurs au Québec y a 10ans déjà d’ça et on a essayé d’s’appeler les Cowboys fringants sans vraiment penser plus loin, sans penser à une carrière quelconque. Marie-Annick et Jérôme sont venus par la suite et on n’a pas changé d’nom.


Mais pourquoi ce nom ?

Pourquoi ce nom ? C’est vraiment une histoire très banale. Ben justement comme je disais, on voulait participer à un concours amateur et comme c’était de la chanson western dans un bar country de notre région et on se demandait quel nom prendre. On a hésité entre les Oiseaux fringants et les Cowboys fringants, alors on s’est dit, étant donné que c’est du Western on va s’appeler les Cowboys fringants. Et ça a pas été plus loin que ça. Ça a duré une minute la sélection de ce nom.

Comme votre accent l’indique, vous êtes québécois. En quoi vous démarquez-vous des autres chanteurs et chanteuses canadiens qui ont débarqué sur les ondes françaises et qui nous saoulent avec leurs chansons d’amour ? Sauf Linda Lemay qui est à part.

Héhé. Euhhhhhhhh en fait nous... on est pas vraiment un groupe de variétés héhé. On a une démarche plus indépendante, plus libre. J’pense, on a décidé de venir ici parce que... c’est pas parce qu’on voulait prendre d’assaut la France mais... On est venu ici seulement parce que les gens nous écrivaient, nous envoyaient des courriels. Ils avaient envie de nous voir ici en spectacle, en France. On est venu en France pour satisfaire un public qui nous avait découvert via Internet, via des échanges culturels avec le Québec. Donc, nous, c’est un peu ça notre plan de carrière : satisfaire le plus possible nos fans que ce soit au Québec, en France ou en... Ouzbékistan.

Waouh !

Non... J’crois qu’on n’en a pas... J’crois qu’on en a qu’un seulement.

Quand on regarde Garou ou Roch Voisine, on imagine le Québécois comme un bûcheron buveur de bières ou un hockeyeur play-boy. Comment le Français est-il vu au Québec ?

Héhé. J’ai mal compris la question... Comment le Français est-il vu au Québec ? Vous parlez du citoyen français ou de l’artiste français ?

Comme vous voulez !

Ben en fait, la France est vue au Québec... A vue de Québécois, ici, j’peux pas dire qu’il y ait beaucoup de différences. Les gens nous disaient que les Français étaient stressés mais ils sont relax. Ils sont même plus relax j’dirais que les Québécois donc... Quoique, les Québécois soient extrêmement relax aussi mais bon... T’sais, je ne pense pas qu’il y ait une mauvaise perception des Français, au contraire. J ‘pense qu’on aime bien quand ils viennent au Québec et qu’on leur fait découvrir nos magnifiques régions et nos trappes.

Votre album s’intitule La grand-messe. Pourquoi ce nom ?

Ben, La grand-messe j’pense qu’c’est un nom qui laisse l’interprétation libre à chacun. Chacun voit ça comme un évènement festif, comme un rassemblement... C’que vous voulez... C’est ça, on trouvait que ça cadrait bien. Et pis, y a une chanson sur l’album qui est... dont les paroles sont tirées et qui s’appelle « Si la vie vous intéresse ».

A propos de la composition des chansons, si le nom de Jean-François Pauzé revient souvent pour les paroles et pour la musique, celui de Marie-Annick Lépine n’est pas en reste, un peu moins celui de Dominique Lebeau. Comment vous répartissez-vous les rôles au sein des Cowboys ?
Ben c’est très simple : Jean-François compose absolument les chansons guitare-voix ensuite il nous les amène, on les pratique un peu en studio et ensuite chacun part de son côté avec la maquette pour travailler ses arrangements et apporter sa couleur à la chanson. C’est aussi simple que ça.

Contrairement aux groupes de rock traditionnels, vous avez opté pour des instruments du folklore comme l’accordéon, la mandoline ou le violon. Qu’est-ce qui a guidé ce choix atypique ?

Héhé. En fait ce qu’il faut dire c’est que, quand on a commencé, on n’était pas tous de très bons musiciens. Jean-François débutait la musique, Jérôme commençait la basse, y avait seulement Marie-Annick qui avait pris des cours de violon classique quand elle était plus jeune donc c’était la seule vraie musicienne du groupe à l’époque. Et euhhh on n’a pas eu vraiment de choix comme tel. Ça a commencé avec le violon et ensuite, Marie, étant donné qu’elle jouait du piano, elle s’est mise à l’accordéon un peu donc on a ajouté d’l’accordéon. Et puis la mandoline aussi, c’est par la suite aussi qu’c’est venu. Donc c’est un choix qui s’est fait comme... un peu... obligé parce que c’était les seuls instruments dont on savait jouer. On s’est pas cassé la tête plus loin comme aller apprendre la harpe celte ou le tuba turc.

Rires.

Si vous avez quelques titres intimistes, plusieurs comme « 8 secondes », « Plus rien », « En attendant », « Lettre à Lévesque », « Si la vie vous intéresse » parlent des problèmes politiques liés à l’environnement, la surconsommation, la pauvreté. Comment vivez-vous votre militantisme écologique au quotidien ?

On essaie de faire des gestes concrets en tant que personne et c’est un peu ça qu’on essaie de faire... d’inviter les gens à part puisqu’on est pas des porte-parole. Ce qu’on fait c’est que nos chansons parlent. On va pas prendre tribune sur la place publique pour crier haut et forte ci et ça et dire faites ci faites ça. On fait nos p’tites choses et puis... En fait, on n’aime que supporter les actions concrètes que de parler de rien. Au Québec, on a un dollar par billet qui va à des organismes qui aident et servent l’environnement que ce soit Action boréale qui concerne la forêt, Eau secours qu’ça arrive l’eau, ainsi de suite. Quand on est venu ici en France, on sait que, quand même, on n’est pas Garou mais avec nos billets et nos p’tits concerts qu’on a faits, on essaye de prendre un euro par billet pour remettre à un organisme qui s’appelle Les amis de la Terre en France aussi. C’t un peu pour continuer dans la même ligne l’idée qu’on a au Québec et qu’on vient ici pour vous aider à des gestes concrets qui sont que... ça avance les choses... légèrement mais y a un début à tout.

Etes-vous considéré comme un groupe contestataire ou un groupe festif ?

Ca j’crois qu’il faut venir aux spectacles pour le constater. Je pense qu’on est plus un groupe festif que contestataire... Peut-être plus sur disque que, étant donné qu’on écoute mais en même temps, les gens dansent en écoutant le disque... Mais en spectacle, c’est 80 % de danse. C’est de la pure danse.

Quel est l’âge de votre public ?

En France, j’dirais qu’il y a un public entre 25 et 35 ans, p’t’être 20 et 35. Y a des jeunes, des jeunes adultes, y a des adultes, c’est assez varié. Au Québec, là on est rendu un peu plus large. Ça va des 10 ans à 55. Les enfants amènent leurs parents pour nous écouter. C’est des belles foules.

Avec le CD, vous fournissez un petit lexique de certains mots de vocabulaire québécois utilisés dans les chansons. Par contre, je n’ai pas lu les explications pour « l’album a été composé, gossé, monté et patenté » Que veut dire « gossé » ? Je pensais que chez vous, quand on parlait de gosses, il s’agissait de « couilles ».

Rires. Effectivement gosses c’est des couilles mais gossé, c’est sculpté comme l’expression d’chez nous qui s’appelle, mettons, quelqu’un qui gosse le bois, c’est quelqu’un qui travaille le bois, qui va faire des meubles ou qui va faire des choses comme ça, gossé. Patenté, patenté, c’est monter comme patenter un meuble. C’est monté un meuble. Ça veut dire travailler et monter, comme ça. Mais c’est vrai que gosses, j’te disais y a plusieurs sens comme la soupe aux gosses mais bon...

Rires. Ah oui ? Ah oui ?

La vente de tous vos albums, a dû vous rapporter des bidous*. Qu’en faites-vous ?

De nos bidous ? Rires. Ben en fait euhhhhhhh

Par exemple, est-ce que ça vous a aidé à assouvir des rêves de ti-culs* ?

Rires. Euhhhhhhh oui et non. Oui parce que, effectivement, ça aide bien à s’établir dans la vie puisqu’on peut maintenant vivre de notre musique. Mais t’sais, on n’est pas des méga-stars donc on fait des p’tits choix simples comme s’acheter une maison, une petite voiture, ces choses-là. On n’est pas des... des gros dépensiers non plus.

Vous avez pratiquement tous la trentaine et êtes nés presque tous au même endroit. Vous êtes devenus amis parce que vos parents l’étaient ? Comment vous êtes-vous connus ?

En fait, on a entre 26 et 30 ans. Et comment on s’est connu, c’est très simple : moi et Jean-François, t’sais, on jouait dans la même équipe de hockey qui est le sport national du Canada. Marie-Annick travaillait avec Jean-François mais leurs parents se connaissaient parce que le père de Jean-François et le père de Marie-Annick sont tous les deux profs, un prof de français et l’autre prof de mathématiques au collège de l’Assomption, l’Assomption, c’est la p’tite ville où on vit et aussi Charlemagne, et se connaissaient aussi par parents interposés. Moi, je connaissais Jean-François par l’équipe de hockey, Jérôme était le p’tit-cousin de Marie-Annick et Dominique jouait dans le groupe du cousin à Jérôme.

Une vraie histoire de famille !

L’heure est venue de se quitter. Je suis ravie d’avoir pu vous parler entre deux Bataclan. Et comme il est de coutume sur Le Mague, je vous laisse le mot de la fin.

Bonjour... Ah non, attendez euhhhhhhhhh. Venez, si vous avez la chance, venez tous prendre une grosse bière en dansant avec les Cowboys fringants !

Rires. Merci beaucoup et au revoir.

Merci beaucoup ! Et au revoir !

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