Mère indigne, mode d’emploi

Mère indigne, mode d'emploi

Des modes d’emploi pour devenir une bonne mère, il en existe des centaines. De Laurence Pernoud à Edwige Antier en passant par Marie-Claude Delahaye ou la collection Pour les nuls, tout le monde y va avec son couplet de sacralisation.
Sauf, Anne Boulay, l’auteur du livre "Mère indigne mode d’emploi".

Faut-il être tordue pour écrire un ouvrage pareil ? Non, il faut simplement avoir vécu plusieurs grossesses et posséder une sacrée dose d’humour. Avant d’en commencer la lecture, munissez-vous de mouchoirs en papier : les images et les exemples qu’utilise Anne sont à pleurer de rire.
Mère indigne mode d’emploi raconte sur un ton décapant qu’attendre un enfant, ce n’est pas si merveilleux que tout ce que l’on voudrait nous faire croire à nous, les femmes. Ou plutôt, ce qu’on nous oblige à croire depuis des siècles.

La petite fille naît pour, plus tard, mettre au monde un chaînon de l’espèce humaine qui sera suivi d’autres, au choix, toujours dans la douleur et surtout sans se plaindre. Car devenir mère est la chose la plus merveilleuse au monde.

Foutaises ! Neuf mois durant, la femme, nouvelle baleine, s’extirpe avec difficulté de son lit, se bâche dans des vêtements quasi-informes, subit des nausées dignes d’un marin du dimanche, est constipée ou a constamment envie de faire pipi, j’en passe et des meilleures.

Et puis, un jour, enfin, arrive la délivrance. Encore faut-il passer par la case salle de travail obligatoire. Là, entourée d’un personnel médical qui ne se la laisse plus compter et accompagnée le plus souvent d’un futur père qui ne sait pas quoi faire de son corps, la grosse vache sacrée va enfanter sous les lumières crues.
Horreur ! L’enfant paraît et ne ressemble en rien au joli poupon des films publicitaires : c’est ni plus ni moins un « rôti de veau avarié ». Qui a parlé d’instinct maternel ?

Et les galères ne font que commencer. Le défilé des parents commence sans oublier les visites du personnel médical et les vagissements du nouveau-né. Chacun y va de ses souvenirs, de ses remarques plus fines les unes que les autres, de ses conseils, toujours très judicieux, bien sûr.

Le retour au domicile conjugal avec le nouveau nombril du monde se révèlera épique.

Anne Boulay réhabilite avec maestra l’imperfection et enterre l’idée archaïque selon laquelle la maternité siérait aux femmes, par nature.

Début du livre :

« Femme enceinte, c’est un peu comme « gay » ou « protestant » : une caractéristique qui prend volontiers le pas sur toutes les autres. Parce qu’on lui fait croire que tout, désormais, tourne autour de son nombril, la parturiente manque bien souvent de recul. Tout prend des proportions énormes, et pas seulement son utérus. Relativisons : la femme enceinte n’est pas une vache sacrée, c’est juste une cousine de Casimir qui n’arrive plus à entrer dans sa baignoire.
Quand l’enfant paraît, c’est pire. Dans un monde où tout est livré avec hotline et service clientèle, la maternité reste toujours un domaine mystérieux... »

"Mère indigne mode d’emploi" de Anne Boulay aux éditions Denoël collection indigne 10 euros

"Mère indigne mode d’emploi" de Anne Boulay aux éditions Denoël collection indigne 10 euros