Interview Nicolas Peyrac

Interview Nicolas Peyrac

Nicolas Peyrac est un artiste hors-norme qui continue une carrière atypique qui lui ressemble. A la fois tendre, sensible et doux il a offert à la chanson française des mélodies inoubliables qui font partie de notre mémoire collective. C’est avec un grand plaisir que nous accueillons sur Le Mague cet exilé de la France depuis des années car il fait partie de notre famille de coeur.

Son entretien sincère et généreux avec la belle Cali Rise est un beau moment de partage et de don artistique. Il vous touchera au plus profond de l’âme c’est certain..

Bonjour Nicolas. Vous avez plus de 30 ans de carrière et pourtant beaucoup vous pensent disparu depuis des années. Comment expliquez-vous ce phénomène ?

Je n’explique rien, c’est comme ça, c’est la vie, les gens ne sont pas informés, je n’en tire aucune aigreur, aucune conclusion... Suffirait d’un disque intéressant et d’une maison de disques qui aie envie de faire partie du voyage pour qu’on me croise à nouveau...

Ce nouvel album « Vice versa » est le résultat d’une collaboration quasi-familiale puisque vous dites êtes venu travailler « comme à la maison ». Qui a participé à cet échange et pourquoi ?

Je ne fais pas, je n’ai jamais fait de la musique par intérêt et j’ai la faiblesse de croire que ceux qui m’entourent professionnellement ne sont pas là non plus pour l’argent... On a fait un album sans pression, sans but sinon celui d’aller jusqu’au bout de nos envies, quand je dis nous je parle de l’équipe qui a participé à l’album, qu’il s’agisse des musiciens ou des gens des studios sans parler de la photographe et du maquettiste... Et comme parfois le hasard est bien fait, nous avons eu la chance de signer chez Warner et chez Jean Claude Camus pour les concerts.

Les musiques des chansons de « Vice versa » sont beaucoup plus douces que celle qui résonne dans votre livre « J’ai su dès le premier jour que je la tuerais » paru aux éditions de l’Archipel. Où avez-vous été chercher toute la violence qu’il contient ?

Je suis étonné que vous parliez du roman vu que personne n’est supposé l’avoir déjà lu, il ne sort qu’en septembre ou en octobre. Ce c’est pas du tout un livre violent, loin de là, ça parle juste de la vie tourmentée de quelqu’un qui vit un coup de foudre alors qu’il se croyait à l’abri... Au contraire, je crois que certaines chansons de l’album sont beaucoup plus violentes à cause de leur propos... je veux parler de Ne me parlez pas de couleurs et Laisser glisser.

Si les mélodies sont sensuelles tout en étant colorées de cuivres, de claviers et de cordes, les paroles sont fortes et interpellent. Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire « Laisser glisser » et « Ne me parlez pas de couleurs » ? N’avez-vous pas peur que ces chansons soient interdites d’antenne ?

Ne me parlez pas de couleurs a déjà été interdite l’année dernière quand elle est sortie inédite sur le double Best of intitulé Toujours une route. Certaines radios l’ont passée, même beaucoup passée, Laisser glisser parle aussi de situations qui me semblent intolérables et me font fortement réagir. Mais ça fait bientôt trente ans que quasiment sur chaque album j’évoque l’intolérance le racisme et la bêtise, de From Argentina to South Africa en passant par Quand elle dort ou T’entends pas qui traitait en 1998 de la montée du Front National et des dérives, je ne me suis jamais privé pour parler des choses qui me bouleversent... Ce ne sera jamais le fait de passer ou pas à la radio qui guidera mon écriture... Avouez qu’en plus il est un peu tard pour changer !

Qu’est-ce qui vous a fait quitter la France ?

Je ne me supportais plus dans cet environnement, j’avais trop peur de devenir une caricature, un mec aigri... Alors j’ai pris mes cliques et quelques claques, des tas de sacs avec ma vie dedans et je suis parti au Québec changer d’air, sûrement une des meilleures décisions de ma vie. Mais maintenant je vis entre Paris et Montréal.

« Et je t’aimais déjà » raconte le voyage d’un homme qui part en Chine. Après avoir apprivoiser une petite fille de dix-huit mois, il en reviendra papa. Une magnifique déclaration d’amour à une enfant. Qu’a-t-elle changé dans vote vie cette petite fille ?

Elle a tout changé, tout éclairé en encore plus lumineux, j’allais déjà bien mais l’arrivée de Sarah m’a fait vivre tout ce que j’avais malheureusement raté avec ma première fille que je n’aurai pas vu grandir, tout ça par ma faute et celle de la vie.

Pour devenir star, le chemin est long et cruel comme vous le dépeignez dans « Les fantômes de Sunset Boulevard ». Marilyn, Lauren, Greta... Quelle est LA star à l’heure actuelle ?

Je ne crois pas que je décrive dans Les Fantômes de Sunset Boulevard le chemin pour devenir star. Je parle dans cette chanson de ceux et celles qui cherchent à être star à tout prix, dans n’importe quel domaine, tout faire pour qu’on parle de soi, même si les conséquences psychologiques doivent être épouvantables et parfois sans appel. Devenir star petit à petit à force de talent et de patience, à force d’envie et de rencontres, de hasards et de remises en question, c’est une toute autre histoire. Quant à la Star, à part un Johnny en France et un Marlon Brando ou un De Niro, je ne vois pas... Ces gens là sont intouchables, quoiqu’ils fassent. Ceci dit, je ne trouve nulle part l’équivalent d’une Ava Gardner, la télévision a tué le mystère, et depuis longtemps...

L’amour, le désamour... Faut-il avoir souffert pour écrire de jolies chansons d’amour ?

Je ne sais pas s’il faut avoir souffert, je pense qu’il faut surtout avoir aimé...

Qui a eu l’heureuse idée de demander à Mathilde Seigner de chanter « Deux inconnus qui s’aiment » avec vous ?

C’est moi, de A à Z. J’ai écrit la chanson en pensant à elle, sans la connaître, simplement parce que j’avais une profonde admiration pour la comédienne, et je me suis dit qu’un jour peut-être. Et l’année dernière, par des amis communs, nous nous sommes rencontrés dans un dîner, je lui ai parlé de la chanson, elle l’a écoutée, l’a bien aimée, et a accepté de la chanter en duo avec moi... Elle ressemblait à l’idée que je me faisais d’elle en la voyant au cinéma, elle m’a fait un très beau cadeau !

« Tomber, se relever, se battre... » jusqu’à réussir à créer de nouveaux textes. Mais à quoi tout cela sert-il si, comme vous l’écrivez, « Même s’il n’en reste rien même si dans vingt ans/ on se souvient de moi comme d’un étudiant/ Qui avait tout plaqué la blouse et l’hôpital » ?

Mais ça ne sert à rien, juste à exister, ce qui n’est pas une mince affaire. Écrire c’est une chose que j’aime faire, prendre des risques aussi, et comme me disait mon père quand j’avais 18 ans, C’est en risquant de rater ta vie à 20 ans que tu es sûr de la réussir... Il avait raison, il vaut toujours mieux réussir sa vie en faisant des choses qui nous intéressent, que de réussir dans la vie pour mourir le plus riche du cimetière...

Nicolas, je vous remercie de m’avoir accordé cet entretien et je vous laisse le mot de la fin.

Merci pour cet intérêt que vous me portez, j’aurai peut-être répondu à certaines interrogations qui restaient comme ça en suspens, des non-dits qui avaient besoin d’être expliqués.

*Même si le livre ne sort qu’à l’automne, la Fnac l’indique encore en vente et paru en mars 2006.

Le site officiel de Nicolas PEYRAC

Retrouvez Cali Rise sur son Blog

*Même si le livre ne sort qu’à l’automne, la Fnac l’indique encore en vente et paru en mars 2006.

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