Interview Marc Lazaro

Interview Marc Lazaro

Marc Lazaro est une voix de la Radio à qui nous offrons bien volonté notre antenne virtuelle du Mague car cet homme mérite qu’on l’écoute attentivement.
Le voici donc mitraillé de questions par celle qui n’a décidemment pas un physique de radio ; notre coquine chroniqueuse Cali Rise.
De biens bonnes ondes émanent de cette rencontre...

Bonjour Marc. Les ondes et vous, c’est une histoire d’amour ou un pur hasard ?

Les deux semblent étroitement liés. J’ai d’abord écouté des radios, d’autant plus à l’arrivée des radios libres dans les années 80. Le hasard d’une rencontre m’a donné l’occasion de pratiquer ce média dans une radio associative, sans imaginer à l’époque que j’en ferai un jour plus que mon quotidien. En fait au départ, c’était simplement pour passer de bons moments entre amis et aussi, au fond de moi, pour améliorer mon expression orale car j’étais carrément plutôt timide. A l’arrivée ce média s’avère me correspondre à merveille et m’a permis de révéler tout mon potentiel d’oralité sûrement en rapport à mes origines familiales fortement méditerranéennes.

Qui est à l’origine de la création de Radio Campus Toulouse ?

Elle est née en 1983, à l’initiative d’un syndicat étudiant et d’associations d’étudiants en résidences universitaires. Précisons que je n’y étais pas. Par contre j’étais étudiant fin 88, quand avec une "poignée" nous avons redémarré cette radio qui s’était arrêtée.

Vous êtes responsable des actions éducatives et des liaisons associatives sur Radio Campus Toulouse. En quoi consiste concrètement ce poste ?

De 1988 à 1995, j’ai d’abord été bénévole vice-président/responsable d’antenne tout en étant bien sûr animateur-producteur d’émissions. En septembre 2000, une rencontre, me fait démarrer une expérience d’atelier de création radio avec des ados dits en difficultés. Je suis alors salarié coordinateur de l’asso (depuis 96) et l’arrivée de l’informatique me donne un peu plus de possibilités de me lancer dans l’aventure de la création sonore. Bref, je fais de l’accueil et de l’accompagnement dans un double objectif de production sonore et/ou d’autonomisation avec des publics prioritaires et leur structure d’accueil ainsi qu’avec les nouveaux bénévoles de l’asso. Idem pour les assos dans l’asso. Par exemple, j’accompagne depuis 3 ans les étudiants du GENEPI qui interviennent en milieu carcéral et qui réalisent une émission de 30 minutes par mois.

Comment choisissez-vous les musiques et les textes que vous mixez ?

J’utilise essentiellement des musiques instrumentales pour la plupart issues du courant électronique, jamaïcain et des B.O.F. . mais aussi du post-rock, du jazz, des musiques traditionnelles. Je vais piocher beaucoup dans le stock de radio Campus qui reçoit régulièrement des nouveautés ou alors sur Internet. Pour les textes, les "bla-bla" comme on dit à Campus, j’enregistre beaucoup médias de masses et de proximités.... et puis je commence à posséder beaucoup d’archives sonores personnelles sans parler d’Internet qui fourmille de sons y compris aujourd’hui avec le développement des blogs auquel je m’intéresse. Je précise que jusqu’à l’an dernier, régulièrement je mixai la télé ou la radio EN DIRECT, aujourd’hui c’est par le net ! On va dire que je mixe de tout ....de l’assemblée nationale à des accapellas/lectures de textes en passant pas des dialogues de films ou de feuilleton.....à la fois je fonctionne comme un observateur du traitement de l’actualité par les médias et ( je croise plusieurs sources sur un même sujet)....à la fois je détourne le contenu avec un une écriture très zapping....à la fois je propose d’autres éclairages voire d’autres sujets, des sujets qui deviennent plus ou moins récurrents comme les médias, la radio, les étudiants/l’université, la création, les femmes, l’amour, la santé public, les droits d’auteurs....

Vous vous êtes occupé de l’émission Sportaz plus axée sur le sport. Quel est le lien avec une émission basée sur les sons ?

D’ailleurs cette émission vient de redémarrer. Depuis sa création en 94, c’est toujours un OVNI dans le PAF : 2 heures d’improvisations décalée devant un match de foot ou de rugby télévisé, c’est plutôt rare. C’est une véritable performance et je revendique beaucoup plus le côté création radio/impro que le côté sport/journalisme. Dans ma pratique radio, Sportaz est fondamentale, puisque mis a part quelques jingles tout est pleinement inventé en direct, sachant que j’en assume la réalisation et l’animation. En fait, c’est très complémentaire avec le Midi et demix, car pour improviser, j’envoie beaucoup de sons dans le direct, des sons qui nous permettent de créer en direct des chansons, des pubs, et même du n’importe-quoi-sonore, sorte de décrochage spatio-temporel. Dans le Sportaz je m’exprime surtout 2 heures par la parole alors qu’au Midi et demix, c’est quasi l’inverse, je m’exprime exclusivement par l’expression des autres. En bref le Midi et demix me rend très performant sur de la réalisation en direct via le Sportaz ou tout autre émission.


Parlez-nous de la pétition contre la loi DADVSI que vous avez signée. En quoi concerne-t-elle les droits d’auteur ?

Je ne peux que vous renvoyer sur le site de radiocampustoulouse.com, car sur ce sujet plutôt complexe, radio Campus y est fortement engagée. Et ce, depuis plus de 4 ans, où petit à petit, nous avons construit un fort axe éditorial au sein de campus qui nous permet aujourd’hui de proposer un certain éclairage autour de la question des droits d’auteurs et de la propriété intellectuelle. Pour faire bref, Campus est dans ce qu’on pourrait appeler le mouvement du libre et plus précisément dans rendre accessible le média au citoyen. Un monde plus cultivé sera nécessairement meilleur et moins injuste. Il y a bel et bien une dérive générale à la marchandisation de tout et d’un peu n’importe quoi. A l’arrivée, il y a un abus de bien public ou pour le moins il y a contradiction à s’ériger en tant qu’artiste et à revendiquer par dessus (deux-sous ?) tout que finalement le système est bien foutu puisqu’il les protège.... L’enjeu c’est l’accès à la culture au savoir, bref à l’éducation et là il faudrait trouver un juste équilibre et une vraie dynamique entre la notion de marchand et de non-marchand. La loi DAVSI c’est simplement une réponse paranoïaque et sectaire (lobbyiste pourrai-je oser) autour d’un sujet qui justement pourrait nous rapprocher les uns les autres à un moment où le pacte social en prend régulièrement plein la gueule.


Radio Campus Toulouse fait partie du réseau IASTAR (International Association of Student Television and Radio). A quoi rimait l’étude faite en 2004 ?

Pointue la question !! En fait c’était une commande de l’observatoire de la musique qui démarrait une enquête plus "large" sur la diversité musicale des radios en France. Il était temps ! Bon maintenant, faut pas sortir de St-Cyr pour imaginer que par nature les radios associatives diffusent de la diversité comme nulles autres...sauf que la musique ce n’est pas de la radio (un vieux slogan d’une radio privé !) ! L’axe musical a toujours été le dada d’IASTAR, et les radio campus sont mêmes labellisées Radios de découvertes. Bref, tout ça pour dire qu’il y aurait bien besoin d’un audit sur nos radios.....histoire de vérifier, qu’à part la musique, nous sommes également des radios... et que cela s’entend et se vérifie....Cela ressort un peu dans cette fameuse enquête dont ça n’était pas l’objectif principale....je me rappelle d’ailleurs qu’à cette époque nous étions nous-même en plein boum...pire, nous aussi étions quelques peu en train de dériver vers un média trop musical.... Depuis, les choses se sont rééquilibrées mais le dada d’IASTAR reste le même...

Question indiscrète : faut-il être étudiant pour animer une Radio Campus ?

D’abord c’est pas indiscret et j’ai toujours essayé d’être transparent sur ce qui se passait dans Campus. Je crois qu’aujourd’hui encore plus qu’hier les enjeux sont d’ordre collectif autour de la coexistence de plusieurs modèles et de différentes cultures. Aussi, rien d’étonnant à constater qu’à Campus Toulouse nous retrouvons autant d’étudiants que d’actifs et de non-actifs : vive la MIXicité !. Au-delà notre coeur de cible reste les 15-35 ans mais nous allons aussi au-delà et, aujourd’hui, nous nous revendiquons une radio d’initiatives étudiantes, étudiants que l’on retrouve beaucoup dans le tissus associatif. De toute façon, à Campus Toulouse, il faut avoir quelque chose à dire. Quelque chose de plutôt audible, original et pertinent.


De quoi vit une radio comme la vôtre ?

Alors, le système est bien foutu et c’est d’ailleurs peu connu du grand public. Depuis le milieu des années 80, le tiers secteur audiovisuel s’est construit grâce à la création du Fond de Soutien à l’Expression Radiophonique (le F.S.E.R.). En fonction de critères économiques, sociaux et culturels (et une comptabilité certifiée par un expert), chaque année et chaque radio peut bénéficier d’un budget de fonctionnement autour de 30000 € en moyenne aujourd’hui. Plus les emplois-aidés, plus nos recettes propres (en forte augmentation grâce aux actions éducatives) plus des projets événementiels ou ponctuels, cela donne à Campus un budget autour de 130 000 € et qui a pratiquement doublé en moins de 8 ans. Bien sûr n’oublions pas l’apport des bénévoles eux-mêmes

Marc, et si je vous laissais le mot de la fin ?

D’abord je voudrais dire qu’au-delà de mes "critiques", il ne s’agit pas d’opposer mais de rendre dynamique comme on dit dans le son...Ensuite, vive les médias indépendants. Enfin, j’invite tous les vrais curieux des ondes à écouter Sportaz du 10 juin au 10 juillet prochain et même, de venir assister pour la première fois au Midi et demix en public et en direct le dimanche 10 julllet à 17h lors du Festival (gratuit) des Siestes électroniques de Toulouse.

RADIO CAMPUS TOULOUSE


Retrouvez Cali Rise sur son Blog

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