La jolie, fine et désirable Maïmouna Gueye, seule en scène, offre sa générosité, sa fraîcheur, son accent charmant issu de la négritude et sa grace naturelle à ce one girl show tragi-comique réussi, mais sans prétention, qui touche par sa sensibilité, son humour et la justesse de son point de vue.
Le Pitch : une très belle sénégalaise prénommée Bambi, en hommage à Walt Disney, a quitté son Afrique natale pour suivre Antoine son amoureux en France. Elle raconte son parcours, son chemin long et périlleux pour se faire accepter par sa belle famille, sa difficulté à s’intégrer malgré sa beauté et sa bonne humeur, sa joie d’exister et sa force de vivre malgré un passé douloureux fait de misère et de violences.
Maïmouna Gueye dit beaucoup, chante souvent et danse un peu, elle offre sa ravissante plastique à une scène quasi nue, un décor assez minimaliste simplement composé d’un arbre centenaire (à voir une magnifique scène où Bambi fait corps avec l’arbre), d’un fauteuil, d’un banc et d’un tableau blanc qui génère, parfois, des rétroprojections fantasmatiques.
La jeune sénégalaise cheveux lachés porte un bustier blanc et un ensemble pantalon blanc à voile qui en fait une tenue générique qui peut aussi bien passer pour costume de mariage, une tenue traditionnelle ou encore un ensemble branché de créateur. Elle prend divinement la lumière sans fard, dans la nudité et la sincérité d’émotions justes, en jouant des mots écrits au millimètre pour son interprète.
On rit, on tremble d’émotion lorsqu’elle pousse la chansonnette en hommage aux voix de ses ancêtres, on pourrait pleurer lorsqu’elle évoque les humiliations, la pauvreté, le viol par un de ses voisins, la solitude de l’exilée, la bêtise ordinaire, le racisme insupportable et les préjugés.
Bambi devient, malgré elle, et avec le bon dosage dramatique une figure universelle de la femme à la fois noire et blanche, elle devient une énergie métisse qui crie une discours féministe - là aussi dans la belle acception de ce mot. A travers Bambi toutes les femmes peuvent reconnaître leur histoire et ce combat perpétuel pour ne pas être subir continuellement le désir des hommes.
On est envoûté par ce spectacle intelligent, simple et drôle qui donne du sens et de la sensation immédiate sans démagogie, sans pleurnicherie, sans faux-semblant, sans volonté de démonstration, sans tabou avec un humour communicatif et subtil.
Noire, belle, talenteuse, gracieuse, alerte, divine, lumineuse, tendre, cruelle, evanescente, espiègle, émouvante ou multiple on ne sait quels qualificatifs choisir pour évoquer la performance de Maïmouna Gueye.
 voir, à partager pour la beauté du geste et le plaisir du texte. Bellissima Maïmouna.. une comédienne à suivre !
"BAMBI, ELLE EST NOIRE, MAIS ELLE EST BELLE", Du mardi au samedi à 20h. Le dimanche à 16h, relâche le lundi. Théâtre LE TARMAC.
Maïmouna Gueye / Richard Bean
Mise en scène Richard Bean
Assistant à la mise en scène Jérôme Lang
Création lumière Maurice Fouilhé assisté de Carlo Giunta
Création musicale Quentin Sirjacq
Costume Myriam Drosne
Avec Maïmouna Gueye