Luc Ferry nous apprend à vivre

Luc Ferry nous apprend à vivre

Je n’avais pas lu de livre qui tentait d’expliquer la philosophie de façon compréhensible depuis « Le monde de Sophie » de Jostein Gaarder. Et même si j’avais lu « La philosophie dans le boudoir. Ou les instituteurs immoraux. Dialogues destinés à l’éducation des jeunes filles » de Sade, il manquait quelque nourriture à mon esprit.

Or, Luc Ferry est un excellent professeur. Il emploie un langage clair loin du langage parfois alambiqué que tiennent certains pédagogues.
C’est un ouvrage à la fois modeste et ambitieux comme il l’explique lui-même. « Modeste parce qu’il s’adresse à un public de non-spécialistes... Ambitieux, car je me suis refusé à admettre la moindre concession aux exigences de la simplification des grandes pensées. »

Dès les premières pages, le ton est donné : l’auteur emploie le style oral et le tutoiement. Je me suis donc retrouvée à lire un discours d’un homme dont je ne connais pas la voix mais que je voyais assis sur son bureau ou déambulant au milieu d’un paysage d’été. Et encore, j’ai retenu mon imagination qui m’entraînait au bord de la mer, sur une plage de sable blond.

En six chapitres, Luc me dépeint ce qu’est la philosophie et m’en décrypte les principales clés.
J’apprends les trois dimensions de la philosophie : l’intelligence de ce qui est (théorie), la soif de la justice (éthique) et la quête du salut (sagesse). Et je m’initie aux principaux courants philosophiques : les stoïciens, le christianisme, l’humanisme, la postmodernité, la philosophie contemporaine.

J’avoue que par moment j’ai souri à certaines explications inutiles pour moi (exemple : anthropophage = cannibalisme), j’ai soupiré en lisant plusieurs fois « nous avons déjà évoqué ces thèmes » ou alors j’ai buté sur des mots que Luc Ferry pense simples et qui ne me disent rien du tout ou dont j’ai oublié le sens (sotériologie chrétienne, tautologie)

En conclusion, Luc Ferry a réussi à écrire un livre philosophique qui s’adresse à un large public même s’il faudrait qu’il précise à quel âge commence la jeune génération.
Ainsi, tout comme il le dit si bien, j’adhère à sa pensée : « ... Il me semble que nous devrions, à l’écart du bouddhisme et du christianisme, apprendre enfin à vivre et à aimer en adultes, en pensant, s’il le faut, chaque jour à la mort. Point par fascination morbide. Tout au contraire, pour chercher ce qu’il convient de faire ici et maintenant, dans la joie, avec ceux que nous aimons et que nous allons perdent à moins qu’ils ne nous perdent avant. Et je suis sûr, même si je suis encore infiniment loin de la posséder, que cette sagesse-là existe et qu’elle constitue le couronnement d’un humanisme enfin débarrassé des illusions de la métaphysique et de la religion. »

« Apprendre à vivre » de Luc Ferry, Traité de philosophie à l’usage des jeunes générations, Editions Plon

« Apprendre à vivre » de Luc Ferry, Traité de philosophie à l’usage des jeunes générations, Editions Plon