La St-Valentin de Pierre

La St-Valentin de Pierre

« L’amour c’est deux étoiles qui brillent dans le ciel » voilà ce qui était écrit sur la carte. Personne n’avait signé mais je savais pertinemment que c’était toi. Le pardon n’a pas de prix, la raison n’a pas le pouvoir de juger mon chemin de croix depuis notre séparation. Comment peux-tu t’étonner après que je ne sois pas resté fidèle à mes idéaux d’éternité ?

Que tu sois capable d’accepter comme telle, cette phrase hypocrite, je pouvais facilement le comprendre car tu n’es pas intelligente et tu ne l’as jamais été ; mais quel est le con qui a eu l’idée d’imprimer une telle niaiserie hein ? Un astronaute, un cosmonaute, un amateur de télescope qui aurait eu la bonne idée de faire une formule toute faite ? Ou pire encore un astrologue devin qui cherchait la passion dans un ascendant mais qui n’aurait rien compris aux astres.

Tout ce qu’on peut déduire de ce précepte à l’emporte pièce, c’est qu’il est simple de se noyer dans l’immensité. Je t’avais bien prévenu qu’il était inutile de me chercher sur le sujet, tu n’en a pas eu conscience alors j’ai pris mon courage à deux mains, avec un très beau stylo mauve j’ai gravé ma réponse sur du papier brouillon. J’ai simplement noté que tu étais jolie dans ta robe par le passé. Il est vrai qu’il y a encore 2 ans, j’aurais pu crever pour toucher tes formes. Maintenant, il est trop tard. Le bonheur ne repasse pas par les chemins déjà empruntés. Il ne fallait pas en dévier. Tout est de ta faute.

Moi j’y croyais, mais tu vois j’emploie l’imparfait. Espèce de salope tu m’a bien blousé. Tu voulais peut être un repas aux chandelles pour remettre tout à sa place comme avant, mais avant est une brute sans nom, alors j’ai brûlé la nappe souillée qui s’appelait draps de l’amour, une sorte de politique de la terre cramée entre nos deux corps.

Dorénavant, tu ne me fais plus bouger de mon fauteuil, les années champagnes ont fait place à de l’eau plate dégueulasse. Tu es devenue une erreur, une désinformation sur la Saint Valentin, tu ne mérites que l’épine accrochée à la rose.

J’ai pris des engagements auprès de mon austère notaire. Lui et moi, employés de la mort, nous allons cahin-caha sur la route du silence et de l’indifférence. J’ai fais quelques copies pour les journaux en précisant bien que le 14 février était un jour de deuil. Je suis parti dans les boutiques m’acheter un couteau suisse, une compresse stérile et de la colle pour mettre le point final à ma réponse. Je suis rentré chez moi qui était chez nous et j’ai tailladé ma chair à partir de la commissure de mes lèvres. Pour que toujours, après mon acte, tu te souviennes de l’atroce image, j’étais l’incarnation de la grimace de l’amour.

Dans mon cœur tu n’es qu’une pustule, un herpès qui ne se guérit pas. Ma chérie, ma douce, mon alter ego fétide, veux-tu bien agréer à mes sentiments les plus dégoûtants.

Illustration : Photo du Lilieland.

Illustration : Photo du Lilieland.