CPE : de la confiture aux cochons ?

CPE : de la confiture aux cochons ?

En dégustant hier soir des délicieuses pâtes carbonara, cuisinées amoureusement par mon beau brun ténébreux, je tends légèrement l’oreille et écoute le reportage du journal télévisé de France 2, consacré à la journée d’action nationale menée dans la rue contre le maintenant si célèbre contrat première embauche, le CPE.

Moi qui croyais, il n’y a pas si longtemps, que l’unique CPE était le traditionnel conseiller principal d’éducation, celui qui réprimande les écoliers qui sèchent les cours, je m’attache donc depuis peu à tenter de m’expliquer la polémique qui accompagne le lancement de ce contrat de travail, ce CDI proposé aux moins de 26 ans, avec période d’essai de deux ans. J’écoute à droite, à gauche, sur les côtés, hommes, femmes, jeunes et moins jeunes.

Hier donc, « 13 000 personnes à Paris selon la police, 45 000 selon la CGT et les syndicats d’étudiants et de lycéens » ; les deux tiers du cortège étant composé de jeunes, majeurs ou pas, qui pour la plupart n’ont aucun esprit critique, aucune connaissance du système et encore moins du monde du travail, aucun recul, aucune objectivité, un seul son de cloche partisan et professoral la plupart du temps, à leurs oreilles.

A les écouter, les « jeunes » veulent aujourd’hui un contrat 35 heures clé en main, bien payé, avec RTT, tickets restos et treizième mois, un bureau avec vue, pas trop loin de chez eux tant qu’à faire, le tout en sortant directement du circuit étudiant.

Si le « jeune » de base est à l’image de ceux que je croise régulièrement le matin, les yeux dans le vide et les tympans explosés par leur mp3 dernier cri, secouant la tête d’avant en arrière, sûr qu’on est plutôt mal barrés, et eux aussi.

Les politiques et syndicalistes anti-CPE, qui montent la tête à ces jeunes étudiants ou lycéens bien utiles à gonfler les rangs des manifestations, voudraient nous faire croire que ce mécontentement est quasi unanime, que tous les français sont derrière eux. Ils critiquent le moindre changement, la moindre prise de risque, qualifiant les mesures entreprises de « retours en arrière », de « régressions sociales », etc.

Et aux politiques de se jeter des cailloux et des gros mots (maux ?) dans la grande cour d’école qu’est l’Assemblée Nationale !

J’en arrive à la conclusion que la France tend gravement à devenir une société d’assistés permanents, de moutons, d’égoïstes, d’hypocrites, qui se complaisent dans une oisiveté à peine dissimulée et un esprit pépère, ce qui va finir par scléroser ce pays, déjà mis à mal dernièrement.

On pouvait lire hier sur les pancartes brandies et agitées, le CPE, « contrat pour l’esclavage », « contrat pour entuber » ou encore « cocktaïl pour émeutes ».

Il faut arrêter de croire qu’un employeur n’a qu’une idée en tête lorsqu’il embauche quelqu’un : quand et comment il va le virer ! Les employés fiables et de qualité ne courent pas les rues, n’envahissent pas les couloirs des agences ANPE, ni les remises de diplômes.

Le CPE est un véritable tremplin à saisir, et si on fait correctement son boulot et bien on le garde ; ainsi, employeur et employé sortent gagnants. Arrêtons de chercher la petite bête, le bémol, les petites imperfections, l’alibi à la manifestation. Non, le CPE n’a pas tous les apparats du traditionnel CDI. Oui, le licenciement d’un salarié n’aura plus à être motivé. Oui, un employeur pourra cumuler des CPE sur un même poste.

Mais il est temps de se bouger un peu, et d’aller chercher les solutions, même imparfaites, afin de donner du travail au plus grand nombre, de tenter de sortir de cette impasse. Stoppons les critiques et les velléités de bas étage, misons sur un contrat de confiance et de respect mutuel employeur-employé. N’attendons pas que tout nous tombe tout cru dans le bec !

Au même moment, quelque part dans une salle du ministère de la Culture, la grande blonde Uma Thurman se voyait décorée des insignes de chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres... Rien de neuf au pays des gaulois...