Le pire est qu’il y a toujours pire

Le pire est qu'il y a toujours pire

Je n’ai pas eu la chance d’être un véritable orphelin. A vrai dire, le pire n’est pas forcément le deuil, le pire est qu’il y a toujours pire. Voilà, j’ai 21 ans, je suis un sacré névrosé, et je peux parler de tout. Perverse pudeur, que celle qui permet de se désincarner à travers le langage. Je ne suis ni chômeur, ni étudiant, actuellement je suis Dandy-ruiné intermittent. Je suis un permanent du spectacle.

Diplômé d’une prestigieuse faculté de droit, de sciences humaines, et de déshumanisation, je peux peut-être prétendre au titre d’imposteur. Plus de rêves, plus de peurs, rien à perdre, sauf peut-être ma santé.

Tiens, ma santé aussi... Faites croire à tout le monde que vous êtes pré-diabétique et ils vous foutront la paix avec votre probable taux de cholestérol, dont vous ne savez rien parce que vous préférez justement ne pas savoir.

Quand je jouais au tennis, elle me répétait souvent d’arrêter de me regarder faire le mouvement parfait et de commencer à m’intéresser à la balle. Mais voilà, même s’il faut avouer qu’il n’y a pas de milieu plus décadent que le monde du cinéma (demandez à mon frère) j’ai toujours vu la vie comme un film. Peut-être parce que quand James Bond constitue la référence absolue il ne peut y avoir d’émotion sans spectacle.

Je ne suis pas créateur d’émotion, je suis producteur. La différence ? Fondamentalement ce n’est pas la qualité qui compte mais le pouvoir. Susciter des impressions, attacher les gens au personnage, qu’ils en saisissent la vanité ou la souffrance. Peu importe.

Ma scène préférée, son enterrement, imaginez-moi en train de me voir, non pas dans le chagrin, mais dans un cimetière, filmé en plongé. La seule chose qui compte n’est pas la peine, mais le tombé de pardessus devant impérativement imposer le mot dignité.