ON NE PEUT PAS PLAIRE A TOUT LE MONDE

ON NE PEUT PAS PLAIRE A TOUT LE MONDE

Moi, je me plaisais plutôt, avec mon nœud papillon. Comme chaque fois que nous avons un repas de gala, mon maître m’avait habillé. Sur mon trente et un, je débarquai ainsi à l’heure du 51 au Palais du Pharo, où chaque année le maire reçoit les écrivains et a toujours un mot aimable pour chacun comme pour moi, bien qu’il soit rarement épargné par mes humeurs mordantes. D’un ordre mendiant, j’eus droit aux petits-fours durant l’apéro et une fois à table, à quelques morceaux d’une daube délicieuse, passant un merveilleux moment en l’excellente compagnie des convives. En manière de pousse-café, je sacrifiai patiemment à une séance de photos, passant de bras en bras par la plupart des people présents ... et je n’y pensai plus. C’était il y a quelques mois de cela.

Mais voici que l’autre dimanche, à la faveur d’un désoeuvrement fortuit, mon maître et moi nous retrouvâmes devant la télé, pour la rentrée d’une émission que ses intimes appellent ONPP. Il s’agit d’un talk show sympathique, où en bonne intelligence les invités font gentiment semblant de se disputer le plateau. Tout commence par un très gros monsieur, dans le poste comme dans un bocal, qui dresse un portrait au vitriol de celui qui dans l’actualité lui semble l’avoir le plus mérité - portrait qu’il tient devant lui, dans un petit cadre bon marché.

Quelle ne fut pas ma surprise de voir que c’était mon portrait, avec mon nœud papillon, qui sembla surgir du ventre du gros monsieur. Quel crime avais-je commis pour que me soit publiquement destinée son ire hebdomadaire ? Je n’avais pas crevé de coussin, ni taclé le petit merdeux de la voisine, qui me tire souvent les oreilles ...

Il se trouve qu’en fond du cliché, on apercevait derrière moi quelqu’un qui avait déjeuné avec nous au Pharo. Patrick de Carolis, le nouveau patron de la télévision que le gros monsieur entreprit en fait de brocarder. Avec l’esprit que l’on prête habituellement à ces mammifères supérieurs que sont les cétacés et l’auteur de « Y’a pas que les grands qui rêvent » - mais si, souvenez-vous, ce hit interprété par la petite Mélody, qui vend depuis du poisson quelque part, je crois ...

- Ce jour-là il jouait à chien-bite ! déclara alors le chansonnier en une irrespectueuse allusion à ma vie sexuelle, désignant Patrick de Carolis entre les mains duquel je posais sagement. Dans une position telle qu’il fallait avoir des idées déplacées pour y voir la moindre équivoque. Je n’ai rien contre les baleines blanches, mais je n’entends pas non plus me laisser diffamer de la sorte : ni Patrick de Carolis ni moi ne partageons le goût de ces mœurs douteuses et c’est en tout bien tout honneur qu’il me caressait !

Halte là ! Que signifient ces scabreuses assertions ? Après le président du CSA sadomaso, le président de France Télévision zoophile ? Le scandale de la fausse affaire Baudis n’a-t-il servi de leçon à personne ?

Je vais le dire à mon avocat, Maître Collard !

Extrait du livre "La Gloire de Saucisse" publié aux éditions Jigal

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