William Klein expérimente « Le Centre Pompidou »

William Klein expérimente « Le Centre Pompidou »

WILLIAM KLEIN à Beaubourg ! L’affiche était alléchante, surtout qu’il était bien stipulé par les organisateurs que cette exposition a été faite en étroite collaboration avec l’artiste new-yorkais lui-même.

Bravant la neige, la foule et la froidure de décembre, nous nous sommes rendus au Centre Pompidou pour voir en vrai le travail de Klein, et par la même, critiquer au plus juste les installations en hommage au célèbre photographe, plasticien, dessinateur, peintre et expérimentateur qui a tant marqué notre mémoire collective. Rappelez-vous, la mythique pochette de Gainsbourg grimé en femme, avec rouge à lèvres et porte cigarette, c’était du KLEIN.

Si vous vous rendez à Beaubourg, un conseil : n’allez pas déjeuner, dîner ou même simplement vous rassasier au restaurant la Mezzanine qui se trouve à proximité des œuvres de Klein, car cet endroit hors de prix allégera considérément votre budget nourriture. Même si le cadre est sympathique et la nourriture sous vide correcte, il convient de ne pas légitimer un système de restauration aussi onéreux et mécanique, profondément déshumanisé et intellectuellement indigeste.

A l’entrée de l’exposition - que l’on peut admirer d’un côté de la rue, à travers les grandes baies vitrées du Centre, même si l’on n’est (vive l’art populaire) qu’un passant qui se rend dans le marais ou qui se balade - on remet au visiteur lambda un petit livret pliable à trois volets, dramatiquement minimaliste en noir et blanc. Un outil grossier et ultra vulgarisé qui n’est pas à la hauteur d’une telle exhibition, c’est certain.

N’ayant pas reçu de dossier de presse plus épais, ni de reproduction couleur d’œuvre de Klein, je décidais donc d’utiliser mon téléphone portable pour prendre un cliché rapide du grand mur d’images qui annonce le parcours KLEIN.

C’est alors qu’un employé zélé et vindicatif me réprima avec force un « vous voulez que je vous confisque votre appareil ? ».
J’ai failli répondre que je n’étais pas un visiteur bobo ordinaire, un professeur de Lettres en collège, un touriste péruvien en transit, le sosie obèse de Johnny Depp ou encore le comédien d’une sitcom à la mode, mais bel et bien le fondateur bien aimé du Journal Le Mague himself accompagné par LNA Noguera, tous deux en visite pour faire un compte-rendu KLEINesque.
Mais je me suis ravisé, le b.a.b.a de notre profession est la discrétion et la classe en toutes circonstances.

L’expo proprement dite est plutôt bien menée, de par la qualité des reconstitutions ; ainsi, la pièce qui reproduit le travail photographique - qui mêle des bandes de film photo et de la peinture - est un travail saisissant et très esthétique autant que percutant.

Le reste est plutôt inégal, mis à part la partie réservée aux peintures formées à partir de lettrines découpées. On peut tout de même voir la projection continue de deux films en noir et blanc réalisé par William Klein et qui sont représentatifs de sa patte et de son œil. L’un est sur Mohammed Ali au temps de sa splendeur et l’autre est un pastiche presque futuriste sur l’univers de la mode.

WILLIAM KLEIN nous intéresse tout particulièrement parce que c’est un des premiers artistes « Multimédia » de son siècle, un penseur, un expérimentateur multi faces et multi supports, qui crée indifféremment sur n’importe quel objet car il a un regard génial de plasticien.

Il est amusant de constater combien KLEIN a été en avance sur tout, concernant pratiquement tous les arts visuels. Des milliers, peut-être des millions de créateurs lui doivent beaucoup, ses œuvres ont été des déclics pour de nombreux sensibles.

A voir tout de même donc, cet hommage mérité, dont toutefois on a vite fait le tour, et qui nous laisse sur notre faim (rires).

Centre Pompidou

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