Delaume écume les jours de Boris

Delaume écume les jours de Boris

Chloé Delaume se raconte dans un petit livre, de 86 pages, bouleversant sur
bien des points, et publié aux éditions "La chasse au Snark".

Un ouvrage fort bien édité rapport à Vian. Pas de faux semblants référentiels,
pas de jeu de piste pour trouver à qui ce travail est dédié, "Rapport sur
Boris Vian" c’est écrit en sous titre juste en dessous d’une fleur ouverte,
un nénuphar bien sûr.

Mais au fait quel, est donc le rapport entre Chloé et
Boris ? La réponse est dans ce livre OVNI, saisissant, troublant, qui, s’il
doit être une confrontation entre son auteur et le joueur de jazz, poète et
écrivain, nous plonge dans notre propre rapport avec Boris, et plus
généralement avec les mots, avec la littérature.

Qu’a donc laissé Boris Vian dans nos vies, quel révélateur d’Art a t’il été
pour nous, voilà les questions sous-jacentes à ce témoignage hors norme à
découvrir absolument.

Car il s’agit non là d’un exercice d’admiration mais de quelque chose de
bien plus intime, impudique et dangereux. Et Delaume le dit elle-même
"Peut-être que. Je ferais mieux de la fermer, ça règlerait bien des
problèmes".

Autant le personnage public de Chloé Delaume peut énerver et ses SIMS peuvent ennuyer, autant cette
confession autofictionnelle est un bijou du genre, écrite au millimètre,
dans une écriture d’une maîtrise extrême. "Les juins ont tous la même peau"
est un objet lancinant, rythmé sur du papier musique, des expressions, des
syntagmes reviennent comme un champ pluriel obsédant, une mécanique de la
réminiscence qui permettrait toutes les reconstructions.

Cette introspection sémantique n’est en aucun cas un jeu d’ego, une
réflexion narcissique ou un jeu de miroir d’une Chloé qui voudrait voir son
propre reflet dans les yeux de son maître, elle a la générosité de son
propos. Cet ouvrage est cette étude idéale du coeur et de l’âme qu’on ne
lira jamais dans un manuel scolaire sensé nous faire aimer du Littéraire,
qui va chercher au plus profond de nous-même la valeur de l’écume géniale de
Vian.

"Les juins ont tous la même peau" est un questionnement qui se trouve aux
fondements même de la plus intéressante des questions qui puisse se poser vis
à vis de son implication littéraire.

Ce livre est plein de clefs, de chemins, de pistes, face à la sincérité des
aveux de l’auteur, on ne se sent jamais voyeur ou coupable d’avoir compris
ou ressenti une nudité à l’ombre d’une ligne. Non, on est et demeure dans
le partage, les histoires se mélangent, la nôtre, la sienne, tous les
destins humains qui croisent un jour un livre ou un auteur.

"Les juins ont tous la même peau" est un document de trouvailles, de
fulgurance, de phrases qu’on pourrait apprendre par coeur, on jalouserait
presque Delaume d’avoir mieux dit que nous des sensations universelles et
originales qu’on aurait aimé découvrir et exprimer aussi bien qu’elle.

Chloé, Boris, toi, moi, Delaume..., nous sommes tous les personnages
de cette étrange aventure éditoriale de laquelle on ne sort pas indemne.
Tellement impressionnant qu’on a envie de l’offrir, de le partager, de le
défendre.

Bravo au metteur en scène, à l’auteur, aux démaquilleurs des sentiments justes. Les masques sont tombés. Ce spectacle de mots est une magnifique rencontre humaine et artistique.

"LES JUINS ONT TOUS LA MÊME PEAU", rapport sur Boris Vian, Chloé Delaume, 86 pages, LA CHASSE AU SNARK, (2005)

Le site de Chloé Delaume

"LES JUINS ONT TOUS LA MÊME PEAU", rapport sur Boris Vian, Chloé Delaume, 86 pages, LA CHASSE AU SNARK, (2005)

Le site de Chloé Delaume