Toyota, 25 000 destins en jeu

Toyota, 25 000 destins en jeu

Toyota France : ils étaient 25 000 à postuler... il en resta 1 000.
1 000 privilégiés à se considérer heureux de pouvoir accéder à la vie que leurs propres grands-parents avaient. Ces mêmes grands-parents qui ont espéré une vie meilleure pour leurs enfants et quelques fois l’espoir a été exaucé.

Mais voilà, c’était hier. Et aujourd’hui, devant la désolation du monde du travail, ceux qui sont devenus eux-mêmes parents ne songent qu’à pouvoir offrir à leurs propres enfants la vie de leurs grands-parents.

Mon père était mineur, je suis employé de banque et mon rêve du jour, c’est que mon fils puisse être embauché pour travailler à la chaîne chez Toyota.

Alors, le monde du travail ne serait-il pas en cours d’amorçage d’un volte-face pour un retour vers le passé ?

Puisque les autorités politiques n’ont pas trouvé de parade contre l’hémorragie des délocalisations, on peut se poser la question si le monde économique n’a pas trouvé une divine idée : prendre le monde asiatique à son propre jeu, à savoir la copie ; ici en l’occurrence la copie des conditions de travail asiatiques qui ne sont ni plus ni moins que les conditions de travail du monde occidental du siècle dernier mais à leur sauce piquante ?

En poussant à l’absurde ce raisonnement, le monde du travail de demain ne sera-t-il pas à l’image de villes usines (qu’elles soient de production manufacturière ou non) intégrant le lieu de travail, le logement collectif en dortoir, la cantine et le stade de foot pour s’aérer une fois par semaine ?

L’amélioration des conditions de travail de ces dernières décennies font des travailleurs ou potentiels travailleurs occidentaux des personnes inaptes au travail à la chaîne et en particulier en terme de productivité. En effet, on attend un niveau comparable à celui d’une machine.
Et c’est bien l’absurde de la situation : on remplace les êtres humains par des machines pour une meilleure productivité et on finit par demander aux êtres humains d’être aussi productifs que les machines. Car finalement, après réflexion, certains se sont aperçus qu’un être humain dans certains cas est bien plus flexible et réactif qu’une machine.

En s’intéressant au processus de recrutement de Toyota France, et à partir des images qui sont distillées dans les reportages télévisés, on comprend manifestement que les principaux critères de sélection des futurs ouvriers sont : efficacité et obéissance.

La loi de l’offre et de la demande étant en faveur de l’employeur dans le contexte économique actuel, on imagine bien quel est le risque de surenchère dans le domaine de la productivité et de l’obéissance.

Alors l’étape suivante ne sera-t-elle pas un chantage relayé par les politiques à Monsieur Tout le Monde :" si vous ne voulez plus de délocalisations, il va falloir se retrousser les manches et faire des sacrifices !".
Et là c’est encore une question de surenchère : jusqu’où vont-ils nous amener, ces sacrifices ?

Et revenons donc à l’interrogation initiale : la condition humaine n’a-t-elle pas vécu ses beaux jours ?