Vignale chez "Voici" et moi dans "Rock & Folk"

Vignale chez "Voici" et moi dans "Rock & Folk"

Merci Rock & Folk ! Depuis que vous avez publié un de mes articles, moult de vos lecteurs qui sont néanmoins mes amis m’ont pris en grippe thuriféraire. J’ai beau préciser que vous n’avez fait que passer ma diatribe dans votre page « courrier des lecteurs », ils s’imaginent des choses. Que je ne me sens plus pisser et que je tutoie Philippe Manoeuvre la nuit au coin du feu. Voilà pour le côté pile de la pièce, quand au côté face, celui de mes proches domestiques, ceux qui portent mon nom et mon ADN, à leurs yeux j’ai endossé l’image du mader dolorosa car je me suis permis de comparer Emilie, cette grande star du show-biz à un balais brosse. Jusqu’à présent j’avais réussi à emmêler les pistes, mélanger les genres, prendre le bon pour ce qu’il est en restant une grosse brute un rien truand.

Je suis victime d’une discrimination passive. Je ne suis pas black-blanc-beur. Je n’ai pas d’envie particulière de foutre le feu à une voiture excepté à celles (notez le « s ») de Jean-Philippe Smet le rocker français qui mériterait qu’on lui arrache une manche de perfecto clouté afin qu’il se taise et n’entache pas la crédibilité des BRMC, quant à ma vison des choses sur la musique elle peut sembler parsemée d’arrêtes et de dénivellations catastrophiques pour un érudit du métier.

Dans les statistiques du ministère de l’intérieur, on me classe dans la majorité dormante de la France culturelle : celle qui pense plus avec son cul qu’avec ses ailes. Je n’ai jamais fait acte de foi envers telle ou telle espèce, je ne pourrais donc pas me flageller ou scarifier ma lippe avec des 33 tours mythiques. La contrition ressemble à l’érection elle ne se calcule pas.

Je n’y peux rien : tout est une histoire de lieu de naissance, de rendez-vous manqués avec l’histoire et d’un peu de couleur de pot. Dans mon intérieur profond, le mien est rose. Rose bonbon et c’est bien là que le bas blesse. Sous un abord Darc (Daniel) je suis un gentil poisson aux couleurs occultes de la variété française. Je suis plus Mathieu M. que Ziggy Bowie. J’ai 30 ans et pathétiquement je tais mes goûts musicaux par peur de choquer et d’en faire baver des ronds de chapeaux à tous ceux qui reprennent en coeur « La Mama » de Charlie Aznavour.

Le martyr de ma gentillesse et de ma pondération ressemble à un Karaoké le soir au fond d’un café de province. La tautologie de mon état de fait pourrait s’éterniser mais il est plus simple de résumer ça par un exemple choc : pour tout vous dire j’ai le syndrome Bénabar. Quand il chante « Maritie et Gilbert Carpentier » cela me parle. C’est ma culture en jachère que j’essaye de désherber par honte d’avouer mon penchant pour Joe Dassin.

De lui à Joe Strummer il n’y a qu’un pas que l’ombre de mon fantôme franchi en souplesse. Alors je prends une ligne directive plus ou moins sinusoïdale pour survivre avec des paradoxes de plus en plus lourds à porter. J’évoque la reprise de tonnerre de Brest de « Salut les Amoureux » par Christophe en oubliant le nom propre. Je vous jure que j’en aurai tué des symboliques et brisé des ménages pour que cette pute d’Aline revienne dans mon giron et me fasse plus la gueule parce que Nirvana n’est pas proche du lac de Connemara. Je ne souhaite pas faire de la peine à ma mère vous comprenez ? Je joue avec les mythes. Mike Brant je connais pour son suicide par défenestration (toujours bon à placer pour paraître indocile et enragé) et je rajoute souvent que sans la présence de Carlos avec du LSD dans les mains, l’entourage du King d’Ismaïla n’aurait pas maquillé sa mort en flambage électrique en milieu halieutique.

Il faut me comprendre. J’en vois déjà certains qui me tournent le dos, mais mon entourage, mon panel représentatif familial me fagote d’une étiquette réductrice, mes proches parlent de « Comme d’habitude » et laissent aux bohèmes de la vie à la va comme je te pousse dans mon genre le soin d’enchaîner sur « My Way » par Syd Vicious. Je suis donc au centre d’un dilemme cornélien : Etre seul ou mal accompagné.

Je veux changer, devenir vraiment ce que je suis au plus profond de ma 12 cordes, mais j’ai besoin d’aide. Je suis un branleur comme les Libertines mais je ne peux pas rentrer pleinement dans les stéréotypes que Peter Doherty s’amuse à enquiller. Je ne suis pas Jérome Reijasse !

J’émerge au RMI, je suis sous la cave de pauvreté. Je prends l’eau et le bouillon de culture que mon siècle m’a légué. Tenez, la semaine dernière j’étais aux anges de voir The Kills, j’aurais aimé finir la soirée avec VV à l’hôtel tellement elle m’a chamboulé la tête (et le reste aussi) mais vu que je ne suis pas encore adopté par votre organe de presse et que je ne tutoie toujours pas Virginie Despentes en écoutant un disque des Ramones la nuit au coin d’un bar, je continue de me convaincre qu’avoir Hélène Ségara comme copine on n’a pas trouvé mieux.

Je sais que je me fais du mal mais je m’accroche à la branche comme un désespéré.

J’attends qu’un ange tombe du ciel. Si vous voulez me sauver d’un dénuement certain, d’une fin tragique au Zénith de Rouen lors du passage d’Obispo, il faut m’adopter rapidement dans votre clan.

Moi aussi la police me contrôle tous les jours, moi aussi j’ai fait de la prison et je veux bien épouser Kate Moss. On pourrait commencer par la rubrique « Mes Disques à Moi » et je vous promet que publier mon impression sur l’album culte de Lorie qui vous amènera un nouveau public : toute ma famille.