Double interview : Marie Despechin & Lydie Violet

Double interview : Marie Despechin & Lydie Violet

MARIE ET LYDIE sont deux amies. Marie a choisi les pieds et paquets maison, pour découvrir. Lydie s’est décidée pour une entrecôte arrachée apparemment à un mammouth et dont elle ne
mangera pas la moitié. Le Cuisineur*, pour faire passer tout ça, nous offre volontiers le Garlaban... mais Lydie n’a plus droit à l’alcool. Cela et tout un tas d’autres choses, Marie Desplechin et Lydie Violet le racontent avec charme dans La vie Sauve, beau titre pour de la belle ouvrage, dont Le Mague avait le tort de ne pas avoir parlé et qui réconcilie avec bonheur le meilleur et le pire, la vie quoi... En attendant la suite, que les coquines copines mitonnent déjà en secret... mais moi je vous dis tout.

1. Pouvez-vous revenir sur l’origine de cette rencontre, qui a abouti à ce roman à deux blondes - pour ne pas dire à quatre mains.

Nous sommes copines de tournée : Marie avait écrit un livre qui marchait bien, et Lydie était attachée de presse, le tout dans la même maison d’édition, au mois de septembre, la même année. Nous nous sommes promenées pendant trois mois de salon en librairie, d’où il est ressorti que nous avions pas mal d’agrément à être ensemble et que nous étions souvent d’un même avis. Tout cela remonte à 1998. Dans les années qui ont suivi, Lydie a changé de patron, mais nous nous sommes revues.

Jusqu’à ce dîner au restaurant, quelques mois après que la
maladie de Lydie se soit déclarée, où nous avons décidé d’écrire un livre à deux, ce qui nous garantissait (au moins) de continuer à nous voir régulièrement.

2. Est-ce que le terme de roman convient, d’ailleurs
 ?

Il y a quelques personnes, sans doute égarées par notre bonne mine sur le bandeau de couverture, qui ont pris ce livre pour une fiction. Avec un peu de volonté, il est donc possible de le voir comme un roman. Dans le fond, nous ne savons pas très bien dans quel genre le classer. Nous
ne voulions pas nous limiter au label « témoignage », ne serait-ce que parce que nous sommes deux à parler. Du coup, nous avons demandé au Seuil de supprimer la mention « récit » sous le titre. Les libraires et les palmarès de vente nous classent dans les essais.

Ce qui est un peu une blague quand tant de « romanciers » font des « romans » avec le matériau brut de leur vie, sous l’appellation « autofiction ». Par chance, une fine mouche critique nous a trouvé un genre tout à fait satisfaisant : l’alterfiction.

3. Malgré mes préventions hypocondriaques, j’ai courageusement plongé dans le livre... bizarrement très "revigorant" !

Bravo, c’est courageux. Mais oui, nous sommes très revigorantes. Il nous semble même que ce petit bouquin est une bonne prescription pour les cas de dépression et d’hypocondrie.

4. Lydie, comment tous ces gens qui ne te connaissent pas
t’abordent dans les Salons, ça ne doit pas être évident... ? Je m’imagine mal en inconnu oser te demander "Bonjour, comment va votre tumeur au cerveau ? "

C’est toi qui est intimidé, moi ça va. D’ailleurs, quand je vois que les gens hésitent, je vais vers eux. C’est facile,
il suffit de sourire pour qu’ils se sentent à l’aise. Après, on parle de ce qu’ils veulent, tumeur si c’est leur truc. On peut faire cancer, aussi. On peut faire tasse de thé, amours, divorce, édition, vacances au soleil. La vie,
quoi. Tumeur, c’est pas obligé.

5. J’ai remarqué que tu étais très rieuse. Pour mieux te
connaître, quelle est ta blague préférée ?

C’est dur. Tout m’amuse. Les blagues oui, mais j’ai du mal à les retenir. Tant mieux, je peux re-rire chaque fois.
Mais dans le fond, ce sont surtout les gens qui me font rire. J’ai un bon sens de la dérision.

6. Et toi, Marie ?

Les antiphrases en général. Tout ce qui prend le contrepied du mot ou de la phrase qu’on attend. A cause de l’effet de
surprise, de la transgression aussi.

*Le cuisineur, 2 place du chien saucisse, à Marseille

Marie Despechin & Lydie, Violet, "La vie sauve", Le seuil

*Le cuisineur, 2 place du chien saucisse, à Marseille

Marie Despechin & Lydie, Violet, "La vie sauve", Le seuil