Jérome Attal, comme il se donne !

Jérome Attal, comme il se donne !

Jérome Attal se donne du mal pour nous faire du bien aux yeux et aux oreilles dans un nouvel album fort joliment packagé qui fleure bon le dandysme léger, l’épicurisme lent, le bégaiement de la vie, la séduction passive et proprement nonchalante.

Le résultat est séduisant et communicatif, en phase avec l’époque, en version lounge, bien calé dans un lecteur MP3, à écouter entre amis bien sapés en disant du mal du Tout-Paris, mais avec classe.

Un tirage sonore urbain où le jeune homme qui aimait les drames disserte et décortique sur les femmes et les secrétaires, naviguant entre les degrés de la narration, s’amusant avec les mots et les horizons d’attente.

Attal est de la famille d’un Gainsbourg et d’un Dutronc qui auraient forniqué au nom de l’art de plaire, l’art de charmer, au nom d’une véritable modernité simple et noble, efficace et précieuse.

Jérome Attal un prénom et un nom associés qui ne renvoient pas au frangin d’un acteur-réalisateur connu mais à celui d’un poète-chanteur, diariste au très joli timbre vocal qui a le mérite d’écrire mieux que ses confrères de la nouvelle génération, comme on dit.

Trentenaire élégant, il nous offre une dizaine de chansons qu’on réécoute, qu’on passe en boucle et qui sont véritablement de haute tenue.
J’avoue pour ma part avoir une vraie préférence pour « La prémonition », le titre 4 qui dégage une belle émotion lancinante.

La pochette qui met en scène Lysa Aengel et Lisa Arbellot dégage une sensualité soft de bon aloi qui laisse tout imaginer sans rien dévoiler. L’album est en cohérence avec cette image léchée de Mathieu Zazzo, les sentiments s’effeuillent un peu, avec une pudeur contenue et une originalité certaine.
Il y a une patte Attal qui dévale sur nos platines, qui s’imprègne dans nos tissus, qui s’immisce avec un bonheur certain.
Belle connivence que ce duo fort à propos avec Mélanie Laurent « Quand tu ne m’aimeras plus », voix complémentaires et justesse de ton, une mémoire cinématographique et référentielle émane de cet ensemble fort agréable à parcourir dans tous les sens.

Dans le microcosme d’Attal, les filles sentent bon, les costumes sont bien coupés, la mélancolie n’est jamais houellebecquienne. Mot juste, vrai sens du rythme, le monstre derrière la palissade est un jeu de mémoire difformant, de réflexion sur l’état d’homme, le tout à l’ego et les blessures de l’intime.

Attal raconte des histoires immortelles sans crier garde, un piano près du coeur au romantisme jamais niais, une introspection qui donne de la sensation et du sens, un champ métaphorique bien mené.

Non vraiment on ne peut qu’aimer et défendre « comme elle se donne » de Jérome Attal, on ne peut que l’encourager et que le déposer sous l’oreiller de celle qu’on aime.

Il y aura des bébés du siècle qui seront conçus pendant l’écoute en sourdine d’un disque d’Attal. Ce garçon-là est la meilleure chance pour la France de faire remonter sa courbe des natalités.

Homme actuel, sensuel, troublant. On en redemande.

Allez on termine sur un extrait de l’album qui m’est spécialement dédié (à défaut d’être remercié à la fin sans doute -rires-) :

"Nous aurons deux Noël cette année, deux Noël c’est mieux qu’une Toussaint, Joyeux Noël Frédéric".

- Merci Jérome, Joyeuses Pâques à toi aussi.

"Comme elle se donne", JEROME ATTAL, ROY MUSIC PUBLISHING (2005).

"Comme elle se donne", JEROME ATTAL, ROY MUSIC PUBLISHING (2005).