Interview : La Grande Sophie

Interview : La Grande Sophie

La Grande Sophie change légèrement de registre. Elle s’émancipe. Se fait enfin plaisir avec des chansons plus pop-rock. Ses histoires composées de grands bonheurs et de petits tracas soulignent le trait vif de cette chanteuse qui monte. « La Suite » mérite une fin heureuse sur les routes de France en compagnie d’un public toujours plus imposant.

Pourquoi avoir choisi « La Suite » comme titre d’album ?
Simplement pour dire que vous êtes fière que l’aventure continue ? Ou parce que cela semblait inespéré étant donné l’état actuel des majors ?

La Grande Sophie : « De par mon parcours, cela n’était pas joué d’avance qu’il y ait une suite ! C’est surtout pour ça que le disque porte ce titre. »

C’est un disque qui fatalement à l’écoute donne envie de vous voir monter sur scène...

La Grande Sophie : « Exactement. Le reflet de l’album c’est une différence par rapport aux précédents. Celui ci regroupe une touche des 3 autres mais il y a en plus l’énergie scénique qui me rend impatiente de monter sur les planches. »

Les personnes qui vous suivent depuis vos débuts pourront être étonnées de voir que PJ Harvey a une petite sœur en France ?

La Grande Sophie : « Je pense que de toute façon cela fait partie de l’évolution courante d’une artiste. Il y en a forcément qui seront déçus mais par ailleurs je vais toucher d’autres gens. Maintenant j’aime beaucoup PJ Harvey mais je ne peux pas me sentir proche d’elle. Elle fait des chansons beaucoup plus noires que moi. Il y a un côté beaucoup plus rock alors que moi je me considère plus pop. Notre point commun je pense, c’est que PJ comme moi nous ne sommes pas des groupes mais pourtant lorsque nous sommes sur scène il y a cette énergie de groupe. »


Est-ce que vous pensez qu’on a encore du mal à croire qu’une fille soit capable de faire ce genre de musique ? C’est très rare en France ?

La Grande Sophie : « Nous ne sommes pas nombreuses, ou sinon elles appartiennent à un ensemble. Cela ne fait pas partie de la culture française. J’ai l’impression que les gens ont tendance à focaliser sur le texte. J’essaye humblement de travailler les deux. »

La guitare fut-elle votre premier amour ?

La Grande Sophie : « C’est un instrument qui m’accompagne depuis que j’ai 9 ans. Mes guitares ont toutes leur petite histoire. Ma première offerte par mon père, ma première électrique, celle de ma première tournée... »

Vous êtes une artiste très naturelle, en comparaison aux poses que prend souvent la nouvelle chanson française ?

La Grande Sophie : « J’aime cette spontanéité. Je n’essaye pas de travailler le surfait. Nous avons par contre le même parcours. Beaucoup sont sortis de l’ombre grâce à la scène tout comme moi. »


Pouvez-vous me donner votre blind-test de vos « bonnes résolutions » de 2006 que vous n’avez pas tenu, comme c’est souligné dans votre chanson ?

La Grande Sophie : « (rire) Je suis comme tout le monde de ce côté là. J’ai tendance à prendre des abonnements aux salles de sport où je ne vais que 3 fois et après plus rien. Mais cette année je me suis dis que j’allais faire un solo de guitare ! (Rire) »


« Un Jour Heureuse » c’est la grande Sophie qui se retrouve 10 ans en arrière quand elle rêvait de devenir artiste ?

La Grande Sophie : « La chanson parle d’une quête de stabilité mais c’est aussi l’observation de ce que j’ai pu absorber. C’est le témoin d’une société dans laquelle je vis. »


Avez-vous trouvé, grâce à votre chanson « Psy Psychanalyste », les raisons de vos angoisses ?

La Grande Sophie : « Je suis effectivement quelqu’un de très angoissé. Je n’ai jamais suivi de thérapie. J’avais envie d’aborder ça dans une chanson. J’aimais l’idée qu’un fait qui peut paraître succinct dans son enfance puisse bouleverser une vie d’adulte, que cette personne soit à la recherche du bien être pendant toute une vie me trouble et me fascine tout à la fois. »

Est-ce qu’être chanteuse d’une certaine manière cela rend misanthrope si j’en crois « Je ne Changerais Jamais » ?

La Grande Sophie : « Ca dépend des fois. Ce que je voulais dans cette chanson, c’était chanter au masculin, on m’a souvent dit que j’étais une chanteuse pour fille, dans cet album j’ai voulu me mettre à la place d’un garçon. Le leitmotiv de l’album c’est une recherche du bien être. Se débarrasser de tous nos carcans. La solitude oui je peux la retrouver après une salle pleine suite à un concert et soudain être toute seule à l’hôtel loin de ma famille. »

C’est parfois difficile à vivre ?

La Grande Sophie : « Non je vous rassure c’est un bonheur. De partir en tournée, de faire le métier que l’on aime j’adore ça ! »

Dans tous les albums actuels, l’artiste se fend d’une reprise et vous n’échappez pas à la règle, en ce qui vous concerne c’est un retour sur les plages de Marseille à vos débuts ?

La Grande Sophie : « La reprise j’ai toujours aimé ça. Sur scène notamment, j’aime m’approprier une chanson qui appartient à une autre génération. Sur celle-ci j’ai cherché non pas une traduction française mots pour mots mais j’ai essayé de trouver les consonances qui puissent faire une histoire qui tient la route. C’est un vrai plaisir la reprise, parce que j’ai envie de mettre ma note personnelle, d’ailleurs je prépare une nouvelle reprise pour la tournée mais c’est un secret que vous découvrirez quand vous viendrez me voir.. »

Vous avez la chance d’avoir sur chacun de vos albums un titre ou plusieurs qui deviennent des tubes comme « Martin » ou « Du courage ». Comment fait-on pour toucher juste ?

La Grande Sophie : « Personne ne sait comment fabriquer un tube mais en tout cas j’aime la mélodie, j’ai le goût du refrain. Pour moi une chanson qui s’impose doit pouvoir se composer guitare-voix. »

Sur cet album, pouvez-vous me dire à l’avance quel titre sera votre étendard ?

La Grande Sophie : « C’est difficile à dire... toutes (rire)... par contre j’ai vraiment envie de chanter « J’aime le rock n’roll ». »

Votre récompense de « découverte scène » aux Victoires de la musique 2005 a t-elle changé quelque chose dans votre carrière ?

La Grande Sophie : « J’aurais fait un album quoi qu’il arrive. Ce qui a changé c’est que cela a crédibilisé tout mon parcours, c’était une récompense de tout mon travail. Les médias sont plus attentifs. »


Apparemment vous avez choisi « la Grande Sophie » comme nom de scène car il évoquait en vous quelque chose d’impérial ?

La Grande Sophie : « J’ai choisi ce surnom car d’un côté c’est un nom que l’on retient, qui ne laisse pas indifférent. J’aimais cette idée très contrastée du nom populaire car j’écris des chansons pour tout le monde et pas pour une élite et d’un autre côté le côté grande impératrice. »

Calogero est venu jouer de la basse sur « Egoïste » tandis que vous, vous êtes montée sur scène pour l’accompagner en première partie lors de certains de ses concerts, c’était un beau moment ?

La Grande Sophie : « C’est quelqu’un que je ne connaissais pas. Une personne très chaleureuse. Il m’a donné vraiment tous les moyens pour que je puisse faire dans les meilleures conditions ses premières parties. »