Lettre au grand perdant du Prix Goncourt 2005, Michel Houellebecq

Lettre au grand perdant du Prix Goncourt 2005, Michel Houellebecq

Mon cher Michel Houellebecq que j’aime,

J’ai appris, ce jour, aux alentours de 13 heures, heure de Paris où je déjeunais à Saint-Germain avec un gros producteur de Cinéma et quelques jolies filles siliconnées que tu ne serais pas lauréat cette année du Prix Goncourt.

Ils (les vieux du Jury) t’ont préféré ce cher François Weyergans et son livre formidable "Trois jours chez ma mère"(Grasset) qu’on attendait depuis 3 ans et qui est tout à fait divin à lire et émouvant et beau, il faut bien le reconnaître.

Il a misé sur des valeurs sûres le François, sa mère, la famille plutôt que de prendre des risques « sciencefictionnels », des enquêtes chez les sectes, des jeux de double, de triple, de miroirs et de mots.

Ayons une pensée en cet instant pour tous ceux qui ont misé sur toi, à ton éditeur, ton ex femme, ton chien Clément, les banquiers et tous les Houellebecquiens. Aujourd’hui est un jour de deuil chez tous tes lecteurs quarantenaires qui ne baisent pas, tes fans hystériques et tous les chenils de France et de Navarre. François N, Edmonde, Bernard et les autres qui t’avaient fait miroité cette récompense des professionnels de la profession doivent bien être penauds du vilain coup qu’ils ont fait à ta carrière, à Gloire, à ton égo, à ton portefeuille.

Ces amis du pilon peuvent se cacher, fuir le monde, aller habiter en Espagne ou en Irlande, ces gens n’ont pas de morale, ils n’imaginent pas combien de personnes ils vont mettre au chômage, donnant ainsi raison aux farceurs qui avaient rebaptisé ton livre « La possibilité d’un bide » au lieu de « La possibilité d’une île ».

La littérature pécuniaire, commerciale, médiatique est en berne en ce 3 novembre qui devrait désormais être une date chômée, fériée, un jour d’abstinence sexuelle ou de masturbation honteuse.

On a préféré récompenser presque un classique, un auteur mal connu au détriment de ton immense popularité qui déborde jusqu’en Allemagne. C’est moche, à quoi servent les Buzz si c’est pour finir avec cet immense échec ?

Mon cher Michel où que tu sois, je suis avec toi, toutes mes pensées vont à toi et te soutiennent pendant le drame infâme que tu vis actuellement.

Tes ennemis vont ricaner, chacun va y aller de son petit commentaire, le tout Paris des lettres va faire des vannes racistes à ton égard comme le Michel 1 de ton roman. Cruel destin sarcastique.

La France moisie pleure cet après midi, une nation de spéculateurs peu scrupuleux des Lettres vont fermer boutique, les bien-pensants vont bien penser, les bobos, les Couillons et les branchés peuvent se réjouir, on a assassiné, on a nié un mythe moderne en te refusant le Goncourt. C’est faire injure à ta célébrité qui aurait dû te donner le Prix d’office, même sans te lire.

On comprend avec cela que Bertrand Cantat de "Noir Désir" tue accidentellement sa compagne Marie Trintignant et que les voitures brûlent à Clichy-Sous-Bois.

La France a mal, la France a peur. Ce jour est à marquer d’une croix.... noire.

AFFECTUEUSEMENT à toi mon Michou !

fv

ps :
Bon depuis c’est vrai tu as reçu Le Prix Interallié mais succéder à Florian Zeller n’est pas une fin en soi dans la vie littéraire !

Infographie pour Le Mague : Julien ALLES

Infographie pour Le Mague : Julien ALLES