Interview : LOUIS BERTIGNAC

Interview : LOUIS BERTIGNAC

Qui est cet homme ? Mon premier : il a la logique d’un sage, mon deuxième il a encore le vaccin contre la variété française malgré des incursions dans le pondéré avec son dernier album « Longtemps » et la production de « Quelqu’un m’a dit », enfin il est sûrement l’un des meilleurs guitaristes rock, ou tout du moins celui qui s’impose comme tel. Ce qui fait un tout qui rend obligatoire de le voir sur scène et qui s’appelle Louis Bertignac.

Maintenant qu’il est sorti depuis une petite année, que dirais-tu de « Longtemps » ?

Louis Bertignac : « C’est un disque (sans essayer de faire trop de la promo) qui m’apporte beaucoup de bonheur. Il m’offre des chansons qui sont très agréables à jouer. Sur scène les titres du disque sont arrangés très différemment, ils sont beaucoup plus rock n’roll. Les compos me plaisent. Je les mettrais presque toutes dans mon best-of ! (rire) c’est très agréable. »

La cassure avec « 1996 » ton précédent album est nette, d’où vient ce changement ?

Louis Bertignac : « Ma vie est différente. Les choses ont changé. J’ai trouvé entre temps un amour, j’ai un bébé. J’ai envie de choses plus douces, pour moi et pour ma vie. C’est vrai que j’ai encore la gnack pour donner du rock aux gens mais je pense que le rock chez moi ce n’est pas une musique « méchante ». Je n’ai pas envie de me révolter contre quoi que ce soit, s’il m’arrive quelque chose je marche avec pour essayer de le rendre meilleur mais la révolte je ne l’ai pas à l’intérieur. »

Justement depuis la naissance de ta fille, ne trouves-tu pas que tu n’es plus obligé de t’imposer un style ?

Louis Bertignac : « Y a de ça aussi. Je fais exactement comme cela me plaît. Je veux m’amuser, amuser les gens : mon rock ce n’est plus que ça ! Il n’y a pas que la naissance de ma fille, il y a l’âge aussi donc une certaine sérénité. Je me suis dit que le succès et tout ce qui l’entoure, je l’avais déjà eu donc autant maintenant faire ce que je veux. Je ne pense plus qu’au plaisir. J’ai découvert que j’avais une maladie, je l’ai soigné, cela m’a donné du courage pour la suite. Comme si j’avais failli mourir (ce qui n’a pas été le cas), je me suis dit de toute façon ma vie a été belle, je ne regrette rien... comme je ne suis pas mort je prend tout ce qui vient comme du bonus. »

Le chanteur aurait-il enfin confiance en lui, ce qui laisse le musicien en retrait ?

Louis Bertignac : « Pas d’accord pour le musicien ! Si tu me dis que je suis à égalité entre le chant et la musique j’accepte. On peut dire que le chant fait maintenant partie de mes instruments musicaux alors qu’avant je me planquais derrière les autres. Je ne prend plus la musique comme un truc destiné à couvrir le chant. C’est vachement plus agréable. Je me posais des questions : en studio, sur le moment, cela allait plutôt bien mais il suffisait que je réécoute pour me trouver mauvais. Je commençais à avoir de gros complexes. Un jour je me suis dit que vu que je ne savais pas chanter il était temps d’apprendre à le faire comme j’aimerais vraiment. C’est venu doucement. Grâce à ma douce, à Carla qui me disaient d’arrêter de crier et de me laisser aller avec la voix que j’avais afin de ne pas forcer ma nature. »

Ta culture anglo-saxonne finalement ne t’as t’elle pas desservie jusqu’à aujourd’hui ?

Louis Bertignac : « A certains niveaux c’est certain. Le chant par exemple. Au niveau de la musique pas du tout car c’est de cette culture qu’est venu ma base mais c’est vrai que j’ai toujours essayé d’imiter Lennon, Mac Cartney qui avaient des voix beaucoup plus haut perchées que moi. Je ne comprenais pas pourquoi je n’y arrivais pas : c’est aussi pour ça que je me disais que j’étais mauvais. En anglais j’y arrive très bien par contre en français je dois chanter plus grave pour que ça aille. Je n’aurais pas entendu les Beatles au début, la barre que je me plaçais aurait été moins haute. Mais ce n’est pas grave, cela fait partie des expériences de la vie. »

Savais tu à l’avance si ta collaboration avec Carla Bruni pouvait avoir le même écho pour ton disque que pour le sien ?

Louis Bertignac : « Ce n’est pas possible. Carla c’est bien spécial. Je ne peux pas vendre autant de disques qu’elle, pas avec la musique que je fais. »

Mais pourquoi ?

Louis Bertignac : « Parce que ma musique ne peut pas être destinée à autant de gens. Il y a beaucoup de personnes qui considéreront que Bertignac fait mal aux oreilles. Les groupes de rock, même les Stones n’ont jamais été de gros vendeurs. Ils sont énormes mais en terme de ventes, en France, tu ne dépasses pas 100 000 albums. Carla a un public extraordinaire. Tout le monde l’aime, en même temps ses titres c’est ma musique et c’est moi qui la joue (rire). C’est paradoxal. Je ne joue pas pareil pour elle que pour moi, quand c’est pour elle c’est mon côté variété qui ressort. J’aime bien le faire. C’est mon côté doux. Pour moi j’ai envie d’un truc qui bouge. Il y a beaucoup de titres de « Longtemps » que j’arrive à faire très rock mais « Quelqu’un m’a dit » je ne pourrais jamais ! »

N’avais-tu pas peur que de ses paroles vers ta musique cela soit moins convainquant pour ton public qui te connais depuis longtemps ?

Louis Bertignac : « Mon public aime beaucoup. Parce qu’ils me retrouvent dedans. Ce n’est pas étonnant, on se connaît bien avec Carla, c’est une vieille histoire entre nous. Elle ne peut pas faire de contresens sur ma vie, ni modifier ma façon de voir les choses mais en plus avant qu’elle commence à écrire je peux lui demander vers quelle direction elle doit écrire. Je me retrouve avec des textes qui sont très proches de ma manière de penser. Ma base qui me suit depuis le début sait que cela me va comme un gant. »

Bertignac.com est un vrai bijou, tu es l’un des rares artistes à t’occuper profondément de ton site ?

Louis Bertignac : « Tu as vu les forums ? Quel bonheur ! »

Justement, tu as installé plusieurs forums : un love forum, un forum social, un forum zique et même un forum de recherche d’emploi ?

Louis Bertignac : « Ce n’est pas moi qui le fait vivre, ce sont mes internautes. C’est incroyable. Ecoute ça fait longtemps que je n’ai rien fait de nouveau personnellement sur mon site mais j’y vais tous les jours vu que tous les jours il est différent. Certains sont même devenus des potes. Je me suis fais des amis grâce à internet ! »

Apparemment dans un concert tu as dédicacé une chanson en fonction d’une histoire que l’un des protagonistes avait laissé traîner sur le site ?

Louis Bertignac : « Je suis assez proche, je les lis, je leur répond parce qu’il y a des mecs bien. Le plus incroyable c’est que généralement sur ce genre de truc tu dois t’abonner, tu dois laisser ton nom alors que là n’importe qui peut venir écrire n’importe quelle connerie, tu fais ‘entrer’ et hop cela s’inscrit automatiquement. Hé bien, sans police autour, sans contrôle, il y a très très peu, il n’y a presque jamais eu de bordel. Je suis estomaqué ! »

Dans ton album tu parles de la télé, n’as tu pas l’impression que l’image est devenue prépondérante même pour un musicien ?

Louis Bertignac : « J’en sais rien. J’ai fais beaucoup de promo parce que je suis tombé sur une maison de disques qui a pris ça a cœur et qui a bien travaillé. Cela n’a pas changé ma musique, je ne suis pas sur que cela ai amené beaucoup de gens aux concerts car ils étaient déjà plein il y a 8 ans. Le bouche à oreille a été énorme. Le site aussi. Les MP3 que je mettais également ont du aider. Pour l’image je ne suis pas sur que cela m’apporte beaucoup de chose quand je vais faire une télé. C’est un exercice obligatoire. C’est le même principe que ma voix j’ai été gêné avec cette promo. J’ai commencé avec Higelin et c’était lui qui répondait aux questions, ensuite dans Téléphone c’était rarement moi car je n’étais pas assez rapide (rire) et donc quand ça été mon boulot et que cela m’est tombé sur la gueule ces interviews, je me demandais comment je devais être, etc... mais il m’a fallu longtemps pour comprendre qu’il fallait juste être rien du tout et rester naturel. »

Tu es natif d’Algérie et j’aurais aimé savoir si tu pensais aller donner quelques concerts là-bas ?

Louis Bertignac : « Oui j’aimerais bien. Ce n’est pas un pays facile pour l’instant mais j’aimerais les stimuler pour les emmener vers des choses plus relax, plus sympathiques donc rock n’roll. » 

Plus dans l’esprit du Népal ton pays d’adoption ?

Louis Bertignac : « Le Népal j’en prends plein la tête. Ils n’ont pas besoin de moi eux ! J’ai plutôt à apprendre d’eux que l’inverse. Cela m’éclate de les voir se trémousser et rigoler quand je leur joue du rock. En Algérie ils ont peut être plus besoin de moi. Au Népal on y retourne en février pour faire le ‘rock Népal 2’. »
Le premier concert est en bonus sur ton album d’ailleurs ?
Louis Bertignac : « C’est un beau bonus ! »

Si dans vingt ans ta petite fille te demande de quoi tu auras été le plus fier, tu répondrais quoi ?

Louis Bertignac : « D’elle je crois ! Je la trouve merveilleuse comme sa maman. A par elles, évidemment là où je suis le plus fier c’est d’avoir osé me lancer là dedans. Parce que ce n’était pas évident de faire de la musique quand j’avais 15 ans. Tous les adultes me disaient de trouver un job, et je me suis dis que je m’en foutais, je devais jouer ma chance à fond. J’y suis allé et merci Louis d’avoir été un peu courageux à ce moment là. »

Avec l’obligation d’avoir ton Bac avant ?

Louis Bertignac : « Mes parents m’avaient promis que si j’avais le bac ils arrêteraient de m’emmerder.... Je l’ai eu la seconde fois. Et après, grâce à la musique : que du bonheur. »

LOUIS BERTIGNAC sur le NET

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