Camille : été passionné, initiation érotique...

Camille : été passionné, initiation érotique...

Il arrive souvent que la littérature érotique pèche par un excès de métaphores grotesques, jouant sur l’interdit, amassant les fantasmes. Dans son dernier roman, Camille, Léo Barthe - pseudonyme de Jacques Abeille - résiste merveilleusement, et pour notre plus grand plaisir, à cette facilité.

Gérard se remémore, rembobine et retisse tout, mot après mot, corps contre corps, cette douce et chaude saison d’été, qu’il partagea avec Camille, maître ès des affres de l’amour et du sexe pour le jeune puceau ignorant qu’il était à l’aube de ses dix huit ans.

Peu après la révolution française, il vit en province chez son oncle, et mis à part sa passion pour la peinture qu’il exerce quotidiennement, il mène une vie retranchée et monotone. Jusqu’au jour où il recueille un jeune noble, Camille, victime d’un accident. D’abord camarade de jeu, cet hôte devient bientôt un partenaire de récréations coquines, et initie rapidement Gérard à l’amour physique tout en devenant le modèle de ses tableaux.

Au fil de l’histoire, Camille se révèle finalement maîtresse... une belle et jeune femme d’une vingtaine d’années, à la peau blanche, aux fesses rebondies, aux seins doux. Une première révélation qui sera suivie de bien d’autres, qui ponctueront pour Gérard, sa découverte de l’érotisme, de son propre corps, de ses désirs, de l’extase.

Léo Barthe mêle, avec subtilité et intelligence, les termes les plus crus du vocabulaire charnel, au fin langage du siècle des Lumières, post révolution française.

Habité des « choses » du corps et du cœur, il appelle, il faut le dire, un cul un cul, décrivant avec une troublante véracité, mais non sans finesse, les jeux sensuels et charnels des protagonistes, jusqu’au-boutistes.

Malgré ce saisissant réalisme qui transpire à chaque page, le Camille de Barthe échappe à toute exhibition gratuite, tout voyeurisme, en restant sans concessions, sans fausse pudeur. Le lecteur se délectera de ce récit audacieux.

Les férus d’une littérature érotique forte, brillante, sans être inaccessible, seront emballés, transportés par ce roman. La rareté de ces belles-lettres érotiques ne rend que plus délicieux le livre de Léo Barthe. Certains y feront même peut-être d’intéressantes découvertes qui pourront venir pimenter leurs vies amoureuses ...

Camille, de Léo Barthe. Sortie le 20 octobre 2005, aux éditions La Musardine, 17€50.

Camille, de Léo Barthe. Sortie le 20 octobre 2005, aux éditions La Musardine, 17€50.