Prenez une base hip hop. Ajoutez une rasade d’électro et une bonne dose de world music. Agitez en rythme et vous obtenez un cocktail inédit. A 27 ans, Kwal semble avoir déjà vécu plusieurs vies. Violoniste de formation, collectionneur touche-à-tout d’instruments traditionnels, cet auteur-compositeur-interprète est aussi un grand voyageur. Pas de ceux qui se font photographier dans les piscines des grands hôtels des pays « en voie de développement ». Non. Quand Kwal va en Inde ou en Afrique, ce n’est pas pour faire du tourisme. Ses rencontres humaines et artistiques nourrissent ses créations... et ses colères.

Son ouverture à l’Autre est totale. Il apprendra même le bamanan pour rendre hommage au peuple malien dans un rap qui fera date. Tout ça sans jouer au donneur de leçon : « Je ne suis qu’un toubab venu vers vous en amitié, » assure-t-il dans Ciwara. Pour La Rue, il fait intervenir le groupe rap Guerebou Kounkan qui est la voix des enfants des rues de Bamako. Les droits du morceau sont d’ailleurs reversés à un projet d’aide aux enfants. Dans Concerto en lutte, soutenu par un ensemble de cordes, Kwal plaide pour la cause palestinienne avec un texte puissant et grave.

Avec Shéhérazade, nous est proposé un conte en mille et un ennuis où une femme décide de briser ses chaînes après avoir broyé du noir pendant mille et une nuits blanches. Comme pour bien souligner l’universalité des combats à mener sur Terre, huit langues (bambara, espagnol, peulh, kabyle, français, arabe, hongrois, anglais) ont été réunies sur le rap Babel. En lui-même, l’album Mogo Ya (L’Ame humaine) rassemble douze langues et vingt-huit musiciens venant d’Inde, d’Afrique, du Maghreb, d’Andalousie... qui amènent des touches musicales (sanza, balafon, guitare flamenca, sitar, tablas...) rarement présentes sur la scène hip hop. Et puis, il y a Des Fleurs. Un texte fleuve qui pourrait rappeler à certains les grandes performances poétiques de Léo Ferré, du temps d’Il n’y a plus rien ou de Basta ! Un moment bouleversant sur le deuil, ponctué de chœurs déchirants.

Au-delà de l’excellent CD, Kwal va présenter, le 21 octobre, à la Villette (Paris), une création unique. L’événement propose une adaptation acoustique des titres de Mogo ya sur lesquels interviendront des danseurs palestiniens, flamenco et contemporains, un trio de cordes et un human beat boxer. Des musiciens français, arabes, andalous, indiens, maliens, brésiliens seront présents également. Un méli-mélo artistique comme on les aime.

Kwal, Mogo ya, Naïve/2005.

Plus d’infos sur www.kwal.net

Prochaines dates : 21 octobre à Paris (La Villette), 22 octobre à Agen, 2 novembre à Aubervilliers, 12 novembre à Montauban, 13 novembre à Perpignan, 16 novembre au Mans, 18 novembre à Carcassonne, 19 novembre à Montpellier, 20 novembre à Bazouge, 22 et 23 novembre à Vienne, 24 novembre à Nantes, 26 novembre à Lorient, 3 décembre à La Roche sur Yon, 10 décembre à Rennes, 17 décembre à Angers...