Vous n’avez pas pu ne pas entendre parler de la SNCM que le gouvernement veut refiler aux fonds de pension américains mais ce que l’on ne vous dit pas, c’est que le vautour Butler amène 35 millions d’euros sur la table pour une entreprise dont les actifs sont estimés à 450 millions. De plus, Butler a obtenu du gouvernement une clause résolutoire : " si le périmètre de la délégation de Service Public change lors de son renouvellement, prévu l’an prochain, le financier reprend ses 35 millions et s’en va ".

Là, si on tient pas le champion du monde de l’arnaque, on a au moins le podium ! ... encore plus fort, Corsica Ferries, qui est une boîte totalement privée, touche une " aide sociale " de 10 millions d’euros par an et ce sans aucune délégation ou de mission de Service Public. Donc, quand on vous dit que les marins de la SNCM, en lutte depuis pratiquement un mois, sont des voyous, je vous invite à réfléchir de quel côté de la barrière sont réellement les voyous.

Passons au cas d’EDF que je connais particulièrement bien puisque j’y travaille depuis bientôt 25 ans ... Le gouvernement actuel qui était à fond pour la privatisation commence à se poser sérieusement des questions quant à l’opportunité d’ouvrir le capital de l’entreprise à des capitaux privés, même si l’idée continue à tourner en tache de fond. Le dandy diplomate qui fait actuellement office de premier ministre de ce pays a eu l’air fort embarrassé, lors de sa dernière prestation télévisée, quant à cette ouverture de capital.

Lui, qui est habituellement si friand d’envolées lyriques s’est retrouvé complètement sec face à cette question. Alors, pourquoi ? ... Et bien, c’est simple, les campagnes d’information du public faites par tous les syndicats confondus comment à porter leurs fruits et les français, qui sont moins cons que les anglais sur le sujet, rejettent en masse ( 85 % ) le projet de privatisation. Le peuple a bien compris que ce serait nocif pour lui, nocif pour le Service public, nocif pour le prix de l’électricité, et surtout nocif pour la Sûreté de nos centrales nucléaires.

Notre boulot, c’est de fabriquer de l’électricité de meilleure qualité possible, dans des conditions de sûreté irréprochables, et au même prix pour tout le monde dans le pays, que l’on habite en plein centre d’une grande ville ou au fin fond du Larzac. C’est l’essence même du Statut de l’entreprise. Notre boulot, ce n’est certainement pas de faire gagner du pognon à des fonds de pension américains qui vont se précipiter sur l’aubaine.

D’autre part, la vraie question est-elle le contrôle de l’Europe de l’énergie en exacerbant la concurrence ou une Europe de l’énergie qui favorise l’édification de moyens de production, de transport et de distribution répondant aux évolutions et aux attentes des peuples, tout en privilégiant l’environnement ?

Alors, comme l’opinion publique n’accroche pas au projet, on appâte de l’intérieur. Depuis septembre, les Directions d’EDF " informent " les salariés, des cinq formules " alléchantes " destinées à faciliter l’achat d’actions par les agents (actions gratuites, abondement, prêts, facilités de paiement, etc...). Seule une infime minorité du personnel, dont fait partie votre serviteur, refuse de participer à ces présentations qui tiennent, à mon sens de la manipulation. En effet, on n’y entend jamais parler de réduction des effectifs, réduction des rémunérations, externalisation étendue des activités de maintenance des centrales vers des entreprises privées et un Service Public réduit à la peau de chagrin et vidé de toute sa substance.

De plus la direction de l’entreprise chante à qui veut bien l’entendre que le résultat net de 2005 sera d’environ de 2,6 milliards d’euros . Comme disait ma grand-mère, " on attire pas les mouches avec du vinaigre " ... mais alors, si les résultats sont si bons, si la situation est aussi confortable, pourquoi ouvrir le capital d’EDF et, à terme, privatiser ? La réponse est la suivante : par pur dogmatisme politique libéral.

Alors, mes chers concitoyens, il ne fait aucun doute que dans les prochaines semaines ou les prochains mois, vous allez être sollicités, dans la rue, à l’entrée des hypermarchés, un peu partout en fait, par des agents de VOTRE entreprise de production et de distribution de courant électrique, pour un soutien fort et sans aucune ambiguité contre la privatisation, de ce que tout le monde s’accorde à considérer, comme le meilleur énergéticien du monde. N’hésitez pas une seconde à signer une pétition si on vous le demande ...

Rappelez vous les tempêtes de 2000, nous avons été la pour vous, que vous soyez en pleine ville ou au fond d’une campagne perdue, sous un mètre de neige, au nom du Service Public. Maintenant, c’est le Service Public qui a besoin de vous pour pouvoir continuer à être là, quand vous avez besoin de nous, n’importe où, n’importe quand et dans n’importe quelles conditions.