"Le musée de l’homme " de David Abiker

"Le musée de l'homme " de David Abiker

Depuis que David Abiker existe médiatiquement je me sens moins seul, car un type qui a presque mon âge (en fait il a quatre ans d’avance, ce qui me console un peu et me fait espérer le rattraper et le dépasser en 2010) souffre des mêmes symptômes chroniques que moi et n’a pas honte de les exhiber dans un livre qui n’a, fort heureusement, pas encore été interdit par la Censure, le Ministère de l’Intérieur des ménages ou le planning familial.

Abiker est le subversif que je n’ai jamais osé être, il est notre Coluche de plume, il écrit tout haut ou dit dans le Poste ce que nous pensons tout bas, et c’est tant mieux car c’est lui qui va prendre des coups à notre place.
Des milliers de trentenaires applaudissent. Un groupe oublié espère à nouveau, a trouvé un meneur, un modèle de courage, d’honnêteté subjective et capable de drôleries en cascades lucides.

N’ayons pas peu d’être laudatif et de prendre notre dictionnaire de superlatifs, David Abiker est le porte-parole d’une Génération. Il est ce trentenaire archétypique qui dirait nos mots/maux mieux que nous, avec un grand sens de la formule et une inénarrable faconde fédératrice et « déconnante ».
La seule différence, c’est qu’il est bien plus malin et plus opportuniste (dans le bon sens du terme), car lui vient de faire de son expérience de vie une compilation enlevée, un livre rigolo et bien mené tandis que nous, du coup, on sent un peu nos vies disséquées pour la postérité. Des souris de laboratoire offertes à une étude littéraire et sociologique innommable et délirante où l’on n’est pas toujours à notre avantage, même si le tout est assez bienveillant tout de même (OUF !).
« Le musée de l’homme » est un bouquin qui nous parle et dans lequel on se reconnaît, c’est déjà assez rare pour le souligner.

Combien sommes-nous dans ce monde moderne à être comme cela ? (si on est pas mal, ce que je crois, Abiker va se faire un max de tunes avec ce livre croyez-moi car c’est taillé pour nous, du sur-mesure, service trois pièces + un garage de souvenirs nostalgiques jubilatoires)
Enfants des années 70, élevés au « name droping » et à la Culture télé, ayant lu un peu et beaucoup regardé la télévision puis ayant multiplié les expériences sexuelles pour arriver à ce moment fanatique de la vie de couple où l’on devient pères et où tous les repères changent, nous sommes la véritable cible de ce premier livre jeune et moderne « Musée de l’homme, Le fabuleux déclin de l’empire masculin ». (subtile contraction entre "Le fabuleux destin d’Amélie Machin" et le merveilleux film « Le déclin de l’empire américain »)

Cet esai-roman qui se compose de saynètes dans la verve des chroniques d’Abiker à la télé et à la radio raconte le fabuleux destin moderne d’un père de famille (de filles) qui regarde le monde avec une sorte de cynisme amusé, un ton pamphlétaire et un indéniable sens de la formule percutante et juste.
Le narrateur qui va au charbon, et qui semble avoir bien des points communs avec l’auteur de ce guide inclassable, nous parle de choses bien essentielles et pourtant souvent réduites au silence par la société des médias. Le danger d’extinction d’un genre couillu.

Celui qui n’a pas encore été père ne peut comprendre la pandémie de cette maladie nouvelle et inquiétante qu’est la bronchiolite, n’imagine pas que l’on ne devient papa stressé effectivement qu’au troisième mois de grossesse de sa femme, que l’on prend 5 kilogrammes minimum et que le quotidien devient un drame permanent à l’équilibre précaire où tout se mélange bizarrement.
Dans l’immense champ référentiel des trentenaires, le réconfort vient alors souvent de la main tendue d’un vieil héros de série télé comme Charles Ingalls ou le souvenir rouge et blond des courses effrénées de Paméla Anderson dans « Alerte à Malibu ».

Le musée de l’homme » en plus d’être un livre de témoignage de premier ordre est une encyclopédie fortement érudite qui vous apprendre en outre ce qu’est un Patch « Beauty Fly » acheté au téléachat, la bonellie verte et mille autres choses qui peuvent vous sauver de la morosité ou d’un quotidien un peu tristoune.

Il y a fort à parier que les lecteurs du Mague trouveront en cet ouvrage original, festif et plein d’enseignements, un nouveau livre de chevet. Un guide de survie du trentenaire qui amuse, et rassure sur sa propre condition personnelle.
Un livre résistant et poilant qui fait du bien partout. A consommer sans plus attendre.
Un livre qui pourrait sauver, à lui seul, la société de la consolation.

Enfin un livre utile qui aurait sans doute pu éviter des drames domestiques comme la mort de Marie Trintignant ou l’emprisonnement de Bertand Cantat. Une bible moderne pour athées, un hymne républicain par temps de Dictature, un chant masculiniste de toute beauté.

Disponible dans toutes les bonnes pharmacies.

"Le musée de l’Homme, le fabuleux déclin de l’empire masculin", David Abiker, Editions Michalon, (2005), 265 pages, 15 euros
Sortie : le 13 Octobre.

Achetez ce livre sur Amazon.fr

"Le musée de l’Homme, le fabuleux déclin de l’empire masculin", David Abiker, Editions Michalon, (2005), 265 pages, 15 euros
Sortie : le 13 Octobre.

Achetez ce livre sur Amazon.fr