Les restos de l’écoeur !

Les restos de l'écoeur !

Hier a été fêté le vingtième anniversaire des restos du coeur. Ce que Coluche avait imaginé temporaire prend un caractère nécessaire et cruellement définitif ...
Et oui ... 20 ans ... putain, 20 ans ! 20 longues années, 20 hivers de malheur pour de pauvres gens.
Je m’en souviens comme si c’était hier de l’image de Coluche, devant la tente du premier resto expliquer au JT de 20 heures le but et la mission qu’il se fixait ... donner à manger à ceux qui n’ont pas de quoi se nourir avec l’objectif de dissoudre l’association dans les quelques années suivantes ... 20 ans.

20 ans où pas un gouvernement, qu’il soit de droite ou de simili gauche, n’a fait quoi que ce soit pour que la misère honteuse et insoutenable dans laquelle vivent certaines personnes dans ce pays ne soit éradiquée ... Il y a bien eu la loi Coluche qui permet de déduire les sommes versées à certaines associations caritatives des impôts mais, n’a t-elle pas été faite pour que la charité publique ne se substitue encore un peu plus au financement de l’état.

J’ai bien écouté la radio hier, bien regardé les infos à la télé pour voir qui, parmi les politiques allait oser en parler de ces 20 ans ... Naïvement je me disais que le gouvernement allait faire un geste pour palier à la diminution incessante des subventions, notamment européennes concomitante à la hausse également incessante de la demande. J’ai entendu le silence, un silence assourdissant, le silence de la honte. Ils peuvent, en effet tous avoir honte de leur attitude de mépris vis à vis de la misère, de la précarité, tout simplement de l’homme. Par contre, hier soir, j’ai entendu Sarko présenter un plan ultra sécuritaire soit disant anti-terrorisme ... lui, on l’a bien entendu, une fois de plus sur un chaîne du service public et en " prime time " comme disent les initiés.

Alors, on va repartir pour un long hiver où on va nous expliquer que donner de l’argent, c’est bien, ça aide, ça permet à des gens de manger, certes mais, ça sert surtout à nous donner bonne conscience ... je donne de l’argent, je sacrifie quelques euros pour la bonne cause et je me dégage de la lutte, je la délègue aux spécialistes du " j’ai toujours la gueule ouverte ", ils savent faire ça mieux que moi et puis bon , j’ai quand même payé 5 ou 10 repas pour nos pauvres alors c’est bon. Ca aussi , c’est un truc qui a le don de m’énerver !!! . Les gens qui n’ont pas de quoi bouffer dans ce pays , ils n’attendent pas du pognon ou alors juste pour gérer l’urgence, ce qu’ils attendent, c’est que les gens comme moi, qui ont eu le fion quand ils étaient jeunes de se trouver une bonne gache, dans une grande entreprise où on peut évoluer un peu, qui ont la satisfaction de rentrer chez eux le soir et de pouvoir donner à manger à leurs gosses, se bougent le cul pour que tout le monde ait un boulot associé à un salaire décent juste pour pouvoir vivre dignement. Mais cela n’arrivera jamais, le Français est persuadé que la révolution se fait dans les isoloirs et ce n’est hélas pas le cas !

Alors préparez vous mes chers amis lecteurs, préparez vous bien à entendre le sempiternel discours hivernal de nos journalistes à la botte, on va encore vous ressasser que, quelque part, en bas de chez vous peut-être, un homme est mort de froid, en pleine nuit sous son carton, comme un animal. Quand vous entendrez ce discours, s’il vous plait, repensez à ce modeste article et dites vous que cet homme n’est pas mort de froid, qu’il est mort de misère, devant notre société de pays riche. Réfléchissez, prenez conscience et si vous vous sentez d’attaque, prenez la résolution de faire quelque chose, même un tout petit quelque chose, comme par exemple, descendre dans la rue avec les " j’ai toujours la gueule ouverte " quand on vous y appellera. Vous aurez peut-être mal aux pieds le soir mais alors, vous verrez comme votre tête ira bien !