Derensy a lu "La possibilité d’une île" de Houellebecq !

Derensy a lu "La possibilité d'une île" de Houellebecq !

Je tenais à prendre la parole sur le dernier « Houellebecq ». Pourquoi ? Parce qu’à trop tirer sur la corde de la provocation, l’auteur (ou plutôt sa maison d’édition) pourrait finir par lasser le lecteur.

Le « Je » ici utilisé, prouve que mon point de vue est subjectif, il n’engage que moi, tout en restant objectif sur le fond car je n’ai pas laissé ma déontologie dans le placard à balais de mes chroniques payées pour la forme.

Alors tirer le positif de ce livre n’est pas très compliqué. Première chose à évoquer : ce dernier livre est à relier directement avec l’humour de son premier « Extension du domaine de la lutte ». Houellebecq ne se perd jamais, son récit suit un fil tendu qui sonne juste et de façon très claire. Disons que derrière sa sociologie de comptoir, rien ne lasse et ne laisse de marbre. Il est sûrement le meilleur écrivain contemporain qui arrive à dépeindre une société déshumanisée, bref pour qui aime rire jaune de tous nos défaut ce livre est un régal.

Réglant le compte de la femme (vieillissement donc affaissement du corps donc mort inévitable, des sectes (joujou pour métro-sexuelles), des religions monothéistes (sa manière de décrire le déclin des intégristes est une merveille) il transporte son narrateur d’un "Daniel 1" vivant en 2005 en compagnie du seul être qui compte et qui peut lui donner de l’amour : son chien, a un Daniel 25 pour reprendre sa marotte du sur-homme, du clonage inévitable...

Jouant donc entre roman d’anticipation et recul sur le moment présent, MH est un auteur polymorphe, un caméléon dont on dégage tour à tour du Céline (si ! si !), du Léautaud (misanthropie et aversion pour la marmaille), du Djian (description parfaite d’une époque qui le dépasse) et s’en donne à cœur joie dans le name-droping matériel à la Ellis.

Véritable acteur de son sujet il permet de comprendre entre les lignes tout ce qui fait son succès. Acte courageux de dénonciation de sa propre mythologie, il virevolte de page en page pour dénoncer ses travers que certains diront de porc et les plus courageux (ou les plus éclairés) comprendront comme un testament définitif au monde moderne.

Bizarrement c’est lorsqu’il évoque l’amour qu’il est le plus poignant, c’est lorsqu’il purifie sa prose que le récit prend tout son sens.

A mettre entre toutes les mains.

Michel Houellebecq, La Possibilité d’une Ile, Fayard

Michel Houellebecq, La Possibilité d’une Ile, Fayard