Dans un territoire nouveau qui rend ridicule et fat tous les débats sur l’autobiographie, l’autofiction ou que sais-je encore, Arnaud Pelletier livre ici les morceaux choisis d’un parcours où l’idéalisme côtoie la désillusion, où un Arthaud moderne se confronte à une vie faite d’incompréhensions et de visions saisissantes.
Rencontres avec des anges tarentules, des textes mystiques héritiers de sortilèges séculaires, V.I.T.R.I.Ø.L n’épargne rien ni personne, il se lit la peur au ventre. Sa lecture est, tout, sauf anodine. Elle marque au fer rouge.

V.I.T.R.I.Ø.L est emprunt d’un magnétisme saisissant, ce court texte se lit, relit dans tous les sens et devient comme un chant énigmatique et précieux, une prière au soleil noir.
V.I.T.R.I.Ø.L est un récit qui laisse des traces, qui s’insinue dans nos mémoires, qui squatte nos esprits pour de longues heures.

L’objet, un petit livre noir et sang de 61 pages est un objet littéraire de tout premier ordre, une fulgurance visionnaire et anticipatrice, le testament d’un auteur ultrasensible, disparu trop tôt mais qui aura laissé à notre intention le plus fascinant des poèmes en prose de sa génération.
V.I.T.R.I.Ø.L est un ovni littéraire dont on a envie de s’imprégner, de se nourrir, un monologue qu’on a envie de scander, de réciter, de crier sur toutes les scènes de théâtre ou de la vie.

Ange, démon, génie monstre, pervers, fantasque, audacieux, désespéré, Arnaud Pelletier joue tous les rôles dans cette comédie cruelle qui réchauffe les cœurs autant qu’elle fait froid dans le dos, qu’elle fait réfléchir ou nous désarçonne.
Ses héroïnes se parent des plus belles robes syntagmatiques, l’amour est beau et impossible, le drame est latent, à chaque interligne et la Folie rôde avec la Camargue dans une danse curieuse et tragique.

Et puis il y a cette écriture, cette maîtrise absolue de la narration, cette simplicité bouleversante et admirable de la phrase juste qui aurait trouvé son meilleur accent de modernité.
V.I.T.R.I.Ø.L est déjà un livre intemporel, il échappe à toute logique habituelle. Le papier a fixé un message immémorial. Sachons défendre ce texte et le faire aimer.

V.I.T.R.I.Ø.L, jeté à la face de l’humanité stigmatise toutes les beautés et les laideurs de ce siècle. Il est un témoignage générationnel.

V.I.T.R.I.Ø.L, Arnaud Pelletier, Editions Caméras Animales, 62 pages, 12 euros.

Le site de l’éditeur