Interview : Henry-James Saniez (écrivains en ligne)

Interview : Henry-James Saniez (écrivains en ligne)

Ecrivainsenligne.com est très certainement une des meilleures idées nouvelles du web littéraire. Son concept est simple, lumineux, très attractif et rudement bien pensé. Il permet, en effet, d’offrir aux internautes la lecture, contre une somme modique, de Nouvelles inédites (20 à 30 pages maxi) d’écrivains connus, reconnus, publiés dans de grandes maisons d’édition.
Au Mague, nous avons voulu saluer cette belle initiative cybernétique et surtout en savoir plus sur son créateur Henry-James Saniez. Entretien.

1. Bonjour Henry-James Saniez, je suis ravi de vous accueillir sur le Mague. Vous êtes le gérant de la Société "Ecrivains en ligne" qui édite le site du même nom. Quelle est la genèse de cette aventure cybernétique et littéraire ?

Tout le plaisir est pour moi. La formule n’est pas très originale mais néanmoins sincère. Cette aventure a commencé comme beaucoup d’autres : par une simple idée. Elle même est née d’un constat : les sites de téléchargements légaux de musique fleurissent un peu partout sur le web. Sony, La Fnac, Virgin, pour ne citer qu’eux sont présents sur ce marché.
Peut-être pouvons-nous télécharger autre chose que de la musique ? De la littérature par exemple ? Cette idée a fait son chemin et s’est concrétisée sous cette forme : téléchargement de nouvelles inédites d’écrivains édités par ailleurs.

2. Comment avez-vous réussi à convaincre des auteurs connus et déjà publiés par de grandes maisons d’édition de vous suivre dans cette publication on-line de nouvelles inédites ?

En leurs demandant directement ! Au passage, je salue les quinze premiers écrivains qui m’ont fait confiance sur présentation d’une simple maquette de la page d’accueil du site, notamment : Anne Bragance, Claude Duneton, JP Blondel, C.Thibert, Isabelle Minière, Frédéric Chouraki, Fanny Chiarello, Renaud Dogimont etc... Ces trois derniers ont d’ailleurs écrit une nouvelle spécialement pour le site, après un seul rendez-vous ! Mon idée de départ était de considérer que la plupart des écrivains ont dans leurs tiroirs des textes qui n’ont jamais été publiés pour diverses raisons mais qui ont une qualité littéraire certaine. Après quelques retouches, on peux les faire vivre en les mettant en ligne...

3. C’est un pari audacieux de croire en la Nouvelle francophone alors qu’on dit toujours que le public français et ses voisins ne sont gère clients de cette forme qu’ils considèrent souvent comme un sous-genre littéraire ?

Je ne suis pas du tout d’accord pour considérer la nouvelle comme un « sous-genre » pour ne pas dire une « sous-littérature ». C’est un exercice de style à part entière. Il n’est pas facile de plonger le lecteur dans une histoire et de le passionner sur quelques pages.
Cependant, il est parfaitement vrai que la nouvelle ne se vend pas bien en France (A part le recueil d’Anna Gavalda). Pour ajouter une difficulté supplémentaire : on ne peut pas dire que la littérature en ligne connaisse un franc succès jusqu’à présent.
Cependant je pense que le format court est pourtant bien adapté à Internet. On peut lire directement à l’écran ou imprimer rapidement. De plus, j’ai un concept à ce sujet qui va faire bondir les défenseurs de la langue française mais qui est parlant : le « Snacking littéraire ». Comme une barre chocolatée, la nouvelle peut être « consommée » à plusieurs moments de la journée. Le format permet une lecture en moins d’une demi-heure. On peut donc la croquer et se faire plaisir entre deux activités. Cela n’empêche en rien de retrouver un bon roman dès que l’on a plus de temps libre.

4. Quel est votre rapport avec les maisons d’édition, ont-elles accueilli votre arrivée avec réticences. Traitez-vous avec les auteurs directement ou bien les éditeurs ?

Je n’ai eu aucune réticence de la part des éditeurs. J’ai envoyé des dossiers de présentation à la plupart d’entre eux je n’ai reçu aucune lettre d’insultes ! Le site est une vitrine pour les auteurs participants. L’idée est que la lecture d’une nouvelle peut donner envie de mieux connaître son auteur et d’acquérir ses livres « papier ». J’ai moi-même découvert beaucoup d’entre eux par l’intermédiaire du site. Mais je sens que ce sera l’objet de votre prochaine question !
De plus, une fiche est établie sur chaque auteur avec des éléments de bibliographie mais aussi ses actualités : sortie de livres, présence dans des salons etc...
Vous aurez compris qu’il ne s’agit en aucun cas de concurrencer le livre papier, qui reste le support royal pour la littérature mais de participer modestement à sa promotion par un biais ludique. Il n’y a donc pas de raison que les maisons d’édition soient opposées à ce projet.
Pour répondre à votre seconde question, les contrats sont signés directement avec les auteurs.

5. Quelles sont les belles découvertes humaines et textuelles que vous avez faites depuis la création "d’écrivains en ligne" ?

J’ai découvert plusieurs auteurs. Deux m’ont particulièrement interpellé : Jean Marie Cantonné (Plon) dont la nouvelle sur le site excellente et Arnaud Bordès pour son originalité. Plus généralement, je n’avais pas lu les livres d’une majorité des auteurs du site. Les découvertes sont donc nombreuses. Les textes que je préfère sont dans la rubrique « coups de cœur ». L’une de mes activités sur le site est de prendre contact avec les écrivains (quel métier difficile !!!). Ce sont des gens très intéressants. Chaque rencontre est humainement enrichissante.

6. La nouvelle érotique a le vent en poupe et cela s’est amplifié avec le phénomène des blogs, allez-vous développer ce département thématique ?

J’ai déjà une rubrique dédiée. Elle compte peu de textes pour l’instant. Mais je tiens à la développer au même titre que les autres catégories. J’en profite donc pour lancer un appel aux auteurs.

7. Quel(s) écrivains rêvez-vous de mettre dans votre catalogue on-line ?

Je voudrais pouvoir rassembler la plupart des écrivains que l’on croise en librairie traditionnelle afin que le site soit représentatif de l’édition.
Proposer des textes de C.Donner, JP Blondel, Anne Bragance, C.Duneton était un doux rêve il y a 1 an ! Il y en a évidemment plusieurs dont je serais fier d’avoir « en catalogue. Pour n’en citer que deux : Yann Moix avec une nouvelle de la même qualité que « Jubilation vers le ciel » et Philippe Djian. Soyons optimiste : quand il existera une version anglo-saxonne j’y verrais bien B.E Ellis... Cependant la consécration serait que l’on me confie des textes inédits de grands auteurs qui, hélas, ne sont plus de ce monde. Ahhhrrr arrêtez de me faire rêver...

8. "Henry-James Saniez", cela sonne comme un nom d’écrivain, vous écrivez vous-même ?

J’étais catastrophique en rédaction à l’école primaire. Ce serait donc amusant de voir mon nom sur la couverture d’un livre. J’ai participé à un concours de nouvelles il y a trois ans sur Wanadoo. Il y avait huit candidats récompensés sur plus de 200 textes. Je n’y figurais pas ! Ma carrière de romancier s’est arrêtée là ! Mais l’écriture est source de plaisir, ce n’est donc que partie remise !
Nous avons fait un partenariat avec le site « Le littéraire ». C’est un site qui propose notamment des critiques littéraires en ligne. Au passage trois nouvelles du site sont disponibles gratuitement sur « Le Littéraire ». J’y ai signé un papier sur le très bon livre de C.Curiol « Voix sans issue », c’est la seule ligne de mon CV sur le sujet !

9. Quel regard l’éditeur en ligne porte sur cette rentrée très houellebecquienne ?

Le site étant récent, je ne me considère pas comme un professionnel de l’édition (pour l’instant !). Je vous fais donc part de mon avis de lecteur. Michel Houellebecq est un auteur très talentueux. Je peux également le citer pour la question n°7. Je n’ai pas compris les critiques virulentes de « Plateforme ». Pour autant il y plus de 600 livres pour cette rentrée et on ne parle que du sien. Mais pouvait-il en être autrement ? Le paradoxe annuel est que bien que les rentrées soient toujours plus denses, nous retrouvons les mêmes auteurs « en tête de gondole » ! Il y pourtant de très bons livres qui mériteraient d’être connus par un large public. Mais il est impossible pour les lecteurs de se retrouver dans un tel dédale de publications. C’est d’ailleurs l’un des objectifs du site à terme : découvrir de nouveaux talents.

10. Le mot de la fin est pour vous cher Henry-James Saniez ?

Si vous avez été attentifs, il est écrit plus haut : « l’écriture est source de plaisir... » (Ahhrrr, il n’y en a que deux qui suivent !!!). Bientôt « Ecrivains en ligne » va évoluer et proposer une formule d’abonnement : en échange d’un forfait, l’internaute aura accès à toutes les Nouvelles du site. De plus, les abonnés pourront mettre en ligne leurs créations au sein d’une rubrique dédiée accessible gratuitement à tout internaute. Après sélection, les meilleurs textes seront placés dans le catalogue avec les écrivains confirmés et le même contrat d’édition. Alors, à vos plumes...

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