Bruno MAMAN

Bruno MAMAN

Deux albums au succès tiède au milieu des années 90 ont fait de Bruno Maman un artiste qui a mis 8 ans avant de retrouver la force d’enregistrer un nouvel opus. Sa parenthèse ne s’est pas fermée définitivement (heureusement pour nous). Pendant cette suspension solo nous avions reçu une carte postale électro soussignée Dark Boys mais c’est bien avec cet album éponyme qu’il revient prêcher dans les meilleures dispositions.

Juchant sa voix près d’un Christophe ou d’un Florent Pagny (inspiré) Bruno Maman est un artiste mis à nu, frappé de la foudre du doute. Comment remettre droite une carrière qui semblait nager dans l’oubli ? certainement en plongeant au plus profond de soi pour en extraire rageusement les coraux magnifiques qui pimentent l’existence. L’homme derrière la lumière est blessé et le raconte sans aucun narcissisme mais plutôt pour témoigner que personne n’est à l’abri du besoin d’aimer et de se faire aimer. Celui qui a décidé d’enregistrer cet album ne pouvait se cacher plus longtemps derrière une lumière fabriquée. Racontant sa paternité perturbée « Dans tes Yeux », ses amours désenchantés « Voilà Comment » et sa haute estime des fleurs de la passion trompées comme dans « Le Marchand de Fleurs » merveilleuse chanson où la mélodie emporte le bouquet de vainqueur.

Laissant de côté les machines, les ordinateurs, les réglages surproduits, les besoins de surcharger, cet album doit beaucoup à Alain Goraguer (arrangeur et chef d’orchestre de Boris Vian, Gainsbourg, Greco...) qui l’a obligé à rester simple tout en donnant tout ce qu’il avait emmagasiné de par son histoire, dans ses racines de rapatrié algérien. Mêlant tour à tour les genres et les couleurs entre pop symphonique sixties, saudade et rythmes sud-américains, prenant une guitare andalouse pour « On Marche Ensemble » et préférant la mobilité funèbre et la bossa triste à un énième album transparent. « Si c’est Dieu Qui Veut Ca » avec sa guitare électrique et son chant plaintif qui transperce l’horizon marque d’une empreinte indélébile un exilé ayant enfin (re)trouvé sa patrie.

L’espoir bercé par ce journal intime de 14 prières mérite un vrai coup de chapeau et un achat immédiat.

BRUNO MAMAN, Bruno MAMAN, AZ

BRUNO MAMAN, Bruno MAMAN, AZ