Le courage d’aimer... Lelouch !

Le courage d'aimer... Lelouch !

Cultivant un certain masochisme et mon amour/haine persistante envers le cinéaste Claude Lelouch, je suis allé voir au Cinéma de mon quartier son dernier film « Le courage d’aimer ». Trois autres personnes avaient eu la même idée que moi, bravant ainsi la canicule estivale pour se rendre dans une salle minuscule où le long métrage était encore à l’Affiche et vivait certainement ses dernières heures d’exploitation.
C’est alors que je me suis senti une âme de résistant de la bobine, boycottant la « Guerre des mondes » scientologues pour dépenser mes derniers euros afin de renflouer les caisses d’un monument du Cinéma hexagonal. Le pire dans tout cela, c’est que j’y ai pris du plaisir. Récit.

Avec Lelouch, on en a toujours pour son argent. On sait d’avance que l’on verra Arditi, sa fille Salomé, un bout de sa femme Alessandra, Cyrielle Claire dans un rôle de jolie figurante et une tonne de people venant faire coucou à leur ami chabadabadabada.

A la valeur moyenne de la célébrité de nos jours, le prix du ticket devrait même être doublé. « Le courage d’aimer » c’est comme un best of d’un an du Magazine « Voici ». Le bonus étant sans doute cette fois Olivier Mine en animateur des « Victoires de la Musique » et présentateur sur Europe 1.

« Le courage d’aimer » a tout pour déplaire, la patte de Claude y est insupportablement présente, il hante chaque plan et pousse même le vice jusqu’à être un acteur à part entière dans ce film-là, ce tome 2 de sa trilogie des parisiens. Le thème est « lelouchien », les acteurs sont « lelouchiens », les musiques sont « lelouchiennes » et le sujet global est « claudiste ».

Pourtant ce Cinéma dérangeant au prime abord est quoi qu’on dise parfaitement millimétré, écrit, mis en scène et savamment maîtrisé. Claude Lelouch l’obsessionnel de la bande et du son est un observateur né de son microcosme et en premier lieu de celui des comédiens et du show business français.
En effet, il faut du génie pour mettre aussi bien en scène et en voix Maïwenn en salope pleine de remords, Michel Leeb en ringard inculte et millionnaire de la Pizza souhaitant s’embourgeoiser comme un gentilhomme, Arielle Dombasle en comédienne nymphomane extravagante et Mathilde Seigner en Jumelles du peuple cherchant à aimer et à se bien marier.

Comme souvent, ce film est particulièrement bien dialogué, Massimo Ranieri y est formidable de justesse et d’émotion en chanteur de rue italien devenant vedette et n’oubliant jamais qui il est et d’où il vient. Remarquons vraiment la bande originale qui est de toute beauté, orchestrée par Francis Lai et les deux fabuleux musiciens que sont Didier Lockwood et Roland Romanelli.

« Le courage d’aimer » porte bien son titre, c’est un film courageux qui ne cède à aucune concession, c’est une oeuvre forte où Lelouch reste ce qu’il est, un faiseur d’histoires à la française en se faisant chevaucher plusieurs modes de narrations et en mettant la focale, avant tout, avec grand talent, sur le genre humain. Dans un paysage global où chaque artisan de la culture copie l’autre, Lelouch, l’intègre, mérite qu’on le défende et qu’on aille véritablement regarder ses films, au-delà des « à priori ».

Le Bonheur c’est mieux que la vie ! Oui, il faut du courage pour aimer Lelouch en ces temps baignés par la médiocrité ambiante et le triomphe du moyen. Bravo Claude.
Un film à voir.

Le site officiel du film