Paul Forvolino est chercheur dans la plus grosse boîte de médicaments du pays, il est spécialiste du Lichen : croisé du champignon et de l’algue. Paul est au bas de l’échelle : son uniforme : une blouse "verte". Alors que beaucoup de ses collègues, y compris les plus jeunes arrivés ont de l’ambiance et ont des blouses "jaunes", ou "rouges".

Le quotidien famillial de Paul est sinistre. Il est accaparé par son travail dont les résultats son médiocre, il voit à peine sa fille Zoé agée de 4 ans qui représente son père dans un cerceuil. Quant à sa relation avec sa femme, c’est le point mort, aucune sexualité, et avec ses amis le cas est le même, aucun dialogue, il ne le rencontre qu’en fin de repas au moment du café. Paul n’est plus trop bavard, il est usé par le temps.

Un soir, alors qu’il travaille péniblement sur le Lichen, il surprend une conversation entre le grand patron et son chef de service : il sera viré juste après la remise de son dernier rapport ! Mais un déclic survient ! Il va fausser la formule, rendre un rapport bidonné... durant l’experience, Paul se verse le Lichen sur sa main ! La tâche n’a pas l’air de vouloir partir.

Les jours passent et le corps de Paul prend soudain une autre allure : plus affiné, plus musclé, il est un dieu du sexe avec sa femme, il a un nouveau poste "blouse jaune", il est augmenté et bien vu du patron ! Il prend le temps avec sa famille, ses amis sont même surpris de le voir de plus en plus à l’heure au travail !

Mais un hic reste à résoudre : le Lichen se développe de plus en plus sur le corps de Paul ! Il porte des vêtements pour camoufler les dégâts.

Il est encore augmenté au sein de son entreprise, "blouse rose", et le Lichen ne s’arrête pas ! il évolue toujours, mais il ne contrôle plus rien !

Sa vie s’en voit encore une nouvelle fois boulversée ! Il est soudainement attiré par l’humidité : il s’enfuie la nuit pour s’adosser aux pelouses, des parcs, contre les arbres, et les murs humides. Le jour il s’occupe de sa famille, sa fille, et la nuit, il travaille, puis retourne à l’ambiance humide de la nuit.

Le Lichen a désormais recouvert tout son corps ! Un soir, il s’aperçoit que ce lichen lui a donné un pouvoir : il peut d’un geste de la main créer une zone de cette plante, pour étouffer et bloquer les différents dangers !
Alors qu’une centrale menace l’explosion imminente, Paul va empêcher le drame, et va se retrouver mis en avant !

Dans cet album, l’uniforme n’est pas synonyme de bonheur dans la vie courante, il est là pour habiller, et ne montre pas la réalité d’une vie parfaite. L’uniforme du superhéros n’est pas si facile que ça à assumer surtout pour sa vie privée, en dehors des actes héroïques, au moment où celui-ci s’occupe de nous, qui s’occupe donc de lui ?

Tel est le problème posé par cette histoire entre héroique et grande détresse. Le héros a un pouvoir mais ne peut le contrôler, ne peut le stopper, l’uniforme colle à la peau et ne peut se défaire, un peu comme les blouses, on a beau changer la couleur, l’homme dedans n’a pas forcement demandé à avoir une telle responsabilité.

Qu’il porte le masque d’une tortue Ninja ou de Spiderman, il préfère rester l’homme simple, sans rien, juste son travail, sa famille, ses amis, ne pas jouer les superhéros.

Ce drame social est mis en scène dans un dessin au trait gras et sombre dans ses ombres de Hugues Nicol, les couleurs de Ruby viennent appuyer le trait, pour obtenir des ambiances très contreversées, sombres, même dans le bonheur la lumière ne dure pas longtemps. Quand au scénario de l’histoire, la plume de Loo Hui-Phang vient décrire les caractères perdus, robotisés, de peur, de souffrance, la présence du lichen comme fil rouge de toute une tragédie héroïcque non assumé, voir même refoulée, et cachée. Un album complet sur la fatalité pouvoir qui vient boulverser le quotidien de toute une vie !

Si vous avez appréciés la scène où Peter Parker doute et abandonne le costume de Spidey (Spiderman 2 de Sam Raimi), ou alors la peur d’assumer, de perdre le contrôle du pouvoir reçu, dans l’impossibilité de guerir d’un pouvoir comme la Chose et les 4 Fantastiques (de Tim Story - sortie le 20 juillet en France, sinon en intégral chez Panini), ou choisir la fatalité et se soumettre à celui qui vous l’adonner comme pour le Surfer d’Argent ( édité chez Soleil), cet album vous plaira certaiment, et vous donnera une toute autre vision du super héros.

PRESTIGE DE L’UNIFORME - Hugues MICOL (dessin) et LOO HUI PHANG(scénario), RUBY (couleurs), collection "DOUBLE EXPRESSO" - Dupuis

Un ex-libris-Marque page est offert pour ne pas perdre la branche de lichen de l’histoire.