Thierry Jullien et Derensy causent Musique

Thierry Jullien et Derensy causent Musique

Thierry Jullien chante Thierry Jullien et c’est sacrément bien. Plutôt plus sérieux (dans sa musique) que Didier Super mais carrément moins tragique (dans ses réponses aux questions) que Vincent Delerm. Bon garçon et beau mec : Jullien avec deux « l » comme mademoiselle provoque, insiste, persiste pour sortir de l’ombre de formidables chansons éclairées. Méfiez vous de cet artiste, très bientôt il pourrait être connu. A écouter sans modération.

Tes musiques sont dignes d’intérêt et provoquent l’admiration : comment qualifierais-tu ton style ?

Avec des termes mélioratifs.

Les rythmes manouches de ton hérisson sont-ils dus à un long voyage à Sainte Marie de la mer ?

En fait, ils sont dus à une erreur de mixage : on voulait mettre un effet house-techno-musette sur les guitares, mais FX, mon ingé son, souffre de la maladie de Parkinson et il s’est planté de bouton. Je n’ai rien dit pour ne pas le vexer. Résultat, j’ai dû changer les paroles de la chanson : à l’origine, c’était un chant religieux en hommage à Benoît XVI.

D’où sortent tes influences ?

Du "Livre de cuisine" de Jules Gouffé (1867).

Plutôt chanson française le matin dans ta douche, plutôt tube américains le soir avant de te coucher ou aucune musique chez toi pour éviter de copier ?

J’écoute Eddy Mitchell en me levant (5h15-5h23). Pendant ma douche (5h23-6h30), je chante le Cantique des cantiques de Francisco Guerrero. Ensuite je prends mon petit déjeuner (de l’eau tiède et des œufs crus) en mettant Nino Ferrer (6h30-22h15). De 22h15 à 22h38 je me brosse les dents sur du Gotainer. Après, j’enchaîne Gainsbourg, Brassens, Nougaro, Charlebois, Dutronc, Higelin, Patrick Font et les Beatles jusqu’à 22h40.

Enfin, je me mets au travail : je fais des chansons jusqu’à 4h57 en écoutant Henri Dès, puis je vais me coucher, et là j’écoute rien, pour pas être influencé.

Pourquoi avoir voulu chanter, comment cette idée saugrenue t’est tombée dessus ?

J’étais DRH à l’Education Nationale, je m’amusais bien à déplier des trombones, à les replier, à les redéplier, à les replier, etc., jusqu’à ce qu’ils cassent... Après je me suis dit qu’il fallait que je fasse un métier sérieux.

Est-ce que l’humour et la chanson font bon ménage ?

Bien sûr, il n’y a qu’à écouter Patrick Fiori ou Benjamin Biolay pour s’en convaincre.

Derrière les blagues de potaches de la pochette intérieure, voulais-tu sérieusement évoquer la précarité de ce métier ?

J’évoquais ma vision idéale de la musique : celle du baron Ernest-Antoine Seillière de Laborde ou des frères Sarkozy en l’occurrence. Franchement, par exemple, pourquoi payer un bassiste autant qu’un guitariste alors qu’il joue beaucoup moins de notes ? Il a des cordes plus grosses, elles s’usent moins vite... Et puis il n’en a que quatre. Faut pas déconner, il a nettement moins de frais. Et puis, délocaliser les solos de batterie en Malaisie arrange tout le monde : ça ne me coûte presque rien et les petits enfants malaisiens peuvent se payer deux menus Best of chez Mac Donald avec un seul cachet !

Vas-tu gagner ta bataille contre le peer to peer ?

J’espère bien ! Je travaille activement à la faillite future d’eMule et de Kazaa en mettant la plupart de mes chansons en téléchargement libre sur mon site. Je compte bien les niquer.

N’as-tu pas peur que tes merveilleuses chansons comme « La femme de personne » ou « Anne » soient diluées par trop d’effet de manche comique ?

Libre à chacun de retenir « L’ami Caouette » plutôt que « Mélodie Nelson » dans l’œuvre de Gainsbourg, « Le téléfon » plutôt que « La maison près de la fontaine » chez Nino Ferrer, ou encore, chez Carlos, « Papayou » plutôt que... ah non, ça marche pas.

Tu as toujours eu ce besoin de provoquer pour exister ?

Oui, dès ma naissance en fait : juste après l’accouchement, je me suis tourné vers ma mère d’un air indifférent, j’ai allumé une clope et je lui ai dit : « Alors... Heureuse ? »

Qu’est-ce qu’une femme bien ?

Une femme mi-pute, mi-soumise. Ou le contraire, je suis tolérant.

L’amour pour toi ne rime à rien ?

Bah si, qu’est-ce que tu crois, tu penses peut-être que c’est moi qui fais la vaisselle ?

Sur ton album, tu nous offres une chanson humanitaire qui désacralise l’acte philanthropique des artistes, penses-tu pouvoir un jour aller jouer aux Restos du Cœur ?

Plutôt au Fouquet’s ou chez Bocuse. Je sais manger moi, bordel.

Serais-tu plutôt avant qu’après ?

Pendant.

Comment as-tu fait pour avoir l’aide de Chantal Goya, John Lennon ou du petit Grégory sur ton album ?

Ben, je suis allé les voir.

Sérieusement est-ce difficile d’avoir Marcel Amont et Guy Carlier comme copains ?

Au début elle est froide, mais après elle est bonne.

Si je te propose de faire la star-academy 5, tu prends qui (de connu) pour faire les cobayes dans le château avec toi ?

Virginie Ledoyen, Adriana Karambeu, Justine Miso, Marie Gillain, Angelina Jolie, Monica Bellucci, Louison avec un zeste de citron, Laetitia Casta, Peau D’âne, une manucure et la mère d’Abraham Kadabra.

Qu’est-ce qu’il te manque pour devenir célèbre ?

Je suis le fils de Pascal Nègre, mais je refuse le statut de fils à papa. Alors je me suis juré d’être signé chez Sony. J’attends qu’ils m’appellent.

A qui peux-tu envoyer des "merci" pour t’avoir aidé dans la profession ?

A personne ! Les gens avec qui je travaille essayent tous de me faire échouer et veulent que j’abandonne le métier. Je ne suis entouré que de jaloux qui tirent la couverture à eux et qui n’en veulent qu’à mon argent. Mais je suis un prédateur, ils ne peuvent rien contre moi. En fait, ils me font pitié. Moi, je me suis fait tout seul, à la force du poignet, et j’en suis fier, même si j’en conserve depuis une légère défaillance auditive.

Comment fais-tu pour vendre ton album à un prix si modique ?

C’est très simple, je vends à perte. Je fais ça pour casser le marché, c’est très efficace.

Peux-tu me livrer le discours que tu donneras lorsque tu auras ta Victoire de la musique ?

On fait des discours pour les hommages posthumes ?

Comment s’appellent les pistes cachées qui sont notées sur le disque ?

Bah, elles sont notées sur le disque justement, tu sais pas lire ? C’est « Humanity song » et « Lisette ». J’ai choisi de sacrifier à la mode des pistes cachées parce que ça fait hyper original, y’a pas plus d’un disque sur deux qui en a. Mais bon, je trouve que c’est galère pour les trouver, alors je les ai indexées. Je suis un malin.

Plutôt Sttella ou Renaud ?

Qui c’est Renaud ?

Quel est le truc à la piscine pour rentrer dans son maillot de bain sans être ridicule ?

Là, j’ai un bon truc pour toi, vu ton physique : le mieux, c’est de te rendre à la PMNVS (Piscine Municipale pour Non-Voyants de Steenwerck). Mais lave-toi avant, ils ont l’odorat très développé.

Où pourrons-nous bientôt te voir pour t’applaudir ?

Le 9 septembre 2005 à l’Abracadabar, 123 avenue Jean Jaurès, 75019 Paris, à 20h30. C’est gratuit, que demande le peuple ? Sinon, je compte sur toi pour me trouver des dates du côté de chez toi, il paraît que le public du Nord de la France est constitué de fins mélomanes à l’éducation irréprochable qui ne boivent que de l’eau minérale. Ça me changera des bourrins de Paris.

THIERRY JULIEN, Thierry Jullien, Autoproduction

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