Interview : le chanteur Thierry Jullien

Interview : le chanteur Thierry Jullien

Thierry Jullien est le nouveau héros moderne que le monde de la Musique attendait pour se réveiller d’une longue léthargie faite de mièvrerie, de copinage intempestif, de médiocrité et d’ennui en tube. Ce jeune trentenaire inventif, original mérite bien de faire la Une du Journal Le Mague tant son talent, sa pertinence et son originalité valent le détour et s’écoutent en boucle comme ses chansons formidables.
Thierry Jullien c’est une "Fête de la musique" à lui tout seul, un poète urbain, un tendre, un moqueur gentil. On manque de qualificatifs et superlatifs pour écrire ce chapeau, alors il ne vous reste plus qu’à vous précipiter sur son interview exclusive et un rien cynique !

1. Bonjour Thierry Jullien, sois le bienvenu sur Le Mague. Depuis que j’ai découvert ton travail, j’écoute en boucle certains de tes titres et j’en parle à tout le monde. Il doit y avoir un vrai problème dans les médias puisque malgré ton génie communicatif, tu autoproduis tes disques, tu es encore quasiment inconnu... tout cela malgré un talent et une énergie qui ne font aucun doute...

C’est faux, je suis une immense Star au Japon et en Mongolie inférieure. L’Asie est beaucoup plus à l’écoute des jeunes talents autoproduits que notre vieux pays embourbé dans ses habitudes molles et frileuses. La preuve, la victoire du NON au référendum. J’ai de la chance, en fait, car le marché du disque est beaucoup plus vaste là-bas qu’ici. Mais ça me demande pas mal de travail, vu que je fais chaque CD moi-même ; je compte bientôt me délocaliser en Chine pour faire imprimer et coller mes jaquettes par des petits enfants. J’aime les enfants.

2. Tu t’autoproclames "Le Florent Pagny de la scène indépendante", est-ce à dire que tu rêves que Gérard Louvin te découvre, que tu vas faire n’importe quoi, baiser avec Vanessa Paradis et chanter du lyrique avec une barbichette ridicule d’ici quelques années lorsque tu seras pété de tunes...

En fait, j’ai été découvert par Vanessa Paradis en 1982 et j’ai couché avec Gérard Louvin peu de temps après. Mais il ne faut pas le répéter car j’étais mineur à l’époque, je compte sur votre discrétion (vous n’avez qu’à flouter son nom). Cela dit, il était très doux. Il fait plus grand en vrai qu’à la télé, mais il a une cicatrice sur le ventre qui me dégoûte un peu et il sent fort du nez.
Et puis je t’interdis de dire que Florent Pagny a une barbichette ridicule : c’est un bouc. Et si je m’identifie à lui, c’est que je revendique son côté rebelle et authentique : comme lui, je n’ai pas payé mes impôts pour autoproduire mon disque. Enfin... je les ai payés, mais en retard, avec 10% de majoration. Je les ai bien niqués, les gens du trésor public !

3. Sur ton site il y a un vibrant hommage à Bertrand Cantat dans une vidéo à pisser de rire. Est-ce que ton humour décalé est mieux compris par ta famille (je pense à ton père Ejacula Précoce) que par les fans énamourés et analphabètes de Bertrand ?

Je n’ai pas connu mon père, mon père était plusieurs. J’ai été adopté par Dark Vador, et à vrai dire, il a assez mal pris ma vidéo hommage. Il trouve que c’est de mauvais goût. Mais bon, hein, on n’est pas de la même génération... forcément, je suis moins consensuel que lui. Quant à ma mère, elle est sourde et aveugle. Donc, ma vidéo... elle s’en tamponne un peu.

4. Tes chansons sont d’une rare poésie, je pense notamment à une de mes préférées " La femme de personne" qui est une des plus belles déclarations d’amour que j’aie jamais entendue. Malgré tes gaudrioles et tes provocations parfois un peu potache, on peut dire que tu écris vachement bien et que tu es même un fin lettré qui cite ce cher poète du 16 ème qu’est Clément Marot...

Oui, le 16ème est un arrondissement que j’aime particulièrement parce qu’il est très populaire, assez France d’en bas, très artiste... Marot, je l’ai découvert par hasard dans Google. J’ai fait une faute de frappe et du coup j’ai lu tous ses poèmes en pensant qu’il s’agissait de la règle du jeu de Tarot. Je ne comprenais pas le rapport avec les cartes, mais quand j’ai réalisé mon erreur, je me suis dit que je pourrais le citer sur mon disque pour récupérer le public de Vincent Delerm.

5. Si tu avais un empire, qu’en ferais-tu ?

Je l’échangerais contre deux chevaux, parce que c’est quand même autre chose qu’un royaume.

6. Tu as fait appel à une super graphiste pour ta pochette et le design de ton site pro, allez profites-en, fais un peu de pub à cette "jeune fille bien", très douée...

Elle s’appelle Lovely Goretta. Avant que je la sollicite, elle vivotait grâce à son blog dans l’anonymat le plus complet et une pauvreté extrême. Depuis qu’elle a fait ma pochette, elle a signé chez Albin Michel et est quasi milliardaire, autant dire qu’elle me doit tout. Olivier Vincent, qui est aussi mon batteur et qui sait tout faire, a animé ses dessins pour mon site pro. J’interdis formellement à tous ceux qui ne sont pas pros d’aller le voir.

7. Tes chansons sont finalement toujours très engagées mais grâce à l’humour et à des trouvailles très subtiles (voir la chanson "Humanity Song") tu vas plus loin et tu nous amènes dans le festif plutôt que dans la dénonciation et l’activisme...

Oui, c’est parce que je suis très intelligent.

8. Quels sont tes modèles dans le milieu artistique, les non-corrompus qui méritent encore l’appelation d’artistes loin d’un univers sale ?

Florent Pagny, évidemment, Jenifer et Patrick Topaloff.

9. Pascal Nègre ou Pascal Légitimus ?

Pascal Blaise, parce que j’aime pas les Nègre.

10. Par quoi désires-tu terminer cet entretien cher Thierry Jullien ?

Eh bien, par mon cachet pour le temps passé avec toi, bien entendu. Ça fera 200 Euros.

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Le site internet officiel de Thierry Jullien

Le site professionnel de Thierry Jullien