London Calling

London Calling

Je ne devrais pas me faire mal. Pourtant tout nécessiterait un plan de recul. En me laissant vigilant. La pochette merveilleuse, un instant volé où la guitare va se fracasser au sol, le nom du groupe en tout petit sur fond blanc d’armistice, et le titre en rose et vert qui se chevauche comme un acte sexuel. Telle une vocifération crémeuse au secours. Tout retentit en surmultiplié sur mon agenda. Raconter l’histoire par la bande. En traître.

Mon système auditif fuie sur une publicité de grande surface. Lost in The Supermarket. Je suis ridicule et tout le monde s’en rend compte. Le vigil m’ordonne de stopper définitivement ces trémolos. Mais je ne peux immobiliser la roue qui tourne. Alors j’écoute à m’en faire saigner les oreilles le fameux « London Calling » des Clash.

Certains souvenirs sont meilleurs dans le carton à chaussure, celui qui renferme mon cimetière des groupes mythiques, qui dans le fond secret que j’ai crée encore en dessous de la pile de CD recèle mes passions qui s’accumulent sur la femme parfaite. Elle est là, comme eux, entreposée au fond d’un placard, dans un lieu inconnu du commun des artistes, totalement abstrait à ma vie de famille. L’aventure interne des êtres de chairs et de sang dans la trentaine inoffensive se révèlent être de sacrées furibards exaltés pour les fantômes en jupe et jupons. La révolution ne sera pas romantique et déraisonnable. Nous coulons lentement hors du verre qui contient la justice et l’ordre moral. Comme la bonne musique expulsé de la variété arasé. Seulement aimer c’est comme fumer : Il ne faut jamais l’arrêter par un barrage de sentiments, par un délit d’excès.

Je sais en acceptant le rendez-vous que le mur de béton érigé fièrement va rompre au premier de ses pas dans ma direction. Celui qui est dans mon cas, connais ma situation... J’engage la partie à mes risques et périls. L’amour aussi s’apparente à une mélodie.

Elle est frivole, amène des sentiments cachés par des tonnes de non-dits. Elle fait resurgir, tel un phénix des épiphénomènes d’instants heureux. Je n’assume pas du tout. Mes cotas sont à peine entamés. Je suis un punk malheureux qui regarde les yeux d’une blonde. Une grande tige souriante tel une Fender hurlante au fond de mon cœur. Totalement over-control mais c’est ce qui me plait foutrement.

Qui a dis quoi depuis quelques mois ? Qui a dis quoi depuis quelques blessures assassines ? Qui a reçu des coups et des coupures qu’il regarde fièrement en oubliant de les effacer pour mieux lever le pain de sa pitance. En pustules honorifiques. Qui a dit qu’il ne l’écouterait plus, qu’il ne la verrait plus, qu’il prendrait ses précautions et mettrait au banc d’assise l’ingérence de ses émotions. Tout était conclue sur une note amère, mais l’entiché renvoyé avait refoulé de sa mémoire le cri de colère qui frémit ces paroles : « Death of Glory becomes just another Story ». Et l’espoir renaît. La fulgurance des paroles limite l’idée de fin. Repousse les murs, les détruits. Une camisole se coupe aux dents des fous.

Elle sourit, moi également. Tout ce qui est amers devient doux. Le soleil brille et c’est assez rare pour être souligné. Je crois pouvoir la rendre heureuse comme une bombe espagnole sur Guernica. Je suis là ne t’inquiète plus du reste. Ma vie en legs au dessus du ciel, ma satané existence qui vaut tripette face à ses fesses. Mais je pourrais aussi lui réclamer un bébé, une maison, un toit, un chien, des cordes de marshmallow autour d’une mandoline en chocolat. Je ne suis pas victime, ni innocent. J’ai abusé d’elle et elle de moi.

Déminéraliser ses abîmes, les mauvaises dents logiques qu’elle m’impute. Ses aphtes purulents qui sont la faute à mes propres démons. Je souffre de la savoir au Prozac à son âge. Putain, j’aurais des couilles je lui offrirais la discographie complète des Clash pour expliquer mes sensations invraisemblables. Elle me manque. Me manquait et je ne le voulait plus. Pourtant c’est elle et je n’y peux rien. Phéromones à tue du cœurs ? J’ai son germe en moi. Une relation sur le long terme et je suis heureux pour le restant de mes jours. J’aurais du lui offrir 11 roses rouges. La symbolique et tout le tremblement. C’aurait été juste et j’en serais sortis plus fier de moi-même. J’ai seulement pissé le sang comme un pitoyable noyé. On ne se sauvera pas de cette manière. Nous sommes dans la merde et nous cherchons un avenir. Chacun de notre coté trop fier pour exister ensemble.

Le rock n’est pas un garçon sensible. Il se tient droit et fier. Il porte un revolver à la taille. L’exhibe. Je suis voûté. En colère car je ne possèdes pas les coordonnées qui me permettraient de savoir sous quel nuage se trouve son asile.

Je vais devoir me saborder par fidélité envers l’éthique. Comme Joe Strummer. Paix à nos âmes.