Victor Hugo, cet homme au parcours d’exception, au destin historique a, c’est vrai, été presque balayé par le succès de ses romans et pièces. Pourtant il y a beaucoup à dire et à montrer sur l’Homme et l’Ecrivain, sans compromis ni tiédeur. C’est chose faite avec cette pièce rare et préciseuse. Entre la figure légendaire des siècles et le portrait d’un homme comme les autres qui nous ressemble, un mari, un cocu, un amant gouverné par ses pulsions et ses émotions. Un homme de passions, d’écriture, un épicurien amoureux de la vie et des femmes, un individu admiré ou banni et à qui la France fera des funérailles nationales.
Ce que fait, dit et défend sur scène la comédien/chanteur est, en tous points, admirable. Il faut voir de quelle manière Berliner habite la salle Popesco de cette énergie référentielle hugolienne tonitruante, rigolarde, moderne et tout azimut ! Interprétation sans faille, mordant, ironie, distanciation, humour, justesse dans la retranscription du texte, de la verve et du charisme de l’Auteur, tout y est !
« Mon alter Hugo » a tout pour plaire car tout est composé avec délicatesse, respect et tact. Berliner se met au service de grand HUGO et ne le trahit pas, il ne le singe pas non plus. Il fait là un travail de mémoire enlevé, spirituel, fédérateur, didactique jamais ennuyeux qui impressionne par sa maîtrise de l’art scénique. Spectacle complet lorsque Berliner pousse la chansonnette en hommage à l’ami Hugo, l’émotion est à son comble. On se sent les témoins privilégiés d’un instant magique et hors du temps.
N’oublions pas le texte, canevas de ce voyage entre ici et une œuvre foisonnante dont on pourrait aujourd’hui encore tirer bien des enseignements :
« Quelles sont les causes de cette effroyable misère, les longues agitations politiques, les lacunes de la prévoyance sociale, l’imperfection des lois, les faux systèmes, la faute des hommes, la force des choses. (...) Il faut détruire le faux socialisme par le vrai, moi je ne suis pas de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde, la souffrance est une loi divine, mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère. »
Gérard Berliner, en passeur digne de l’œuvre et de la personne d’Hugo a réussi un pari audacieux et ambitieux. Son spectacle théâtral mis en musique avec Thierry Sforza et Roland Romanelli est une œuvre forte, à part entière. Pour ce moment littéraire musical et poétique de tout premier plan, merci Gérard Berliner.
Le site officiel de Gérard Berliner
