Les Amitiés lapidaires

Les Amitiés lapidaires

« Les infernales » est un livre passerelle entre l’amour des lettres classiques et un conte amoral moderne, une histoire de filles qui deviendront Femmes et que l’on suit toute une existence durant, avec une focale unique, à la fois proche et distanciée sans aucune forme de compromission ni avec le style ni avec une quelconque facilité de traitement.

Il n’y a pas dans ce livre de désir de plaire ou de séduire en utilisant les armes et usages habituels. Stéphanie Hochet tisse une toile « diabolique » dans le sens le plus psychologique du terme, met en scène avec tact et efficacité les manigances et jeux de pouvoir d’un duo de personnalités complémentaires sans juger, ni trahir la réalité de ses personnages. Nous assistons à des drames plausibles du quotidien.

Portrait/miroir sans état d’âme, sans pathos ni vulgarité d’une génération en mal de reconnaissance, cherchant simplement un peu d’amour pour aller aux bouts de ses rêves artistiques, ses envies plurielles de femmes.
« Les infernales » est une saga sensitive où l’émotion n’est jamais loin, un roman vif et enlevé sans condescendance ni amertume ou encore fausse provocation.

Dans le rythme particulier imaginé par son auteur, une série d’assertions rapides mises en paragraphes millimétrés et avec un usage judicieux de la parenthèse, l’auteur nous entraîne dans un roman quasiment interactif où l’écrivain s’amuse avec la tension dramatique et ses tenants et aboutissants. Nous sommes captés par cette histoire singulière narrée dans une sobriété pleine d’audaces et un champ référentiel large, précis et respectueux de la langue et des passés immémoriaux. Admiration délirante, amitié fidèle, jalousie, le théâtre des petits joies ou des cruautés ordinaires joue à cache-cache entre le plausible et l’imagination, l’écriture romanesque est un langage.

Voici donc l’itinéraire de deux filles gâtées, à des synchronies et diachronies diverses. Deux tempéraments, deux parcours, deux sensibilités qui s’interpénètrent aux hasards des événements, des bonheurs et coups du destin. Un lien qui se déchire mais qui jamais ne se rompt.
« Les infernales » est un roman riche qui a un ton, un style, un personnalité rares et qui se comprend à plusieurs niveaux de lecture dont l’une se déroule sous le patronage digne et bienveillant de Barbey D’Aurevilly et Clouzot.
Jessica et Camille se suivent, se toisent, s’envisagent, s’éprouvent, se quittent se retrouvent. L’une est une enfant prodige, fille Tignard, l’autre plus lente et moins voyante attend son heure pour devenir un jour un écrivain à succès.

Entre minauderies piquantes et désillusions, entre joie de l’enfance et vieillissements jaunâtres et prématurés, Jessica Pignard et Camille Mouche nous offrent un spectacle doux amer, pertinent et impertinent nous donnant rendez-vous avec nous-même, à travers le regard acéré d’un écrivain ayant une une haute idée de la Littérature.
Au royaume des impostures littéraires vous ne trouverez pas le nom de Stéphanie Hochet. A lire au moins une fois avant une autre relecture et beaucoup d’autres ensuite.

Entretien exclusif avec l’auteur

Lire la critique de l’écrivain Carole Zalberg

"Les infernales", Stéphanie Hochet, Roman, Stock (2005), 140 pages

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