Mater Evelyne Thomas, c’est mon choix !

Mater Evelyne Thomas, c'est mon choix !

Hier, je m’installais confortablement devant la télé pour digérer complètement un réveillon trop arrosé. J’avais à faire un choix cornélien : « La grande Evasion » ou « C’est mon Choix » en prime-time. J’ai longtemps mûri la direction à prendre pour mon ulcère à l’estomac. Le laisser tranquille pour un soir et visionner un bon vieux film que j’adorais gosse, ado et adulte, film rodé et raboté par de multiples re-re diffusions, ou alors entretenir ma mort par la maison Delarue et sa muse : Evelyne Thomas.

Tout est poésie dans « C’est mon choix ». Sympathique. Humain. Le sujet de l’émission promet beaucoup : « Rêve ou Réalité, nos invités etc.. Vous n’êtes pas au bout de vos surprises » et dès les premières images on nous prévient qu’il va s’en passer des belles et des terrifiantes. Une émission tragique. Evelyne glisse, Evelyne tousse, prend la porte dans la tronche et s’effondre. Tout ça en cinq secondes pour attirer le peuple. Une sorte de teaser. Magie du montage oblige, le premier couple se pointe et un petit encadré en bas de l’écran déclare « regardez bien, elle va tomber » et crac, la botte droite de Vivine se sabote et elle chute. Sobrement. Généreusement. Populaire jusque dans l’écrasement de soi.

Moi je reluque la cascade en matant les seins de Madame Thomas. Y a du monde au balcon. Pour faire plus vrai, la grande Thomas s’est sapée en grande classe et ses invités avec. C’est le 1er de l’an bordel de merde, même si l’émission a été enregistrée il y a belle lurette.

Evelyne tout de cuir noir vêtue, maîtresse de mes fantasmes sourit, enchante, émerveille mon cortex cérébral. Je t’aime Evelyne, avec ta bouille rondouillarde tu ressembles à toute-un-chacune que je croise dans la rue. C’est sûrement pour ça que tu es là. Tu la portes bien ta mine ordinaire.

Si j’osais une comparaison, elle ressemble à ta femme. A la mère de nos enfants. J’me dis que je pourrais la baiser facile. Que je pourrais la croiser, en vendant mes aspirateurs, dans une rampe d’escalier. Elle effraie personne cette personne. Pas de babiole rutilante accrochée au poignet pour se faire jalouser de la ménagère. Une bonne copine au contraire.

Un consensus physique. Et l’esprit idem. La blague facile, la moue légère. Le coussin péteur au creux du bras. Sans oublier ses invités. Ils sont au cordeau avec sa personne. Costumes de chez Tati. Robes artisanales et pleurs sur commande. Tous des bons bougres. La France profonde. Celle d’en Bas.

J’ai complètement oublié Steve MacQueen. Je m’identifie à Jacques de Romainville et prend partie pour Sonia qui ne veut pas de sapes de rappeur pour sa fille. J’adore. Je kif. Tout est faux mais ils font tellement d’efforts pour que cela semble naturel et vrai que je leur tire mon pauvre chapeau et rebois un verre de coca dans sa bouteille 1,5 litre.

Et soudain j’ai l’illumination. Je zieute à nouveau le titre qui s’éternise sur le haut de l’écran et je comprends : Entre rêve et réalité vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Ma foi autant de pépin sur la pauvre présentatrice en si peu de temps… soit elle se prépare une mauvaise année 2003, soit il y a anguille sous roche. C’est un vivier ! Sont très fins chez Reservoir-Prod, ils nous ont eu. Pas moi. Vous. Ceux qui ont cru que la grande salope était envoûtée par un collègue pressé de lui prendre sa place. Mais non. Pas du tout ! Ils jouent la comédie. Tiens je reconnais le prochain invité pour faire partie de la ligue d’improvisation. Et le suivant. Je me « remember » le second, il avait la tronche du figurant dans Asterix à New-York. Ils veulent tellement faire authentique qu’ils en deviennent trop faux. Le principe est identique au film 6ème sens avec Bruce Willis, quand on connaît la solution on mastique plus le truc de la même manière.

Ils ont préparé une surprise à Evelyne pour la dernière ligne droite, ils écrivent « des comédiens remplacent les invités on va faire une blague à To-To ». Ils avouent ! depuis le début ils participent à notre endormissement programmé. Comme Dechavane pour la 100ème de Ciel mon Mardi. Même encore bourré des festivités j’ai gardé la pertinence dans mes jugements. Et bing : elle écrase une larme en voyant toute son équipe devant elle en pyramide magique.

« Je viens de comprendre » elle déclame. « C’est une blague, je m’en doutais (elle aussi) c’est pour montrer qu’à C’est mon Choix on ne triche pas, que tout est vrai et qu’on aime les gens ».

Je croyais pas vivre un truc pareil.

J’attends confirmation sur mes déductions. Le générique de fin se déroule et j’imagine qu’elle va surgir à la toute dernière seconde, quand tu te prépares à aller vider ta vessie remplie de cochonnerie, qu’enfin telle une pythie elle va déballer l’oracle, te prévenir que tout est truqué, pas seulement la séquence finale, que depuis la première minute tous les comédiens défilant sur les planches du plateau pointent à l’ANPE du spectacle, que Lydie n’a pas l’intention d’épouser Franck à 15 ans, que c’est une bonne blague franchouillarde, du mauvais goût assumé sur toute la ligne.

Avec ses grandes bottes, Evelyne Thomas veut te faire comprendre qu’elle peut manier le god aussi bien que toi. T’enculer. Toi, le critique télé !

Finalement, je sais pas s’ils ont oublié de mettre l’aveu, s’ils étaient ric rac sur le programme du Soir 3, ou si le final-cut appartient à Jean-Luc Delarue occupé sur une autre chaîne à la même heure, n’empêche que c’est la pub qui est venu enterrer mes suspicions.

J’ai finalement décidé de finir ma nuit avec Columbo. Ca sonne plus vrai.

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